Behind The Red Door... [Milos Markios]

[Nathanel Löm]

La pluie ne faisait que redoubler de force d'heure en heure. Dans l'ombre de cette lune éternelle se découpait une fragile silhouette. Ses doigts blancs tenaient fermement le tissu de son manteau contre lui, cherchant désespérément un peu de chaleur. Ses cheveux trempés lui tombaient en mèches éparses sur le visage, tandis que ses yeux bleus fixaient un point invisible dans l'ombre de la ruelle. L'adolescent était là, prisonnier au milieu du noir le plus absolu. Terrorisé à l'idée de faire le moindre pas.

Ce ne faisait pas si longtemps qu'il avait fuit de chez lui. Deux mois. Deux mois dans la rue, à essayer de se faire le plus petit possible pour que personne ne le remarque. Effrayé à la simple idée qu'un homme pose son regard sur lui. Et puis, il y avait aussi ces étranges créatures, ces "vampires". Lui qui n'était jamais sorti de l'appartement en dix-sept ans, ignorait jusqu'à il y a quelques temps l'existence de telles créatures. Il revoyait cette femme vidée de son sang, et laissée là, comme une vieille poupée de chiffon. Alors ces dernières semaines, il c'était fait le plus discret possible, allant se réfugier dans des bâtiments désaffectés. Mangeant ce qu'il pouvait trouver. Nourriture avariée, rats, chapardage. Bien sûr il était tombé malade à plusieurs reprises, mais par miracle, il était toujours en vie. Son corps bien sûr était d'une maigreur extrême, mais l'albinos le cachait autant qu'il le pouvait grace aux différentes épaisseurs de ses vêtements.

Nathanel glissa une main tremblante à la base de son cou, écartant très légèrement le pan de sa chemise. Il grimaça en effleurant l'une de ses nombreuses brulures. L'ombre de son père le hantait. Il savait que jamais il ne le laisserait s'échapper. Alors il craignait plus que tout de le croiser dans les ruelles. Si jamais il le retrouvait, l'adolescent serait parfaitement incapable de se défendre. Et il n'aurait plus qu'à subir une nouvelle fois. Son petit corps fragile frissonna alors qu'il pouvait encore sentir la chaleur ardente de cette lampe sur sa peau exempt de toute protection.

Un bruit.

L'adolescent se retourna brusquement. Il avait entendu quelque chose. Un animal ? Un humain ? Un vampire ?
Son coeur se mit à battre avec une rapidité effrayante. Il regarda de tout côté mais ne vit rien, pourtant il était sûr que quelque chose le regardait dans l'ombre. La pluie redoubla, et ce ne fut qu'après quelques secondes qu'il se décida enfin à bouger. Ou plutôt à fuir. L'albinos couru à perdre haleine dans les ruelles sombres. Encore et encore. La présence était toujours là. Et bientôt, au loin, il aperçu la lueur blafarde d'un néon. "The Red Door ".

Une fois devant cette porte, l'adolescent s'arrêta, la main sur la poignée. Non. Il ne pouvait entrer, il ignorait où celà le mènerait. Cet endroit pouvait être n'importe quoi. Se reculant, il fixa longuement la porte éclairée par une lumière rouge. Son sentiment était étrange. Nathanel avait l'impression de vivre un véritable cauchemar. Un cauchemar qui se finirait uniquement le jour de sa mort. Tétanisé par la peur, il alla s'appuyer sur le mur à côté de l'entrée. La tête baissée, il serra fébrilement les poings. Une larme glissa sur sa joue laiteuse, puis une deuxième. Ses jambes bientôt ne le portèrent plus, et il se laissa tomber au sol.

Tremblant, il ramena ses genoux contre son torse. Se recroquevillant pour conserver un peu de chaleur. Ses vêtements étaient complètement trempés, le rendant encore plus misérable qu'il ne l'était déjà. L'albinos semblait aussi pale que la mort. Si il ne trouvait pas un abri très vite, dans quelques heures il serait mort de froid. La faim le taraudait, la peur également. Mais il n'avait plus la force de bouger. A demi conscient, la présence qu'il avait sentit auparavant c'était évanouie. Il ne restait plus que sa silhouette fragile appuyée contre le mur du "The Red Door". Après quelques instants, il perdit connaissance. Le soulagement l'envahit soudain, demain, il serait mort, demain, il n'aurait plus mal, demain il n'aurait plus ce corps.....

[Un poil glauque...mais j'adore être sadique avec mes personnages ]

[Milos Markios]

Un dernier coup de rein et le client du gigolo déversa sa semence en lui dans un râle rauque. L'homme s'écrasa lourdement sans même se retirer sur le corps de Milos qui ne se plaignit pas, car, de toute manière, il n'avait pas le "droit" de se plaindre de quoi que ce soit, l'argent ayant été dépensé pour ses services. Il se contenta d'aborder un petit sourire satisfait en fixant le mur qui se trouvait à côté de lui, la tête couchée de côté sur l'oreiller qui était, par endroits, parsemé de quelques gouttes de sperme et de sueur. Il ne se passerait donc jamais de sexe.

Une petite sonnerie retentit dans la chambre du gigolo, signalant au passage que, pour l'argent qui lui avait été donné, le temps s'était écoulé et qu'il lui fallait à présent passer au clien suivant, s'il y en avait. Il étira son bras pour éteindre la sonnerie. Puis, il repoussa légèrement l'homme de côté en le retirant de lui et se leva, alors que son client restait couché, ne voulant apparement pas s'en aller. Il sentit la semence de l'homme couler contre sa cuisse, mais ne s'en préoccupas pas le moins du monde, habitude oblige. Il enfila rapidement un boxer et un peignoir qu'il ne prit pas la peine de refermer. Puis, il revint vers le lit.

"Il est temps de partir, sourit Milos."

L'homme tenta de protester en prétendant qu'il devait certainement avoir droit à plus de temps que cela, mais Milos ne cèda pas. Si il le voulait pour plus longtemps, il lui faudrait dépenser plus. Telle était la règle de la maison close. Il était un gigolo respectable et qui était assuré de n'avoir aucune maladie, pas une pute qui faisait le trotoire et à qui on pouvait faire ce qu'on voulait pour n'importe quel prix et parfois même sans aucun argent en retour.

Il attira donc ledit client et le força à aller se doucher dans la salle de bain connexe à sa chambre. Puis, il attendit tranquillement que l'homme ait terminé en changeant les draps du lit, jetant les autres couvertures par la petite porte qui servait à cet effet. Une fois que le client eut terminé et fut sorti propre et habillé, il le reconduit jusqu'à la sortie de l'établissement.

Lorsque l'homme fut dehors, il lui arracha un dernier baiser, l'attrapant par la taille en le collant à lui et lui retenant la nuque pour qu'il ne se défasse pas de son étreinte. Milos le repoussa tout de même après un moment et le forçat à s'en aller finalement. Il le regarda s'en aller, courant à sa voiture pour s'abriter de la pluie qui tombait. Puis, Milos allait rentrer dans la maison close pour attendre le prochain client qui voudrait obtenir ses services, lorsqu'il remarqua ce qui semblait être un jeune garçon, collé contre le mur qui se trouvait juste à côté de la porte.

"Ah?"

Il s'approcha du jeune homme et se pencha vers lui. Il remarqua alors que celui-ci était complètement trempé et ne semblait pas être encore conscient. Cependant, le fait que son torse se soulevait et s'abaissait lentement prouvait au moins qu'il était encore en vie, malgré le froid qui pourrait très bien le gelé sur place vu qu'il n'était pas au sec. Il fronça légèrement les sourcils, se demandant ce qu'il pouvait bien faire là, si vulnérable à n'importe quel vampire qui pourrait roder à la recherche d'une proie facile qui se trouvait bien en la présence du garçon. Ce n'était pas vraiment prudent de sa part.

Le gigolo se mordilla légèrement la lèvre. Puis, il se décida finalement. Il passa l'un de ses bras dans son dos et l'autre dans l'intérieur de son genoux. Il se leva tranquillement, soulevant le jeune homme dans ses bras. Les vêtements mouillés et gelés du garçon contre sa peau brûlantee le fit grimaçer légèrement, mais il ne porta aucune plainte. Après tout, si il se plaignait, il n'avait qu'à ne pas s'occuper de cet inconnu. Il le porta ainsi jusqu'à l'intérieur avant de s'arrêter devant l'accueil de la maison pour parler à la personne responsable de prendre l'argent et d'assigner les gigolos aux clients qui venaient prendre un peu de plaisir.

"J'aimerais ne pas être dérangé pour le reste de la "nui", s'il vous plait."

Sur ce, il reparti dans sa chambre. Tant bien que mal, il ouvrit la porte de celle-ci et alla ensuite poser le jeune homme sur l'unique chaise des lieux. Le laissant là, il alla tranquillement faire couler un bain chaud qui était destiné à l'étranger. Il revint ensuite dans la chambre et le reprit dans ses bras pour le mener dans la salle de bain en le posant sur la chaise qui s'y trouvait où il entreprit de prendre soin de le défaire de ses vêtements gelés, se disant qu'il n'allait peut-être même pas se réveiller. Il s'arrêta pourtant après avoir enlevé son chandail lorsqu'il remarqua les bandages qui lui entouraient les bras et le cou. Peut-être ne voulait-il pas montrer ses blessures... Il avait déjà vu un client ou deux avec des blessures qu'ils cachaient sous des bandages et ne voulaient pas lui montrer.

"Allez, réveille-toi, petite belle au bois dormant."

