Les jeux sont faits

[Hans Kieffer]

Le temps s'est arrêté depuis longtemps sur New York. La nuit éternelle a donné le monde aux vampires et le casino, autrefois occupé par les humains, n'est pratiquement plus fréquenté que par les créatures nocturnes. Les rares mortels qui s'y trouvaient étaient soit aux côtés de vampires, soit derrière le comptoir ou aux places de croupiers. C'était ainsi maintenant : les hommes servaient, les vampires disposaient.

A l'une des tables de poker, une créature des ténèbres se distinguait des autres. Quand la plupart de ses congénères appréciaient s'habiller de noir, lui était tout de blanc vêtu. Ses longs cheveux blonds tombaient négligemment dans son dos tandis qu'une moue affectée plissait son minois angélique. Hans venait de perdre 10000 dollars en dix minutes. Ce n'était pas que l'argent lui importait mais le blond vampire n'aimait pas perdre et surtout pas à un jeu auquel il excellait. Ses pouvoirs particuliers l'aidaient bien d'habitude : une oeillade langoureuse à son adversaire, une plaisanterie, c'était d'une facilité déconcertante de gagner en déconcentrant tout le monde autour de lui. Mais à présent, le vampire taciturne et revêche assis face à lui ne semblait pas sensible à ses charmes.

Hans, boudeur, se leva après avoir encore perdu 2000 dollars. Ce n'était plus amusant.

Son regard balaya la salle, à la recherche d'un nouveau jeu. Quel ennui! Le vampire esquissa un bâillement et commença à se diriger vers la sortie. Depuis la venue de la nuit éternelle, l'existence lui paraissait monotone. Peu favorable à l'asservissement des humains, il voyait leur esclavage comme une honte. Les vampires avaient pris le pouvoir, certes, mais ce qu'il faisaient du monde était une aberration. Hans en avait parfois a nausée, lui qui rechignait à mordre les humains et quand il le faisait, ne les emmenait jamais jusqu'à la mort. Il se nourrissait pour survivre alors que beaucoup de vampires, à présent, se livraient à un véritable carnage juste pour le plaisir. Dans cette ville, les massacres étaient moins présents, sans doute grâce à la politique particulière de ses dirigeants mais les humains préféraient se terrer chez eux plutôt que de sortir s'amuser.
Il haussa un sourcil réprobateur quand il vit un vampire assis à la table de Black Jack gifler le jeune croupier derrière la table de jeu parce qu'il venait de perdre. Tous des barbares!

Un peu nauséeux soudain, il décida de quitter l'endroit pour prendre l'air.
Une fois dehors, il s'adossa contre un mur et ferma les yeux quelques instants. L'air sentait le soufre et la cendre. L'atmosphère toute entière semblait puer la mort.
Un vampire passa près de lui, tirant derrière lui un humain qui n'en menait pas large. Celui ci jeta un regard vide en direction de Hans qui le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'angle de la rue. Pauvre gosse...

[Morgan d'Albertas]

Le goût âcre et métallique du sang emplissait sa gorge, lui donnant la vie de la pauvre créature qui perdait la sienne entre ses bras. Au bout de quelques secondes, Morgan, repu, lâcha négligemment son repas qui qu'affaissa mollement sur l'asphalte.
Le vampire passa une langue gourmande sur ses lèvres encore carmines et se détourna du cadavre du jeune homme qui à présent n'avait plus aucun intérêt à ses yeux.
Il réajusta le col de son long manteau de cuir sombre et laissa dériver son regard clair sur la rue déserte et sombre qui avait été le théâtre de son repas. Pas un chat. Les humains désertaient la ville, se terrant chez eux et ne sortant que par nécessité absolue. Il chassait rarement mais il n'avait pas vraiment le moral depuis quelques temps et cela luiavait permis d'oublier pendant quelques minutes.

Morgan déambulait à présent sans se presser. Repus, il profitait du calme qui l'entourait. Ceux qu'il croisait étaient pour la plupart des vampires tout comme lui et ceux ci le saluaient avec respect, avec flagornerie même. Morgan les méprisait, ces buveurs de sang de seconde zone, sans aucune envergure. Ils avaient peur de lui et ne le flattaient que pour s'assurer qu'ils ne seraient tout simplement pas occis sans aucune forme de procès. En effet, Morgan n'aimait guère son prochain et tout ce qui l'importunait ou l'ennuyait était éliminé froidement. Morgan tuait sans était d'âme. Vampires, humains, il ne faisait pas de sentiments, sauf à de rares occasions.