Il posa alors un petit baiser contre ses lèvres dans le but de le réveiller ou du moins de le faire réagir comme l'aurait fait un de ces princes avec sa princesse dans les contes de fées que l'on racontaient aux petites filles pour les faire rêver de leur prince charmant. Il attendit ensuite patiemment qu'il se réveille tout en se demandant si il n'allait pas rester inconscient.

[Nathanel Löm]

Le noir. Puis soudain la lumière.

Nathanel rêvait. Il rêvait de ce temps ou cette lumière si ardente le brulait, chaque jour, chaque nuit. Il sentait de nouveau le regard perçant des voisins se poser sur son corps nu, alors que le pauvre enfant tambourinait à la porte du balcon ayant le vain espoir qu'on le fasse rentrer. Il se revoyait, ce petit être pale et fragile, qui désespéré finissait par se rouler en boule pour pleurer tout son saoul. Il se revoyait douloureusement tremblant, alors que sa peau fragile se couvrait de brûlures et de cloques à cause de la chaleur de cette lampe. Et puis le décors changeait. Et là ce fut son père qu'il vit. Son sourire froid et satisfait alors qu'il abusait de lui. Les coups, la souffrance, et les larmes, encore et toujours ces larmes. Il en avait assez, assez de ces images, de cette douleur.

Et puis une certaine chaleur.

Dans son inconscience il sentit quelque chose de brûlant contre lui. Mais loin d'être désagréable comme la lampe de ses souvenirs. Cette chaleur était douce et apaisante. Cependant quelque chose n'allait pas. C'était trop familier. Bien trop familier. Et dans son sommeil agité, l'albinos se souvint. Un corps, le corps de son père. Il était tout aussi brûlant lorsqu'il se blotissait contre lui. Nathanel s'agita mollement dans son sommeil. Il ne voulait pas. Pas un corps, pas encore une fois !

La chaleur s'estompa.

Le corps de Nathanel cessa de se raidir. Bien qu'inconscient, il pouvait sentir chaque chose, chaque élément autour de lui. Il était habitué depuis l'enfance à ne jamais trouver le sommeil. Toujours ne dormir que d'un oeil. Toujours inquiet du soir qui approchait. Toujours inquiet d'entendre cette porte grincer, et ce pas feutrer s'approcher de lui, pour le faucher en plein rêve. Jamais il n'avait rêvé. Jamais une nuit n'avait été calme pour lui. A toujours attendre que le châtiment lui soit infligé. Toujours attendre, sans jamais pouvoir rien faire.

Une caresse sur ses lèvres.

Nathanel ouvrit brusquement les yeux. La force de son mouvement, le fit basculer, lui et la chaise en arrière. Le dos de l'abinos rencontra bientôt, et douloureusement, le sol. Il se redressa en se frottant l'arrière du crâne. Un vertige le prit, mais son visage n'en montra rien. Puis son regard éffleura la silhouette d'un homme, et s'en détourna presque aussitôt. Son coeur battait à tout rompre. Il ignorait où il se trouvait, et qui était celui dont il ne regardait désormais plus que les pieds. Il n'osa pas le fixer, et recula faiblement jusqu'à ce qu'il rencontre un mur.

Désorienté, terrorisé, sa respiration forte et douloureuse prenait un rythme chaotique. Ses iris bleutées cherchaient désespérément un endroit où se cacher, une ouverture pour fuir. Mais dans sa panique, Nathanel ne voyait rien. Le sol, des pieds, le bas d'un évier. Il ne comprenait pas ce qui lui était arrivé, et mille questions se pressaient dans son esprit. L'adolescent se recroquevilla alors contre le mur. Ses doigts fragiles et d'une paleur effrayante se saisir de ses vêtements trempés, pour les sérrer contre lui.

Une faible plainte, puis des larmes.

L'albinos ne se retint pas. Le mot effrayé était bien dérisoire pour décrire son état. L'adolescent était paniqué, cloué par la peur, parce qu'il ignorait ce qui allait lui arriver. Ce lieu, mais plus que tout, la personne qui se tenait dans la pièce l'éffrayait. Pourtant il ne l'avait même pas regardé. Nathanel en était incapable, il ne pouvait fixer quelqu'un dans les yeux. Bien dressé il l'avait été. Ne jamais croiser un regard, toujours garder la tête basse, se soumettre, ne rien dire. La peur était si profondément ancrée en lui.

Il se mit à trembler de tout ses membres.

Sanglotant, il glissa son visage dans ses genoux repliés, ses mains rencontrèrent sa chevelure humide. L'adolescent se sentait si mal. Si perdu. Il n'était bien évidemment pas comme les jeunes de son âge. Il n'avait pas connu l'amour, ni même la reconnaissance. Il n'avait jamais eu plus de valeur qu'un objet. Et se retrouver dans un lieu qu'il ne connaissait pas, en présence de quelqu'un qu'il ne comprendrait pas, était sans doute la pire des tortures qu'on pouvait lui infliger. Il n'avait connu que les limites de cet appartement sordide.

Même après plusieurs minutes ses larmes ne cessèrent pas. L'albinos avait bien évidemment envie de fuir, mais physiquement il ne le pouvait pas. Il était frigorifié, épuisé. Des jours qu'il n'avait strictement rien avalé. Du moins, rien de bien comestible. Alors il n'avait pas la force de se lever, pour franchir cette porte qui le séparait de la liberté. Il avait tout juste le courage de se recroqueviller pour sangloter, et attendre que la destiné cruelle qu'il possédait depuis l'enfance, se remette à nouveau à l'oeuvre....

[Bon, c'est comme un diesel, faut un peu de temps avant de pouvoir prendre sa vitesse de croisière....n_n]

[Milos Markios]

Lorsqu'il le transporta, Milos le sentit se débattre quelque peu. Pourtant, il ne le lâcha pas et ne fit que resserer son étreinte sur le jeune homme afin que celui-ci ne tombe pas. La chûte ne serait pas très agréable. Il se demanda bien pourquoi il s'agitait ainsi soudainement. Peut-être un mauvais rêve. En fait, c'était certainement ça. Il se demandait juste quel pouvait être son rêve, ce qui pouvait s'y passer, pour qu'il le repousse ainsi, alors qu'il ne faisait aucun geste qu'il pensait pouvoir être considèré comme agressif envers lui. C'était bien le contraire, en fait. Il avait donc des raisons de se poser des questions bien que celles-ci restèrent sans réponse, le garçon toujours inconscient.

Il n'eut pas à attendre trop longtemps que le jeune homme ait une réaction face à son baiser, car celui-ci ne tarda pas à ouvrir brusquement les yeux. Son geste trop brusque lui valu d'ailleurs de basculer par en arrière, se retrouvant le dos contre le sol et la tête s'y cognant. Il allait se pencher vers lui pour voir si il ne s'était pas fait trop mal, mais le jeune homme se recula brusquement, se metant loin de lui. Milos n'osa alors pas trop s'approcher.

Il le regarda pleurer, impuissant. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Il ne s'était pas tellement attendu à ce genre de réaction. Une claque ou un coup de poing en réponse à son audace, un regard dégoûté si il avait été hétérosexuel ou même des insultes, ça, il l'aurait comprit. Ça n'aurait pas vraiment été la première fois qu'il aurait eut ce genre de réaction. Mais se faire repousser de la sorte et fuir, il n'avait jamais eut à faire à ce genre de comportement face à ce qu'il faisait. Il n'avait donc aucune idée de ce qu'il devait dire. Chose peu commune pour un moulin à paroles dans son genre.

Il attendit comme ça plusieurs minutes, espéra qu'il allait arrêter de pleurer, mais le jeune homme n'en fit rien. Il s'approcha alors doucement de lui. Il le força doucement à relever la tête, appuyant de ses doigts sous son menton. Puis, il planta son regard dans le sien pour s'assurer que celui-ci l'écoutait bien. Une fois qu'il fut certain qu'il avait toute son attention, il prit la parole d'une voix plus faible que normalement, ne voulant pas l'effrayer plus qu'il ne l'était déjà. Après tout, il ne lui voulait aucun mal.

"Hé... Ça va aller. Je vais pas te manger."

Il leva ensuite doucement le corps du jeune homme, le tenant dans ses bras comme auparavant. Puis, sans même prendre la peine de tenter une nouvelle fois de lui enlever ses vêtements, il le glissa dans la baignoire, lui collant le dos contre la paroie, alors qu'il étendait ses jambes dans l'eau chaude qui avait refroidit quelque peu, mais restait plus chaude que tiède. Il se retourna un peu pour prendre une serviette qu'il lui tendit avant de la lui mettre dans la main et metant un savon dans l'autre, l'incitant à se laver.

Il se leva ensuite, le laissant dans la baignoire comme ça. Il alla fouiller dans l'armoire de la salle de bain et en sorti une serviette qui pourrait lui servir quand il allait sortir du bain. Elle serait certainement assez grande pour qu'il s'y enveloppe complètement. Il en sortit cependant une seconde pour qu'il se sèche les cheveux. Il ne voulait tout de même pas qu'il attrape froid à les laisser mouiller de la sorte. Il posa donc le tout sur la chaise qu'il redressa et mit à côté du bain.

"Tu pourras laisser tes vêtements devant la porte. Je demanderai à ce qu'on les sèche. En attendant, je vais te prêter de mes vêtements. Je sais pas si ils vont te faire, peut-être qu'ils vont être trop grand, mais au moins ils vont te garder au chaud en attendant. Je vais les mettre sur le pas de la porte."

Il n'était pas vraiment plus doué que ça dans les relations humaines. Habituellement, il se contentait de faire du charme pour ensuite se mettre les autres dans son lit. Le reste, il n'y portait pas très grande attention vu que les personnes s'en allaient dès qu'elles avaient eut leur plaisir, ne cherchant pas plus chez lui. Il ne lui fallait donc pas plus de connaissances face à comment il devait s'occuper de quelqu'un. La seule personne à laquelle il s'était jamais occupée réellement, c'était lui. Alors en ce qui concernait prendre en charge une autre personne, il avait des connaissances à rattraper.

"Je vais aller te chercher quelque chose à manger. Tu n'as pas l'air de manger très bien. Enfin, si tu manges."

Il se gratta légèrement la nuque, montrant qu'il ne savait pas trop quoi rajouter. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il se pencha pour l'embrasser contre le front d'un bref baiser. Puis, il se retira, sortant de la pièce pour aller dans la chambre pour aller préparer les vêtements qu'il avait dit au jeune homme qu'il allait lui prêter. Ceci fait, il revint vers la porte et posa les vêtements comme il l'avait dit, mais cogna aussi doucement à la porte.

"Au fait, je m'apelle Milos."

[Nathanel Löm]

Un doigt sous son menton, un regard qu'il croisa.

Nathanel chercha vainement à échapper à ces iris sombres qui le fixait étrangement. Mais il n'eut d'autre choix, et c'est là qu'il découvrit le visage de son nouveau bourreau. Un jeune homme plus âgé que lui, au visage gracieux, encadré d'une masse de cheveux noirs, illuminée derrière par une parure rouge orangée. Sur sa lèvre inférieure deux percings. L'albinos en fut bien plus effrayé encore. Poussant une faible plainte il se détourna du jeune homme.

Ne pas le manger ?

L'adolescent en doutait fortement. Il devait être comme son père, et comme sa mère. La seule chose qui devait l'interesser c'était son corps. Jamais il ne pourrait le croire. On lui avait tant répété, "je ne te ferai pas de mal ", " Ne t'en fais pas mon fils, tu ne sentiras rien. "
Alors lui dire ces paroles étaient bien dérisoires, pour le calmer. Pire encore. Elles ne faisaient que redoubler son affolement. Nathanel était convaincu qu'il allait se faire abuser. Encore une fois.

L'inconnu se saisit alors de son corps fragile. L'albinos se débattit autant qu'il pu, appuyant ses doigts blancs contre le torse de celui-ci pour le repousser. Mais rien n'y fit. Et bientôt sa peau rencontra l'eau du bain. Nathanel poussa un léger gémissement alors que sa peau souffrait d'un tel contact. Ses bandages au contact du liquide se défirent, glissant dans l'eau, semblable à des serpents immobiles. Et bientôt, les blessures de son passé furent révèlées.

L'albinos ramena ses jambes contre son torse, sérrant désespérément ses vêtements humides. Lorsque le garçon lui donna de quoi se laver, le savon tomba dans l'eau dans un ploc sonore, pour finir sa course au fond de la baignoire. La serviette s'imbiba quelques temps, avant de elle aussi couler au fond de l'eau. Nathanel la tête basse se mit à trembler davantage, la respiration presque inquiétante tellement elle était chaotique.

L'adolescent se sentait devenir fou, son esprit lui semblait au bord de la rupture. Il n'arrivait pas à comprendre, ni à imaginer que quelqu'un puisse se montrer gentil avec lui. C'était impossible. Toute son existence il avait été abusé, physiquement, moralement. Son père ainsi que sa mère avait joué de ce lien qui existait entre eux, pour mieux le blesser. Lui l'enfant indigne. Lui le monstrueux garçon albinos.

Les sanglots revinrent.

Toutes ces nuits passées dans les rues à fuir, en espérant ne jamais recroiser son père. Ces moments d'errances la plus absolue. Nathanel avait certes l'apparnce d'un adolescent, mais il n'en restait pas moins un gamin au sens psychologique du terme. La confiance, la gentillesse, l'amour, la douceur....des mots dont il ignorait le sens. Des notions auxquelles il n'avait jamais eu droit. Alors aujourd'hui n'était pas différent de tout ce qu'il avait vécu.

Il écouta donc d'une oreille particulièrement distraite ce que lui dit l'inconnu, concernant les vêtements et la nourriture. A quoi bon se soucier de lui si c'était pour le violer ensuite. Nathanel ne voyait aucune échappatoire possible. Et finalement, s'enfuir ne servirait à rien, sauf à retarder l'inévitable. Si il sortait d'ici, il y aurait de nouveau la rue, de nouveau l'errance. Il aurait tant voulu que la maladie l'emporte avant d'atterir ici. Il aurait tant voulu que personne ne le trouve appuyé contre le mur de cet établissement.

" Milos......"

Le nom fut prononcé avec une telle légèreté et une telle faiblesse qu'on aurait pu se demander si l'albinos avait parlé. Sanglotant toujours, il renversa la tête en arrière et ferma les yeux, avant de se laisser glisser dans l'eau du bain, jusqu'à ce qu'elle le recouvre complètement. L'air disparu bientôt de ses poumons, et les secondes s'écoulèrent, lentes et douloureuses. Nathanel sentait son coeur faiblir. Mais c'était ce qu'il voulait, ce qu'il désirait. Il ne voulait plus souffrir comme autrefois. Et là où il n'avait eu la force, aujourd'hui il le pouvait enfin. Son esprit en morceaux ne lui laissait aucune autre alternative que celle-ci. L'albinos était déjà faible et il n'aurait pas à attendre longtemps avant que la mort ne l'emporte pour de bon.

Ses doigts fragiles se désserèrent pour laisser s'échapper ses vêtements, qui glissèrent au fond de l'eau, contre sa peau meurtrie. Le silence...il n'entendait plus que ce silence bienfaisant. Depuis longtemps il aurait du faire ça. Aujourd'hui semblait être son dernier jour dans ce corps, dans ce destin. Et bien que pour l'instant toujours conscient, ses muscles se relachèrent, son coeur ne battait plus que par intervalle irréguliers. Nathanel se sentait calme, car il était convaincu, que personne ne viendrait le sauver.....

[Milos Markios]

Les bandages du jeune homme se défirent et montrèrent ses blessures. Pourtant, Milos ne les vit pas. Il les entrevut alors qu'il détournait la tête pour ne pas trop s'immiçer dans l'intimité du garçon qui ne semblait déjà pas apprécier la proximité que le gigolo avait avec lui, bien que la tentation de le mater était très forte. Il prit cependant sur lui, résistant à cette envie pour ne pas s'attirer encore plus la peur du jeune homme. Ce dernier ne semblait pas être tellement à l'aise en sa présence et se montrer trop entreprenant lui ferait certainement encore plus peur qu'à présent.

Voyant le savon et la serviette glisser dans le fond de la baignoire, il afficha l'espace d'un instant un air abattu, mais le changea bien vite. Il ne pouvait tout de même pas le forcer à se laver même si son corps devait en avoir de besoin. Il ne se pencha donc pas pour reprendre les objets, les laissant dans le fond de la baignoire en espérant quelque peu que l'inconnu se décide à les prendre une fois qu'il serait sorti. Peut-être qu'il n'attendait que son départ pour s'apaiser. Il préféra donc croire en cette hypothèse.

Il partit ensuite discrètement de la pièce après avoir échangé quelques paroles avec le silence buté du jeune homme. Une fois sorti et les vêtements posés sur le pas de la porte, il s'esquiva rapidement pour descendre à l'étage du dessous. Sans trop s'attarder, il demanda à ce qu'on lui commande quelque chose à manger, n'importe quoi de nutritif, et qu'il allait règler avec son salaire. Puis, une fois qu'il s'eut assuré que sa demande allait être respectée, il grimpa rapidement les marches et retourna dans sa chambre, ne désirant pas laisser seul le jeune homme trop longtemps. Qui sais ce que celui-ci pouvait faire.

Une fois qu'il eut franchit la porte et l'eut refermée derrière lui, son regard se porta sur le pas de la porte de la salle de bain. Ses vêtements s'y trouvaient toujours et il n'y avait toujours aucune trace des vêtements mouillés de l'inconnu. Il s'en étonna. Puis, il s'approcha de la porte de ladite salle de bain.

"Hé, ça va là-dedans?"

Il attendit quelques instants en tendant bien l'oreille pour perçevoir le moindre son qui pouvait être produit derrière la porte close, mais seul le silence lui répondit. Il fronça les sourcils et commença à sérieusement s'inquièter. Sans vraiment plus de manière, il ouvrit la porte de la salle de bain et y entra. Son regard balaya la pièce, mais se stoppa sur le bain d'où l'eau menaçait de déborder. Il ne lui fallu pas plus de temps avant de comprendre. Il se précipita vers le bain et attrapa le jeune homme par les épaules pour le redresser, faisant émerger rapidement sa tête de l'eau et la retenant pour qu'elle ne retombe pas dans l'eau.

"Mais qu'est-ce qui te prend?! Tu veux crever ou quoi!?"

Il s'arrêta tout de suite de parler, se rendant compte qu'il avait parler peut-être trop brusquement. Il se mordilla légèrement la lèvre inférieure perçée. Baissant la tête, il remarqua les diverses brûlures qui couvraient le corps du jeune homme. Détail qui le fit douter avant d'éclairer un tant soit peu son cerveau, lui donnant une raison au pourquoi de son comportement distant avec lui. Il ne pouvait certainement pas en être certain, mais ça pouvait bien expliquer certaines choses.