Une femme traversa la rue à quelques pas de lui, ses bras serrés contre sa poitrine, cachant un nouveau né dans les plis de son manteau. Morgan fut tenté un instant de les attaquer, juste pour faire taire ses démons intérieurs, juste pour entendre le bruit délectable des cris de souffrance de la mère quand il broierait la nuque de l'enfant avant de la saigner à mort. Mais il la laissa rentrer chez elle, trop repus pour passer de nouveau à table. Ce serait pour une prochaine fois.

Ses pas l'avaient mené jusqu'au casino. La façade lumineuse clignotait tandis que les clients entraient et sortaient, plus ou mois ravis, selon ce qu'ils avaient gagné à l'intérieur.
Morgan s'apprêtait à continuer sa route quand une tâche de clarté au milieu de la pénombre le fit s'arrêter net. Ses yeux s'écarquillèrent, ses narines se dilatèrent et sa poitrine se rétracta à lui en faire mal. Hans. Ça ne pouvait être lui. Il le croyait loin d'ici, hors d'atteinte. Et pourtant il n'y avait aucun doute, c'était bien lui. Aussitôt, les deux derniers siècles lui revinrent en mémoire. La première fois qu'il l'avait vu, son désir irrépressible, Hans qui n'avait pas voulu de lui, leur duel, sa blessure, puis la chasse qu'il avait entreprise à travers le monde jusqu'à cette nuit inoubliable dans cet hopital où il l'avait enfin fait sien.. Et aujourd'hui il l'avait de nouveau retrouvé.
Cela faisait près de deux ans qu'il ne l'avait vu et pourtant la violence des émotions qui le submergea en le revoyant témoignait de qu'elles étaient intacts. La haine et la passion prirent possession de son âme en quelques secondes tandis qu'il dévorait des yeux la silhouette longiligne, les yeux azur et les cheveux blonds du vampire.
Immobile comme une pierre, il n'osait cependant faire un pas, ne sachant que dire et quoi faire. Hans le détestait de toute son âme alors comment l'approcher, comment attirer son attention? Une fois de plus il 'navait qu'une envie en le revoyant : le posséder ou l'anéantir.

[Hans Kieffer]

L'air était froid, le quasi silence apaisant mais Hans n'arrivait pas à faire passer la nausée qui lui oppressait la poitrine. Il ressentait un étrange malaise, comme si un poids lui comprimait la cage thoracique. Hans se sentait étouffer et d'un geste élégant, il déboutonna le premier bouton de sa chemise blanche dans une vaine tentative pour se sentir mieux.
L'éternité lui pesait, il ne pouvait pas le nier. Malgré toutes ses connaissances il était seul, il avait tant voyagé qu'il n'avait plus rien à découvrir...ennui, dégout du monde, Hans se sentait las.

Mais ce soir, plus que la lassitude habituelle, le vampire éprouvait un étrange malaise. Il avait la désagréable sensation d'être observé. Il sortit avec nervosité un paquet de cigarettes de sa poche et en alluma une avant de la porter à ses lèvre...il n'arrivait pas toutefois à se détendre et, sa nervosité grandissante, il décidé de retrouver sa voiture pour rentrer chez lui. Il n'avait pas faim et plus du tout envie de s'amuser, autant rentrer.

Commençant à avancer vers son véhicule, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil nerveux autour de lui. Pourquoi cette détestable sensation ne disparaissait pas?
Il décela soudain une silhouette immobile dans la pénombre et à l'instant même un frisson glacé le traversa. Cette silhouette ne lui plaisait pas, elle lui rappellait quelqu'un ainsi que des souvenirs désagréables.
Détournant le regard pour ne pas avoir à connaitre l'identité de la silhouette, il s'approcha de sa voiture, sortit sa clé et pénétra dans le véhicule avec empressement, ne comprenant pas pourquoi il réagissait ainsi.