Tout de suite, une mine affligée apparue sur son visage. Puis, il s'affaira à sortir le jeune homme de l'eau, y allant tranquillement. Une fois qu'il l'eut sorti de l'eau, il attrapa d'une main une serviette et enroula le jeune homme à l'intérieur. Il le frotta doucement au travers du tissu pour le sècher un peu.

"Hum, désolé."

[Nathanel Löm]

Nathanel se sentait bien. Si bien. L'eau chaude le berçait, et le ramenait au temps ou il ne fut qu'un foetus. Un temps ou il ne fut pas malheureux, et ou bien au chaud dans son abris de chair, il menait la vie paisible d'un bébé.

Ce rêve fut brisé.

Une douleur aigüe s'empara de ses poumons. L'air commençait à manquer. Il se sentait suffoquer et partir. La peur le saisit alors qu'il réalisait qu'il allait succomber, qu'il n'avait plus la force de remonter. L'albinos réalisait dans qu'elles atroces souffrances il allait partir. Une lueur de conscience dans son esprit délabré. Il ne voulait pas que sa vie se finisse ainsi, sans même avoir essayé d'être heureux. Mais il il était trop tard. Son corps s'échouait, il n'avait plus la force de se redresser, et l'eau exerçait une pression effroyablement lourde sur sa fragile carcasse.

C'est alors que quelque chose le saisit par les épaules, et le souleva. L'air s'engouffra douloureusement dans ses poumons meurtris. Nathanel toussa, et de l'eau coula le long de son menton. A bout de souffle, il eut un mal fou à calmer le rythme affolé de son coeur. Et puis une voix cingla à son oreille. L'adolescent fixa son regard bleu dans les iris sombres de Milos. Il avait raison, il méritait des paroles aussi dur. Accablé par la douleur, il baissa la tête, et se laissa sortir de l'eau puis enveloppé dans une serviette.

Tremblant, il repensait à son geste. A cette tentative désespérée pour échapper à la réalité. A son corps, à ses souvenirs. Cependant il avait réalisé à quel point il pouvait tenir à la vie, et à ce mince espoir d'être heureux un jour. Il se demandait simplement si, il pourrait être différent, oublier le mal qui lui avait été fait, oublier que le contact avec un autre ne signifiait pas forcément qu'il allait être violé. Oublier que seul son père et sa mère n'étaient pas dignes de confiance.

Pour toutes ces raisons, il décida de prendre la parole. Une voix petite, et peu assurée, comme elle l'avait toujours été.

" ....Dé....dé....déso...lé...."

Sa timidité fut telle qu'il n'osa pas continuer, qu'il n'osa pas lui dire qu'il regrettait ce qui venait de se passer. Qu'il n'avait pas voulu l'inquiéter, qu'il n'avait pas voulu mourir. Mais les mots restèrent désespérément coincés dans sa gorge. Finalement, il osa un regard vers le jeune homme qui s'évertuait à le frictionner. Puis il baissa une nouvelle fois les yeux, fixant un point invisible sur le sol. Ses doigts tremblants serrèrent la serviette autour de ses maigres épaules. Nathanel déglutit avant de reprendre la parole.

" J...j...je....je...vv...vais....m'ha....m'habill....m'habiller....."

En gros il lui demandait implicitement de quitter la pièce. Nathanel détestait que les autres regardent son corps abimé par les bons soins de son père. Il craignait qu'on puisse en rire. Rire de sa condition d'albinos, d'enfant torturé et violé durant des années. Reculant légèrement, il se détacha de la proximité de Milos, et attendit qu'il quitte la pièce. Une fois seul, il resta quelques instants immobiles, debout au centre de cette pièce. Puis il se retourna pour aller chercher ses vêtements trempés dans l'eau de la baignoire. Il contempla son reflet blafard. L'adolescent avait vraiment l'air misérable.

Une fois les linges humides sortis de leur prison liquide, Nathanel les laissa tomber au sol, et chercha du regard ceux que le jeune homme avait apporté. Il les trouva près de la porte, et alla s'en saisir. Comme il l'avait pensé, ils furent bien trop grand pour lui. Mais comme tous ceux qu'il avait porté jusqu'ici. L'albinos était bien trop maigre, et de toute manière il préférait que personne ne le remarque. Il grimaça quelque peu alors que le tissu éffleura ses brûlures. Il n'y avait rien à faire, chaque jour de sa vie son père l'avait exposé à la lumière violente de cette lampe. Sans doute que ces marques lui feraient mal à vie.

Une fois vêtu, l'adolescent inspira un bon coup avant de sortir de la pièce. Il referma la porte derrière lui, et se laissa glisser contre elle. Il se sentait perdu, abattu. Il ignorait ce que l'avenir lui réservait. Ce qu'il allait subir. Si ce Milos allait se comporter comme son père, ou bien différemment. Nathanel ne savait pas ce qu'était la gentillesse. Il croyait toujours que ceux qu'il rencontrait avait d'étranges idées à son égard, et qu'ils n'auraient aucune hésitation à assouvir leurs besoins sur lui.

Timidement, il releva la tête, pour la baisser aussitôt. Il avait peur, de croiser son regard.....

[Milos Markios]

Milos fut surpris d'entendre la voix du jeune homme résonner contre les carreaux qui tapissaient les murs de la salle de bain. Faible. Insécure. Presque inaudible. Mais tout de même belle. C'était comme ça que la voix du jeune homme était, comme ça qu'il la découvrait. L'espace d'un instant, il cessa d'exercer de lents frottement contre la peau meurtrie du jeune homme avec l'aide de la serviette. Il reprit cependant son geste, quelques instants plus tard, comme si il ne s'était pas arrêté. Il secoua faiblement la tête, esquissant un faible sourire. Non, il n'avait pas vraiment à s'excuser. Il avait réagit un peu trop violement, mais il n'avait pu s'empêcher d'être inquiet en le voyant engloutis sous l'eau qui aurait dû servir à le réchauffer et non à manquer de le tuer.

Quand le garçon lui annonça qu'il allait s'habiller, le gigolo opina et enleva ses mains de sur le corps du jeune homme, s'assurant tout de même que la serviette restait sur ses épaules et ne glisserait pas. Puis, lui jetant un dernier regard, il franchit le seuil de la porte pour le laisser se changer en toute intimité. Avant de refermer la porte derrière lui, il entra les vêtements qu'il lui prêtait dans la pièce, les laissant tout de même proche de la porte, mais à l'intérieur de la salle d'eau cette fois. Il prit également avec lui une des deux serviettes qu'il avait posé sur la chaise, plus tôt.

Il n'eut le temps de s'éloigner de la porte que de quelques pas lorsqu'on cogna la porte. Comprenant tout de suite que ce devait être la nourriture qu'il avait demandé à la réception, il alla ouvrit la porte. Effectivement, la nourriture était là. Il sourit avant de prendre le plat qui était bien nutritif comme il l'avait demandé : un plat de pâtes avec une sauce à la viande et aux tomates, un pain qu'il supposait à l'ail, du fromage mit à part pour en soupoudrer le plat. La plat était accompagné d'une grande bouteille de jus dont Milos avait aucune idée à quoi cela pouvait bien être. Ils avaient même pensés à rajouter avec tout ce repas un dessert : un gâteau aux fraises. Bref, tout avait bien l'air bon et c'était tant mieux, le jeune homme avait bien besoin d'un repas équilibré et non d'un de ses repas de "Fast food".

Il remercia brièvement l'homme d'un signe de tête avant de refermer la porte et d'aller poser le plat sur une petite table pliable qu'il avait préalablement dépliée et posée près du lit. Il se tourna ensuite vers son armoire, décidant qu'il lui serait bien de mettre quelques vêtements. Un simple boxer avec un peignoir, ce n'était certainement pas suffisait. Il enfila alors une chemise noire ainsi qu'un jean de la même couleur, légèrement délavé, et ceinturé d'une ceinture à stods.

C'est lorsqu'il eut terminé que le jeune homme décida de sortir de la pièce. Milos tourna la tête vers ce dernier, le regardant de haut en bas. Ses vêtements étaient décidément trop grands pour lui. Il lui faudrait s'en proccurer d'autres à sa taille si le jeune homme ne voulait pas un jour se prendre les pieds dans le pantalon trop grand. Par contre, pour le moment, il fallait qu'il mange et surtout avant que son repas ne devienne froid. Des pâtes froides, ce ne serait certainement pas ce qu'il pouvait y avoir de meilleur à manger.

"Viens, faut que tu manges."

Tout en parlant, il s'était approché du jeune homme. Tranquillement, il le prit par la main et l'aida à se lever avant de l'entraîner vers le lit. Il s'y assit d'abord. Puis, il installa le jeune homme entre ses jambes. De cette façon, il n'aurait pas à supporter son regard qu'il tentait apparement de fuir depuis un bon moment déjà. Il tendit le bras et attrapa la table qu'il tira un peu plus contre le jeune homme, s'assurant qu'il n'aurait pas à tendre le cou pour manger correctement. Puis, il posa la serviette qu'il avait ramené sur la tête du jeune homme et s'affaira à frotter doucement ses cheveux pour les sècher, permettant au jeune homme dont il ne connaissait d'ailleurs toujours pas le prénom de manger. Attraper froid à cause de ça, cela ne pouvait pas être génial.

[Nathanel Löm]

Nathanel restait désespérément muet. Il avait du mal à s'exprimer, et il fallait être idiot pour ne pas s'en rendre compte. Depuis toujours, son père l'avait violemment battu pour un propos qui éventuellement ne lui aurait pas plu. Ou tout simplement pour le plaisir de l'entendre hurler. Jamais on ne lui avait permit de s'exprimer. Et pour lui, un mot prononcé, sans un ordre, signifiait une violente punition. C'était pour ça qu'il hésitait. Qu'il n'osait pas dire qui il était. L'albinos craignait que Milos le frappe, pourtant, une petite voix lui disait qu'il ne lui ferait aucun mal. Cependant, l'esprit embrouiller de l'adolescent ne permettait pas à son esprit de l'entendre.

Il était...aveuglé par la peur de revivre une seconde fois l'horreur de ces dernières années.

Et puis soudain, le mouvement de l'homme le fit sortir de ses sombres pensées. Milos le saisit par la main, et Nathanel n'eu d'autre choix que de le suivre. Il le regarda étonné s'asseoir sur le lit, puis l'inviter à faire de même. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'il se retrouva si proche de lui. L'adolescent le laissa lui poser la serviette sur la tête, et continuer de le sécher. Cependant, son attention jamais ne se porta sur l'assiette devant lui.

Il tremblait.

L'albinos avait un mal fou à supporter la proximité du jeune homme. Ce n'était pas vraiment sa faute, mais il avait tant l'impression de sentir son père derrière lui. L'impression de sentir ses doigts sur ses hanches. Les tremblements s'accentuèrent alors que des larmes se préssèrent dans ses yeux bleus. Il n'arrivait pas à les retenir, mais, il s'évertua à les cacher. Prenant son courage à deux mains, il alla saisir tremblant la fourchette, avant d'essayer de manger un peu. Une bouchée, puis deux, mais très vite, il ne put plus rien avaler. Il n'y arrivait pas. Celà ne faisait pas longtemps qu'il avait guérit. La nourriture avariée, ou tout simplement les rats l'avaient grandement affaiblit, son estomac n'acceptait pas grand chose. Aussi se résigna t-il, toujours tremblant.

Et puis soudain, l'une de ses mains alla saisir celle de Milos. Il la teint très faiblement. L'albinos ne savait pas pourquoi il faisait ça. Il voulait, simplement lui montrer. Nathanel déscendit cette main jusqu'à sa taille, puis l'appuya contre celle-ci, lui faisant sentir les os qui perçaient sous le tissu. Il souffrait, c'était tout ce qu'il voulait lui dire. Alors il resta un instant, sa main toujours sur celle de Milos. Sa respiration était pénible et faible.

Quelque part il sentait, qu'il ne lui ferait pas de mal. Jusqu'ici il ne lui avait encore rien fait. Milos avait simplement cherché à l'aider. Sans rien lui demander en échange. L'albinos n'était pas habitué à autant de douceur et d'attention de la part d'un autre. Alors hésitant, il vint appuyer son dos contre le torse du jeune homme. Il voulait lui faire confiance, il voulait se convaincre que ce garçon n'était pas quelqu'un de mauvais. Nathanel voulait sincèrement y croire.

Les iris bleutées disparurent derrière ses paupières.

L'albinos était las. Las de toujours fuir. Il avait trouvé dans ce contact, un instant de repos et de calme que jamais il n'avait eu. Ses doigts pales se lièrent à ceux de Milos. Juste un instant, il voulait y croire.

" Na.......Nath.....Nathan...Nathanel....."

L'adolescent grimaça. Sa peau le brulait, mais il était incapable de le faire comprendre à Milos. Parfaitement incapable. Tout simplement parce qu'il mettrait des heures à lui expliqer le pourquoi du comment. Mais il n'arrivait pas à chasser cette douleur lancinante de son esprit. Le cou, les bras, le torse, le ventre, les jambes... Pas un seul endroit n'avait été pépargné par son père. Et pas seulement des traces de brûlures. Nathanel frissonna, et ouvrit les yeux. Il ne pouvait pas supporter ces images qui défilaient derrière ses paupières closent. Incapable de les chasser, chaque nuit, il revivait dans le moindre détail ce qui lui était arrivé.

Il avait juste besoin de cette étreinte, pour se rassurer, pour se convaincre que dans ce monde, des choses douces et agréables pouvaient exister. Nathanel baissa la tête. Il n'avait presque plus la force de bouger. Avisant l'assiette devant lui, il se dit que jamais il n'aurait l'énergie, ni la place de manger tout ça. C'était parfaitement impossible. Dommage, il savait que ça partait d'une bonne intention de la part de Milos. Un quinte de toux le saisit, l'adolescent se crispa très légèrement, puis se détendit de nouveau.

" M....me....mer...merci...."

[Milos Markios]

Vu leur proximité, Milos ne put pas ignorer le fait qu’il le sentait trembler contre lui. Il ne changea cependant rien à ce qu’il faisait. Il savait que le jeune homme devait avoir peur de lui. Il voulait le rassurer et pour ça, il fallait bien qu’il s’habitue à être tout de même proche de lui. Peut-être pas collé comme ça, mais, au moins, pas constamment à l’autre bout de la pièce en redoutant le moindre des mouvements que le gigolo pouvait faire. Il ignora donc cette petite voix qui lui disait de le laisser tranquille

Il ne vit pourtant pas les larmes qui perlaient le regard bleu qu’il avait. Si il avait su, il l’aurait peut-être laissé tranquille et n’aurait pas insisté plus. Cependant, il ne vit rien du tout. Il continua donc de sécher les cheveux du jeune homme en profitant pour caresser son cuir chevelu qu’il massa tranquillement en même temps.

Un faible sourire étira ses lèvres en le voyant bouger, commencer à prendre la fourchette pour manger ce qui se trouvait dans l’assiette qui se trouvait tout juste devant lui. Lorsqu’il se fut assuré qu’il était au moins capable d’avaler une bouchée et qu’il aimait ce qui avait été préparé pour lui, il remit sa concentration à la tâche qu’il faisait présentement, n’oubliant pas le moindre petit cheveux, la moindre petite goutte d’eau.

Il était en train d’enlever la serviette de sur la tête du jeune homme maintenant qu’il avait terminé lorsque celui-ci lui attrapa la main pour la poser sur sa taille. D’abord surpris, il ne réagit pas, mais lorsqu’il remarqua qu’il sentait un peu trop bien les os qui saillaient la peau du garçon, il comprit qu’il ne serait plus capable d’avaler une bouchée de plus.

"C'est pas grave si tu ne manges pas tout. Faut juste t'habituer graduellement à avoir plus de nourriture à te mettre sous la dent. Ton estomac va reprendre sa forme juste après un moment."

Il lui adressa un petit sourire rassurant pour lui indiquer que ce n’était vraiment pas grave. Le jeune homme le tenait toujours par la main et il ne se décida pas à l’enlever, la laissant là. Après tout, c’était le seul contact qui avait été fait par le jeune homme sans que Milos n’eut à faire les premiers pas.

"Enfin, j'ai vu ça dans un reportage un jour. Il y avait un gars qui était sous-alimenté et qui était mort pour avoir trop mangé, parce que son estomac était pas habitué à avoir autant de nourriture... Ouais, enfin... Comme j'ai pas l'intention de te tuer autant pas te forcer à manger."

Il fut de nouveau surprit en sentant le dos du jeune homme se coller contre son torse, mais il esquissa un nouveau sourire à l’adresse du jeune homme. Il enleva finalement la serviette de sur les cheveux du garçon, la laissant choir sur le sol. Puis, il entoura la taille du jeune homme de ses bras sans le serrer. Il ne voulait pas lui faire mal à cause de ses brûlures et voulait encore moins lui faire peur.

Milos eut un petit sourire en entendant le nom que le jeune homme finit par sortir. Ce ne pouvait qu’être le sien. Il hocha doucement de la tête, comme pour faire signe qu’il avait bien comprit.

"Nathanel. C'est un joli nom pour une jolie personne."

Il s’inquiéta tout de suite lorsque le jeune homme fut prit d’une quinte de toux. Il fronça les sourcils, se demandant ce qu’il avait, mais se dit que ce devait être à cause qu’il était resté dehors en plein lorsqu’il pleuvait.

"Ça va?"

[Désolée pour le retard. >_<]

[Nathanel Löm]

Milos prit la parole.

Nathanel l'écouta silencieux. Il ne comprenait pas très bien ce qu'il voulait dire par "son estomac reprendrait sa forme". L'adolescent avait toujours mengé ainsi. une bouchée de temps en temps mais jamais plus. Ni son père, ni sa mère ne c'étaient souciés de ses carences nutritives. Chétif pour son âge, il avait du se débrouiller seul pour manger. Allant parfois jusqu'à aller voler dans la poubelle de la cuisine quelques maigres restes. Mais souvent lorsqu'il faisait ça, la sanction était immédiate. L'abinos frissonna d'horreur rien qu'en y repensant. Il ne voulait plus jamais retomber entre les mains de son père. Plus jamais.

La serviette tomba au sol.

L'albinos fut surprit de sentir les bras du jeune homme se refermer sur lui. Il frissonna. Ce n'était pas contre Milos, mais il avait tellement de mal avec le contact physique. Un peu tendu, il mit un certain temps à se détendre. Ses doigts fébrile vinrent serrer le bras du jeune homme. Pas assez fort pour lui faire mal fort heureusement. Nathanel était quelqu'un de particulièrement faible et fragile. Il craignait que l'homme tente quelque chose contre lui, parce qu'il savait qu'il serait incapable de lutter. Parfaitement incapable.