[Morgan d'Albertas]

Morgan n'arrivait pas à se décider. Lui si sûr de lui d'habitude n'était plus sûr de rien. Hans était à quelques mètres de lui et comme à chaque fois qu'il était dans son champ de vision, Morgan était déchiré par deux sentiments bien distincts : un désir aussi obsessionnel qu'absolu et une haine viscérale qui lui tordait les entrailles. Il avait toujours désiré Hans. Au fil des siècles, il l'avait poursuivi, courtisé, menacé, supplié sans que le beau vampire ne lui cède jamais. Pourquoi ce refus obstiné? Morgan ne le comprenait. Il savait qu'il était beau, qu'il contentait ses amants...bon, il avait tué autrefois le compagnon de Hans et il l'avait violé quand il en avait eu l'occasion mais il y avait prescription, non?
Savoir le blond vampire à la fois si proche et si inaccessible rendait fou Morgan. Il s'était fait une raison à ne plus le retrouver et voilà qu'il tombait sur lui. Le hasard faisait bien les choses.

Soudain Morgan cessa tout mouvement et tel une statue il contempla Hans regarder autour de lui avec suspicion. L'avait il découvert? Non. Le Blond se dirigeait à pas rapides vers sa voiture.
Le cerveau de Morgan tournait à plein régime. Il fallait qu'il fasse quelque chose. L'aborder courtoisement? Il se ferait rembarrer. L'agresser pour le forcer à l'écouter? Hans riposterait et tout ce qu'il récolterait c'est des bleus. Le laisser partir? Il n'en était pas question.

Sans plus réfléchir, Morgan s'approcha silencieusement de la voiture de Hans. Il devait croiser son regard, il avait besoin d'entendre le son de sa voix. Et puis peut être que cette fois ci tout serait différent...et si ce n'était pas le cas, il lui ferait savoir que dans cette ville il était désormais le maître.

Le Blond s'apprêtait à démarrer quand d'un bond souple, Morgan bondit sur le capot de la voiture avant de s'accroupir pour plonger son regard gris dans les yeux azur de Hans à travers le Pare brise.

[Hans Kieffer]

Hans s'était attendu à tout sauf de croiser le regard clair de Morgan à travers son pare brise.
Un ange passa...
Sur le visage de Hans se lit pendant quelques secondes la plus parfaite des stupéfactions tandis qu'il se faisait à l'idée que Morgan était juché sur le capot de sa voiture. Ils ne s'étaient pas vu depuis deux ans mais le machiavélique vampire n'avait pas changé. Hans savait qu'il était devenu le maitre de New York et il avait toujours fait en sorte de ne pas fréquenter les endroits où il se rendait pour ne pas avoir à le croiser. pourtant, Morgan avait fini par le retrouver.

Le Blond soupira, lançant un regard glacial à son homologue. Il n'avait pas du tout envie de parler avec lui.
"Descends de mon capot, je n'ai pas le temps de m'amuser."
Son ton était agacé, comme s'il avait parlé à un insecte bourdonnant et irritant.

Il connaissait l'entêtement de Morgan à son égard et il n'avait pas du tout envie de revoir le vampire recommencer à le pourchasser de ses ardeurs. D'Albertas était beau et en d'autres circonstances, Hans aurait volontiers cédé à ses avances pour enfin avoir la paix mais le vampire avait commis l'irréparable en tuant son sire pour pouvoir l'approcher et ce n'était pas pardonnable.

[Morgan d'Albertas]

Les siècles n'avaient pas rendus Hans plus réceptif à ses charmes car c'est d'une voix acerbe que le beau vampire lui demanda d'aller voir ailleurs.
Morgan fit une moue désapointée. Lui il avait le temps et pour Hans et ses appétissants atouts, il était prêt à prendre tout le temps nécéssaire. Depuis plus d'un an déjà, son amant Orden avait disparu, laissant Morgan dans le pire des tourments. Et voilà que réapparaissait son fantasme numéro un qu'il croyait évanoui dans la nature. Le vampire avait vu dans ce hasard l'assurance qu'il devait accoster le beau blond et pourquoi pas, enfin le mettre dans son lit pour noyer son amertume sous un flot de sensualité débridée.

Mais Hans n'était pas de cet avis et le regard méprisant qu'il lui tendait n'était guère encourageant.

Heureusement, Morgan avait la tenacité du loup solitaire et les éclairs des yeux de Hans ne l'intimidèrent pas le moins du monde. Il lui lança un sourire charmeur sans bouger toutefois.

"Je ne m'attendais pas à te rencontrer ici, mon coeur" lui dit il sur un ton enjoué. "Tu me connais assez pour savoir que je ne te laisserai pas en paix alors laisse moi entrer, je veux juste discuter avec toi."
Le ton était convaincant mais Morgan avait peur que ça ne suffise pas. Se laissant glisser à bas de la voiture, il s'étendit devant ses roues et dit d'une voix forte à son propriétaire :
"Si je ne peux pas te dire quelques mots, tu n'as qu'à me rouler dessus puis ramasser mes restes ensanglantés. J'espère que tu pleureras un peu au moins."