Et puis il le demanda si ça allait. Un peu mollement il se retourna vers Milos, et osa le regarder droit dans les yeux. Cependant, il en pu supporter, et se détourna plutôt rapidement, baissa pitoyablement la tête. Après un temps, il se pencha légèrement et laissa reposer son front sur le torse du jeune homme. Des larmes glissèrent de ses joues. Il ne savait pas quoi faire. L'albinos était terrorisé à la seule pensée de contrarier Milos. Son coeur battait si vite, il avait si peur.

" N...Nnn..non.....ça...ça....v...va......"

Nathanel se mordilla la lèvre. Plus les minutes passaient, plus il sentait la panique le gagner. Cette proximité lui rappelait trop son père. Beaucoup trop. Sans prévenir il repoussa Milos. Mais puisqu'il était au bord du lit, il bascula en arrière se cognant violemment la tête contre la table. L'assiette alla finir sa course par terre, les couverts également. L'albinos resta un temps allongé au sol à fixer le plafond. Et puis il se redressa douloureusement, avant de se recroqueviller au pied du lit. Ses bras vinrent entourer son torse maigre.

Les épaules secouées de tremblement, il resta là, sans rien dire. Cette douleur était insupportable pour un gamin de dix sept ans. Hésitant, il finit par demander timidement.

" E.....es...est.....ce....ce..qu....que....tu...tu vvv...vas me....me faire.....du...du mmm...mal...? "

Les larmes aux yeux, il se tut. Lentement une rivière s'écoula de son doux visage. Milos devait sans doute le trouver étrange. Ce n'était pas tous les jours qu'on croisait un gamin aussi renfermé et craintif. Il était incapable de concevoir la gentillesse. Et puis...ce monde était dirigé par des vampires. Qui se soucierait de la souffrance d'un albinos. Le pauvre adolescent était convaincu que lorsque Milos en aurait fini avec lui, il l'abandonnerait, ou le tuerait. Nathanel pensait comme ça. Même si il l'avait remercié, la panique et le désarroi de son esprit reprenait très vite le dessus.

[Navrée pour le temps j'ai un boulot plutôt prenant]

[Milos Markios]

Milos ne put que le sentir frisonner lorsqu'il entoura sa taille de ses bras pour le serrer un peu plus contre lui, sans pour autant le faire tant qu'il pourrait en avoir mal. Il hésita tout de même à retirer ses bras ou à les laisser où ils étaient. Puis, après un moment de réflexion, il opta pour la deuxième option. Il ne voulait pas que le jeune homme ait peur de lui, c'était certain. Il se dit donc qu'il allait sûrement apprendre à être capable de supporter ce toucher qui ne cachait aucune mauvaise intention. Ce n'était qu'une esquisse de câlin. Rien de plus. Rien de moins.

Après un certain moment, il le sentit se détendre progressivement, très lentement. Pourtant, les doigts qui se serraient contre ses bras lui prouvait que le jeune homme n'était toujours pas très à l'aise avec cette position. Il se mordilla légèrment la lèvre inférieur, ne sachant pas si c'était une si bonne idée que ça de le tenir dans ses bras. Après tout, depuis le moment où il avait commencé par lui enserrer la taille de ses bras, il avait bien sentit que le jeune homme n'aimait pas tellement ce contact et que ça le metait que plus mal à l'aise. Il ne défit cependant pas son étreinte. Malgré sa réflexion, il garda ses bras comme ça, laissant tout de même la possibilité à Nathanel de lui dire de les enlever si ça le gênait tellement qu'il ne le supportait pas.

Il baissa son regard vers Nathanel quand il sentit les larmes de ce dernier couler contre son torse. Il était réellement prit au dépourvu, ne sachant pas comment réagir cette fois. Il ne savait pas ce qui n'allait pas. Il ne connaissait pas les mots qu'il fallait dire pour le faire arrêter de pleurer. Et surtout, il n'osait surtout pas lui demander ce qui n'allait pas de peur de le faire souffrir ou pleurer d'avantage.

Il hocha doucement de la tête en entendant la réponse du jeune homme, bien qu'il ne le croyait pas totalement. Ce ne pouvait pas être vrai qu'il allait si bien que ça, comme il le disait. Si il pleurait, il ne pouvait certainement pas aller bien. C'était loin d'être des larmes de joie qui coulaient douloureusement des yeux du jeune homme. Milos avait beau être stupide parfois, ça, il le devinait assez aisément. Il ne fallait pas être Einstein pour pouvoir comprendre ce fait.

Ne s'y attendant pas, Milos sursauta lorsqu'il se fit repousser par le jeune homme. Il ne put réagir tout de suite en le voyant tomber contre le sol juste après s'être cogné contre la table, renversant au passage les plats qui se trouvaient sur cette dernière. Ce n'est qu'après qu'il comprit ce qui venait de se passer, après que Nathanel se soit déplacé au pied du lit pour se renfermer d'autant plus sur lui et qu'il lui eut demandé si il allait lui faire mal que finalement le gigolo réagit et se leva pour venir se mettre devant le jeune homme.

"Tu dois déjà t'être fait mal en te cognant contre la table, je ne vais tout de même pas te faire encore plus mal. Et même sans ça, je ne t'aurais fait aucun mal voyons."

Il leva la main pour caresser la tête du jeune homme, mais figea son geste, laissant sa main tendue vers le jeune homme. Il ne savait pas si ça allait lui faire peur. Si il allait le fuir d'autant plus. Il ne semblait pas vraiment très favorable au toucher de Milos sur lui. Il ne pouvait donc pas vraiment prévoir ce que le garçon pouvait avoir comme réaction.

"Je reviens. Je vais chercher de la glace pour pas que ça laisse une trop grosse bosse. Ok?"

Il attendit un petit moment. Puis, il caressa finalement les cheveux du jeune homme d'un geste emprint de douceur. Il se releva ensuite et jeta un dernier regard à l'adresse du jeune homme avant de tranquillement quitter la pièce, refermant la porte derrière lui, pour aller demander à la réception un sac de glaçons. Ils allaient vraiment finir par se demander ce qui pouvait tant se passer pour qu'il refuse des clients, demande soudainement un plat et ensuite veuille qu'on lui donne un sac de glace. Pourtant, Milos s'en foutait éperdument. Il fallait bien s'occuper de Nathanel. Il était comme un petit animal blessé que le gigolo devait soigner avec patience et douceur.

[Pas grave. Moi j'ai les exams de fin d'années qui viennent à grands pas, alors ça risque de prendre du temps aussi parfois. Alors je suis désolée à l'avance. >_<]

[Nathanel Löm]

Nathanel sanglotait, encore et encore. Il était dans la parfaite incapacité de se calmer. Son petit corps tremblait contre les draps du lit. la tête basse, il fixait désespérément le sol. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Pour lui, chaque homme, était en réalité son père. Chaque personne qu'il rencontrait était à même de lui faire du mal. Et l'albinos était terrorisé à la simple idée de revivre cette enfer. Il croyait voir derrière les sourires les pensées les plus malsaines. Ce Milos, ne lui avait rien fait, du moins pas encore, mais il ne pouvait s'empêcher d'en avoir peur.

Celui-ci vint d'ailleurs près de lui.

L'albinos releva lentement la tête vers lui et le fixa étrangement. Ce qu'il lui dit le surprit. Il n'arrivait pas à comprendre sa logique. Il n'arrivait pas à déceler le mal derrière son beau regard. Pourquoi ? Il devait être pourtant comme tous les autres. Non ? L'adolescent trembla davantage alors que Milos avança une main vers lui. Nathanel releva timidement la tête, pour la baisser presque aussitôt. Ses lèvres pales laissèrent échapper un gémissement. Il ne voulait pas qu'il le touche. Il ne voulait pas se faire abuser, pas encore une fois.

Et puis....milos lui annonça qu'il allait chercher de la glace.

*Pourquoi faire ?* Pensa t-il.

Il ne le comprenait décidément pas. Une fois sortit, Nathanel se retourna et consentit à se détendre un petit peu. Il regarda autour de lui. La chambre était plutôt spacieuse, et bien meublée. Pas comme l'appartement de son père qui était sombre et froid. Il commençait à se demander quel genre de personne pouvait réellement être Milos. Cet endroit ne laissait pas supposer qu'il était quelqu'un de cruel. Les apparences étaient parfois trompeuses, mais, dans son cas, il n'avait rien tenté de vraiment odieux. L'albinos secoua la tête. Tout était bien trop embrouillé. C'était comme si il était plongé dans un autre monde. Dans un monde où son père n'existait pas, et où la douleur n'existait pas.

Un peu tremblant, il se leva, puis alla s'asseoir sur le lit, avant de s'y allonger. L'abinos ignorait si il en avait le droit, mais il était épuisé. Fermant les yeux, il laissa le calme l'envahir. Et puis, trop agité de penser, il se redressa et se leva. S'avançant furtivement jusqu'à la porte, il l'ouvrit de quelques centimètres. Quelqu'un passa alors soudainement dans le couloir, et il la referma aussi sec. Qu'il pouvait être idiot parfois. Il ne pouvait pas partir de toute façon, et sa curiosité n'était pas assez forte pour le pousser à quitter la pièce.

Essayant de faire le vide dans son esprit, il retourna s'asseoir sur le lit, et attendit. Il devait se calmer. On ne lui voulait pas de mal. Du moins pour l'instant. Bien sûr, il était particulièrement difficile pour lui de ne pas s'affoler.

Une inspiration.

Nathanel se laissa choir sur le lit une bonne fois pour toute. Il apprécia la douceur des draps qui pour une fois n'étaient pas rapeux. Ces dernières semaines n'avaient pas été de tout repos. L'adolescent n'avait pas dormit correctement depuis un sacré bout de temps. A toujours se soucier de la présence d'un vampire ou d'un autre humain. Et là. Juste maintenant, il pouvait fermer les yeux, tout en sachant qu'il ne lui arriverait rien. Sa respiration se fit lente et calme. L'albinos se sentait bien à présent. Il n'avait plus peur, du moins pour l'instant. Il avait l'agréable sensation d'être dans un cocon de douceur et de chaleur.

Quelques mèches blanches vinrent se glisser sur son juvénil visage. Ses traits prirent une expression douce et rassurée. Le sommeil le gagna légèrement mais sans pour autant l'envahir. Il entendait de manière diffuse les bruits alentours de l'endroit. Quelques mots, des soupirs. Ce lieu semblait grouiller de vie et quelque part celà rassurait le jeune Nathanel. Autrfois, il n'avait connu que le silence et l'obscurité.

Un doux sourire arqua ses lèvres. Il était bien ici......

[Pas très inspiré tout ça, navrée. Au fait j'y pense, mais on pourrait faire intervenir des PNJ, enfin des copains à Milos ou autre chose, histoire de dynamiser un peu tout ça n_n]

[Milos Markios]

Dès qu'il fut hors de la pièce, Milos s'adossa à la porte et poussa un petit soupir en se tenant la tête entre ses doigts. Il avait apparement beaucoup de travail à faire si il voulait que le jeune homme lui fasse finalement confiance. Il secoua la tête comme pour se changer les idées. Il ne fallait pas qu'il soit si défaitiste sinon c'était certain qu'il n'allait pas être capable de faire grand chose pour ce qui était de Nathanel.

Nouvellement résolu à gagner la confiance de Nathanel, le gigolo se décolla de la porte et longea le couloir avant de finalement descendre à l'étage du dessous. Il passa devant plusieurs portes fermées desquelles il ne put qu'entendre le bruit des ébats de d'autres gigolos avec leurs clients. Il fronça légèrement le nez en se disant qu'il vaudrait mieux que le brun ne sorte pas de sa chambre si il ne voulait pas tomber sur ces bruits qui auraient bien tôt fait de ne pas le mettre en confiance quant aux possibles idées qui pouvaient y avoir dans la tête de Milos. Il se dirigea lentement vers le comptoir de la réception et alla s'y accouder avant de demander ce qu'il était venu chercher :

"De la glace, s'il vous plait."

Il regarda le réceptionniste partir pour aller chercher la glace qu'il venait de lui demander. Puis, une fois que ce dernier fut hors de sa vue, il reporta son regard tout droit, observant une petite pancarte qui affichait "le gigolo vedette". Bref, celui qui avait le plus de demandes à cause de son apparence attirante et de ses services qui n'étaient pas de basse gamme. Un homme avec les cheveux noir de jais et les yeux d'un bleu clair qui ne manquait pas d'attirer l'attention avec la contraste qu'il y avait entre ses yeux et ses cheveux. Il avait une peau vierge de tout tatouage ou piercing.

En le regardant, Milos se mordilla doucement la lèvre inférieure et joua avec son piercing droit avec envie, bien qu'il savait pertinement qu'il ne pourrait pas aguicher une affiche avec ce geste comme il le faisait souvent quand il était en mode drague. Il ne pouvait pas vraiment douter du pourquoi qu'il était le numéro un et avait tant de demande.

*Si j'étais pas gigolo, je crois que j'irais volontier faire un tour dans sa chambre.*

Il allait se redresser pour changer de côté, lorsqu'il sentit deux mains se poser sur ses hanches et un souffle chaud dans son cou. Il laissa échapper un petit frisson, mais se contrôla bien assez vite. Il chassa d'un coup de main celles qui s'étaient posées sur ses hanches et se retourna pour faire face à l'homme qui se tenait maintenant devant lui. Heureusement pour lui, ce n'était pas un vampire et il ne risquait donc pas de devoir se coltiner un homme qui se pensait supérieur seulement parce qu'il était une des créatures qui règnaient sur la Terre. Il posa alors sa main contre son torse pour le faire reculer et se redressa finalement.

"Je prends pas de client pour aujourd'hui. Reviens me voir demain."

*Quoique je me demande si j'aurai pas à prendre congé pour demain aussi...*

Il ne poussa pas plus loin sa réflexion, car le réceptionniste arriva avec un sac de glace que Milos prit sans tarder avant de le remercier d'un petit clin d'oeil. Puis, ignorant totalement le client qui devait maintenant se trouver un autre gigolo pour faire passer ses envies sexuelles, il monta de nouveau les escaliers et entra bien vite dans sa chambre.

Une fois à l'intérieur, il balaya la pièce de son regard pour remarquer que Nathanel était allé s'installer sur son lit et semblait être sur le point de s'endormir. Un petit sourire étira ses lèvres avant qu'il ne s'approche finalement de son lit sans faire de bruit pour ne pas faire peur au jeune homme. Avec la même discrètion, il grimpa sur le lit en grimaçant légèrement lorsqu'il sentit le lit s'enfonçer un peu sous son poids. Rapidement, il vint s'installer derrière la tête du jeune homme qu'il souleva doucement avant de s'installer en desous, glissant le sac de glace entre ses jambes, sous la tête de Nathanel.

"T'inquiète pas, je ne ferais rien. Tu peux dormir."

Il lui adressa un sourire réconfortant. Puis, il glissa, sans vraiment s'en rendre compte, ses mains dans les cheveux du jeune homme, jouant automatiquement avec eux en les enroulant et déroulant autour de ses doigts avec douceur. Bien qu'encore légèrement humide, ils étaient tellement doux que cela ne donna que plus envie à Milos de jouer dedans.

[Nathanel Löm]

[Pervers XD]

Nathanel était sur le point de s'endormir, bercé par l'ambiance du lieu. En tendant l'oreille il reconnaissait très bien les légers bruits qui perçaient le silence. Ces gémissements, lui-même les avait poussé lorsqu'il était entre le bras de son père. Un frisson lui parcouru le dos. Rien que de penser à ça lui donnait envie de vomir. Cependant, les entendre de la bouche d'un autre ne le gênait pas plus que ça. Il était craintif certes, mais tant que ça ne le touchait pas directement il s'en fichait royalement. C'était l'egoïsme d'un gamin de dix sept ans. Mais lui il ne connaissait pas les sentiments. Il ignorait ce que les mots amour et tendresse voulaient dire. Le sexe en revanche il connaissait, la violence l'humiliation c'était devenu une vieille rengaine. Et entendre d'autres personnes que lui gémir sous les assaults d'un homme le confortait dans son idée que les choses n'arrivaient pas qu'à lui.

Ses doigts pales se serrèrent autour de son torse trop maigre. Il grimaça alors qu'il effleura ses brûlures. La vie était étrange. Il se souviendrait toujours du moment ou il avait prit la décision de partir, et de quitter à jamais l'enfer qu'il vivait. Son père était un monstre, et sa mère également pour l'avoir laissé avec lui en sachant ce qui allait lui arriver. La douleur qui étreignait son petit coeur d'enfant ne semblait pas avoir de limites. Il était brisé. La confiance était quelque chose d'absente de son être, et il sentait avec tristesse ce vide s'accentuer un peu plus chaque jour. C'était comme si il n'était jamais né, un être du néant condamné à vivre pour satisfaire les appetit sexuels d'un Cerbère.

C'est alors qu'il entendit un léger bruissement. L'albinos n'ouvrit même pas les yeux. Il savait que c'était Milos qui revenait, et étrangement, il n'avait plus peur. Le lit s'enfonça légèrement. L'adolescent eu cependant un regain d'activité cérébral alors que le souvenir de son père entrant à pas de loup dans sa chambre, refaisait surface. Mais il se calma bien vite en se faisant violence. Pour une fois dans sa vie il voulait croire qu'on ne lui ferait pas de mal. Il voulait croire en Milos et en sa parole. L'adolescent se laissa soulever mollement non sans protester par un gémissement. Le froid de la glace sous sa tête, la présence du jeune homme, ses doigts jouant dans ses cheveux. Tout ça, c'était terriblement agréable. Il se surprit même à soupirer sous les caresses dans ses cheveux sombres.

Il se blottit davantage contre le jeune homme, savourant cette chaleur qu'il n'avait jamais connu. Cependant il voulu bouger et il ne pu qu'ouvrir les yeux sous la douleur. Son regard chercha désespérément appui dans celui de Milos. Ses brûlures le lançaient terriblement. Cependant il n'eut pas la force de se redresser et se contenta seulement de se cambrer très lègerement alors que des larmes cristalines venaient noyer son doux regard d'azur.

" Mi...Milos..." Appela t-il plaintivement.

L'albinos se recroquevilla sur le côté et serra ses mains contre son torse. Ses yeux disparurent derrière ses longs cils blancs. La douleur ne s'estompait que très légèrement. Il prit une inspiration, puis son souffle se brisa. Une plainte déchira le silence. Pourtant il ne voulait pas que ça arrive il ne voulait pas.....inquieter Milos ? Ses pleurs s'arrêtèrent immédiatement. Quel était ce sentiment ? Il ne comprenait pas bien ce qui lui arrivait. S'inquiéter pour quelqu'un d'autre, ça ne lui était jamais arrivé, du moins dans ce sens là. Il s'inquiétait de voir son père revenir pour le violer. Mais s'inquieter pour ne pas blesser un autre, ça ne lui était jamais arrivé.