Morgan s'amusait. Si Hans démarrait, il aurait largement le temps de se pousser et il voulait savoir si la bonté naturelle du beau blond allait le pousser à lui accorder quelques minutes.

[Hans Kieffer]

Morgan était toujours le même : joueur, calculateur et obsessionnel. Hans avait cru qu'après l'avoir violé, le vampire l'aurait laissé en paix mais il fallait bien admettre que tout était à refaire.

"Je n'ai pas envie de discuter avec toi, Morgan. Comme à chacune de nos entrevues, tu vas me faire des avances et je vais les repousser" lui répondit il avec lassitude. Il redoutait un peu que le vampire, comme par le passé utilise la force pour le contraindre, car contrairement à Morgan qui avait mené les siècles derniers à guerroyer pour obtenir son statut actuel, lui ne s'était guère entrainé au combat, préférant profiter d'une existence relativement paisible.
Morgan continuait à jouer en se plaçant devant les roues de sa voiture. L'idée traversa la tête de Hans de démarrer et d'écraser ce poison mais il savait très bien que Morgan n'avait aucune envie de finir écrabouillé et qu'il avait prévu une esquive.
Il n'y avait qu'un moyen pour débloquer la situation : Hans ouvrit la porte passager.

"Monte. Et dépêche toi, je suis pressé."

Passer un tête à tête avec Morgan lui donnait déjà mal à la tête. Il allait devoir jouer serrer pour sortir de l'entrevue avec tous ses habits mais il avait bien l'intention d'éconduire à nouveau le vampire.
Il fit rugir son moteur, attendant que Morgan prenne place à côté de lui. Ils allaient profiter de cette ballade pour mettre les choses au clair. Leur petit jeu avait assez duré et ça devait cesser.

[Morgan d'Albertas]

Un sourire satisfait se dessina sur les lèvres du vampire quand de l'intérieur de la voiture, la voix de Hans lui concéda un entretien. Il avait gagné.
Bondissant sur ses deux pieds, il ouvrit en grand la porte, s'engouffra souplement dans le véhicule et refema la portière derrière lui avant de se tourner vers Hans et de lui lancer une oeillade charmeuse.

"Je savais bien que dans le fond tu ne pouvais rien me refuser, mon coeur." lui souffla t'il sur le ton de la confidence avant de s'étirer voluptueusement dans son siège, dévoilant le début d'abdominaux parfaitement dessinés sous se haut noir et moulant qu'il portait.

Il laissa son regard dériver sue l'intérieur de la voiture, une berline allemande spatieuse et confortable. Il jeta un coup d'oeil à la banquette arrière, l'image de Hans l'y suppliant de le prendre lui donnant la gorge sèche.
"Belle voiture...je t'aurais plutôt imaginé dans un cabriolet..." dit il sur un ton badin avant de se tourner à nouveau vers le beau vampire. Sa beauté lui sauta de nouveau à la gorge et une sorte de mélancolie le saisit. Orden, celui qu'il avait aimé de toute son âme et qui l'avait trahi, lui manquait affreusement et le retour de Hans le faisait replonger dans un passé chaotique qu'il aurait voulu oublier.

"Tu es toujours aussi beau, Hans. Tes amants ne savent pas la chance qu'ils ont" lui dit il avec tout le sérieux du monde. "Les vampires sont des êtres impurs mais toi tu es comme une tâche de lumière au milieu d'eux...j'ai longtemps voulu te débaucher, et maintenant encore il n'a fallu qu'un regard pour que je te désire à nouveau."
Conscient de l'étrangeté de ses paroles dans sa propre bouche, il détourna les yeux et haussa les épaules.

" Je deviens un affreux sentimental. Il va falloir que je tortures deux ou trois humains pour y remédier." lança t'il dans un sourire mauvais. "Je t'invite?"

[Hans Kieffer]

Hans savait qu'inviter Morgan dans sa voiture était tout sauf une bonne idée mais il avait déjà essayé tous les moyens pour se débarrasser de lui. En vain.
Il le regarda entrer dans la voiture et s'y installer à son aise, comme s'il en était le propriétaire avant de s'étirer de manière à dévoiler son ventre plat. Hans leva les yeux au ciel et détourna ostensiblement le regard, montrant qu'il n'était pas intéressé.

Il reposa pourtant les yeux sur Morgan quand celui ci se mit à proférer des mots incongrus dans sa bouche. Il lui faisait une déclaration d'amour ou quoi? Le blond vampire n'eut qu'une alternative : il éclata de rire. C'était tellement absurde qu'il ne pouvait pas s'en empêcher.

"Tu me demandes en mariage ou quoi? Morgan, tu as beau être le maître de cette ville, tu parles toujours aussi inconsidérément."

Puis, plus sérieux, il soupira.
"Pourquoi me poursuis tu comme ça? C'est parce que je te résiste ou juste un plaisir malsain à me pourrir la vie? Comment peux tu croire que je pourrais avoir envie de coucher avec toi? Tu as tué mon amant, nous nous sommes battus, tu m'as blessé, je t'ai blessé, nous nous sommes dis les pires choses et pourtant tu persévères. Et puis...tu as fini par avoir ce que tu voulais, non?En fait, tu dois être masochiste."

Un sourire moqueur vint orner ses lèvres.

" Désolé, je n'ai pas ma panoplie de cuir. Il va falloir te trouver quelqu'un d'autre pour te fouetter...maintenant, j'aimerais rouler un peu alors je te dépose quelque part si tu veux ou descend. Je suis pressé."

[Morgan d'Albertas]

Hans se moquait ouvertement de lui. N'avait il pas le droit de se montrer un peu sentimental? Il était juste ravi d'être tombé sur le Blond et il avait été un peu trop lyrique. Et alors? Il était maître ici et il faisait ce qu'il voulait.
Hans avait décidé d'être railleur et Morgan, vexé, lui lança un regard noir.

"Tu es pressé? Je suis sûr que tu ne sais même pas à quoi tu vas occuper tes prochaines heures. Ton existence t'ennuie t'elle toujours autant? "

Il jeta à Hans un sourire mesquin, sûr d'avoir fait mouche. Le Blond vampire ne s'était jamais fait à son existence éternelle et sous ses apparences joviales, Morgan savait bien qu'il s'ennuyait à mourir. Pourquoi ne voulait il pas jouer avec lui? Tous les deux tueraient leur ennui ainsi, tout le monde serait content.

"Et bien roule... là où tu iras, ça me convient." continua t'il sur un ton joueur, s'enfonçant dans le siège, les bras croisés derrière la tête.

"On vient à peine de se revoir. Ne me dit pas que tu en as déjà assez... allez, roule! J'ai envie de voir ce que ta voiture a sous le capot."

[Hans Kieffer]

Morgan avait en effet fait mouche. Hans détourna vivement la tête, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas dire des choses qui pourraient mettre le Brun hors de lui. Morgan le connaissait bien. Trop bien même. C'était assez effrayant. Il savait qu'il mourrait d'ennui à petit feu. L'éternité le dévorait lentement. Plus rien ne l'amusait, ne l'excitait. Il avait déjà tout fait, tout essayé et cela faisait longtemps qu'il n'avait plus éprouvé d'autre chose que de la lassitude.
Morgan avait visé juste et Hans le maudissait de lire en lui aussi ouvertement. Le Brun allait finir par le rendre cinglé s'il continuait à le persécuter ainsi. Mais peut être que c'était ce qu'il cherchait après tout. Il voulait peut être le voir sortir de ses gonds. Une guerre déclarée serait un moyen sûr pour se rapprocher de lui. Et bien, il ne lui ferait pas ce plaisir.

Dans un crissement de pneus, la voiture de Hans démarra dans un nuage de poussière.

Les yeux rivés sur la route, Hans conduisait vite et adroitement. Même la perspective d'un crash ne lui faisait plus peur.
Ils roulèrent sur des chapeaux de roue pendant quelques minutes. Hans n'avait plus adressé la parole à son passager. Il ne voulait surtout pas relancer une conversation que Morgan tournerait une nouvelle fois à son avantage.

Enfin, la voiture freina brusquement et s'immobilisa.

"Je m'arrête ici. Nos chemins vont se séparer, Morgan. Ça ne sert à rien de continuer cette discussion stérile."

Ils venaient d'arriver sur Broadway. La longue rue déroulait ses enseignes lumineuses telles des lanternes de Noël. L'endroit était moins fréquenté qu'avant mais l'activité était encore assez soutenue pour que Hans puisse trouver de quoi passer un peu de temps...loin de Morgan.

[ On continue sur Broadway]

[Contenu sponsorisé]