Son souffle brisé retrouva bientôt un rythme normal. Il contempla le visage du jeune homme. Ses joues étaient légèrement rosies et son expression juvenile lui donnait un air particulièrement attendrissant. L'albinos étendit la main pour toucher le visage de Milos. Ses petits doigts blancs dérivèrent sur son percing. Il toucha légèrement intrigué le métal froid, avant de laisser retomber mollement son bras. Cet homme était vraiment quelqu'un d'étrange, mais il le trouvait gentil. Il ne dégageait pas la même chose que son père. Il exalait le doux parfum de la douceur. Et Nathanel se sentait apaisé avec lui. Oui apaisé.

Le sommeil ne le gagna cependant pas, et il se contenta de le regarder, silencieux.

[Milos Markios]

Milos s’arrêta quelques secondes en soulevant la tête du jeune homme lorsqu’il entendit ce dernier gémir. Il ne savait pas très bien si c’était un gémissement de douleur ou autre chose, mais il continua afin de ne pas le faire souffrir, si c’était bien ça, trop longtemps. Il glissa donc rapidement le sac de glace sous sa tête à l’endroit où il s’était cogné contre la table et joua dans ses cheveux.

Un petit sourire éclaira son visage en l’entendant soupirer sous les caresses qu’il lui prodiguait dans les cheveux et qu’il n’arrêta pas le moins du monde, voyant que c’était agréable pour le jeune homme. Il le sentit se blottir contre lui quelques instants plus tard. Il hésita à glisser sa main dans le dos du jeune homme pour l’y caresser doucement, mais il résista à cette petite tentation et garda ses mains dans les cheveux si doux de Nathanel. Il ne voulait pas l’effrayer avec un toucher qui serait peut-être un peu de trop.

En entendant Nathanel appeler son nom d’une façon qu’il aurait préféré ne pas entendre, Milos baissa son regard vers le jeune homme. Il n’eut pas de mal à décerner de la douleur dans son regard. Il voulut se redresser, mais s’arrêta dans son geste en se disant que peut-être il allait lui faire d’autant plus mal. Il ne savait pas du tout ce qu’était la source de sa souffrance, mais se disait avoir de bonnes raisons de croire que c’était les blessures qu’il avait sur tout le corps.

Il réfléchissait à toute vitesse à ce qu’il pourrait bien faire pour qu’il aille mieux. Il fut cependant brusquement sortit de ses pensées en sentant le jeune homme jouer avec l’un de ses piercings. Il baissa alors une nouvelle fois son regard sur lui.

"Ne bouge pas, je reviens."

En tentant de faire le moins de mouvement brusque possible, il glissa de sous le jeune homme, mais laissa le sac de glace au moment endroit. Il se risqua à poser un bref baiser sur le front du jeune homme. Puis, il alla dans la salle de bain. Il fouilla l’armoire qui se trouvait juste au-dessus du comptoir en y semant le désordre, bien qu’il n’ait pas été très en ordre avant, et finit par trouver ce qu’il chercher : une pommade pour les brûlures.

*Tant qu'il sait pas pourquoi j'utilise ça habituellement, je crois que ça ira.*

Il eut un petit rire nerveux et se gratta le nuque en se rappelant de la dernière raison pour laquelle il l’avait utilisé : l’un de ses clients avait un petit côté sadique qui s’était montré par un Milos avec les mains liées.

Milos sortit tout de suite de ses souvenirs en secouant la tête et revint dans la chambre pour s’approcher du jeune homme. Il vint s’asseoir sur le bord du lit et montra la boite au jeune homme pour lui faire comprendre qu’il voulait lui étendre de la crème sur ses blessures puisqu’il ne serait certainement pas capable de le faire seul et qu’il devait donc enlever son chandail.

"Ça pourra peut-être te faire du bien, mais il faudrait vraiment qu'on aille voir un médecin pour tes blessures."

[Nathanel Löm]

Nathanel avait mal mais il n'osait gémir de peur de blesser Milos. L'inquièter était étrangement la dernière chose qu'il voulait. Alors il tentait au mieux de calmer sa respiration et d'attendre que la douleur s'estompe. Il ne pouvait faire autrement. Il ignorait si quelqu'un serait à même de le soigner un jour. Ses brûlures étaient assez sérieuses. L'adolescent savait que les soigner coûterait cher, donc il ne demandait d'aide à personne. Il ne souhaitait pas être redevable. Son père l'avait assez bien éduqué dans ce sens là. Un nuit de véritable repos coûtait deux journées ou il devait se soumettre sans rechigner. Il savait que la guérison coûtait cher, vraiment très cher, aussi bien pour son corps que pour son esprit. Si bien que ses yeux restaient désespérément fixés sur le visage du jeune homme qui semblait à l'instant s'être aperçu de son état.

D'ailleurs, l'abinos chercha à l'en dissuader mais en vain. Il retint une légère plainte lorsqu'il le souleva et se rendit dans la pièce voisine. L'adolescent soupira conscient d'être un véritable poids pour le jeune homme. Il n'ignorait pas qu'il se trouvait dans une maison close. Son père y allait souvent lorsqu'il ne s'acharnait pas sur lui. Et soudain l'horreur le saisit. Et si....et si c'était dans cet endroit qu'il venait la nuit ? Des maisons closes Gay il n'y en avait pas trente six dans New York. Le jeune homme se mordilla nerveusement la lèvre. Il n'osait imaginer ce qui se produirait si jamais il tombait sur lui. Nathanel commença légèrement à s'agiter alors que Milos revenait un petit tube en main. Prit de peur en croyant la crème à un autre usage que de le soigner, il se calma cependant en songeant que cet homme n'était pas son père et que par conséquent il ne lui ferait pas de mal.

Et puis celui-ci lui dit que la crème lui ferait peut-être du bien mais qu'il faudrait songer à aller voir un docteur. Nathanel secoua la tête et se redressa comme il pu sur les coudes non sans grimacer. Fixant le lit un peu nerveusement il n'osa tout d'abord faire part de son inquiétude. Une fois assit il se tordit les doigts dans l'espoir de se détendre un peu, sans grand succès.

" Je......non....pas...pas de médecin.....ca....ca ira........et...et puis....c'est....c'est trop cher......Je...je ne veux pas......t'être.....re...redevable. "

Et rien qu'en disant celà il revit le visage de son père et son sourire malsain. Perturbé par cette vision le jeune homme se laissa retomber sur le lit en se recroquevillant. Il ne se sentait plus en sureté ici. Du moins si Milos n'était pas là, il se serait déjà enfuit sans demander son reste. Une larme perla dans ses iris bleutés, puis d'autres vinrent le rejoindre. En plus de sa peur il avait mal. Alors tremblant, il se saisit du chandail trop grand et l'enleva, dévoilant son torse meurtrit grâce aux soins de son paternel. Une fois torse nu et surtout particulièrement honteux, il resta là sans bouger. Il tremblait de tous ses membres et Milos devait probablement penser que c'était à cause de lui. Mais ce n'était pas le cas, et Nathanel n'avait de cesse de retourner le problème dans tous les sens, sans grand résultat.

Il leva alors son regard clair sur le visage du jeune homme. Etendant les mains, il se saisit fébrilement de sa taille et vint se blottir contre lui, réfugiant son visage contre sa hanche. L'albinos avait besoin d'être rassuré, besoin qu'on lui témoigne un peu de douceur juste pour ne pas se dire qu'il n'était qu'un vulgaire objet sexuel sans grand intérêt. L'adolescent se mordilla la lèvre un bon moment avant de enfin se lancer.

" Est...est-ce que.....un....un homme....au.....cheveux...noirs.......mi-long.......a...avec...un ta...tatouage......de....fleur....de...de lotus est....déjà...venu....ici.....? "

Tout tremblotant, il n'osa dire à Milos qu'il s'agissait de son père. Il ne voulait pas avoir à parler de lui maintenant, à raconter ce qui lui avait été fait. Une honte, une torture. Il était souillé car il ne l'avait jamais voulu. A la différence il ne considérait pas Milos ainsi. Pour lui le jeune homme le faisait sans aucun doute parce qu'il le voulait, même si pour l'albinos coucher avec un autre homme relevait de l'étrangeté. Il n'avait connu que les bras et la violence de son père. Il ignorait tout des sentiments amoureux, de la douceur et du plaisir que l'on pouvait ressentir en s'unissant à un autre.

Blottit contre le jeune homme, il attendit une caresse, une parole qui le rassurerait. Ses doigts fragiles aggripés à sa taille.

" J'ai.....j'ai peur....Milos....." Murmura t-il désespéré.

Il releva brusquement la tête et fixa le jeune homme comme si il s'agissait pour lui d'une bouée de sauvetage.

" Je....je.ne veux pas....le...le re....revoir..........j'ai....peur.....j'ai...peur........"

[Milos Markios]

Milos fronça les sourcils en remarquant que Nathanel commençait à subitement s’agiter quand il revint dans la chambre avec le tube de pommade contre les brûlures. Le voyant subitement prendre peur pour une raison qu’il ignorait encore, il sursauta sans vraiment comprendre ce qui faisait autant peur au jeune homme. Il s’approcha alors rapidement du jeune homme dans le but de le calmer et peut-être même de comprendre ce qui venait de se passer.

Lorsqu’il lui fit remarquer qu’ils devraient aller voir un docteur pour ses brûlures étant donné que ce n’était certainement pas du même calibre qu’une petite brûlure que l’on pouvait se faire bêtement en cuisinant, il vit le jeune brun refuser d’un mouvement de tête sa proposition avant de se redresser. Le gigolo ne manqua pas de remarquer que le fait de se redresser ainsi faisait souffrir le jeune homme, bien que la douleur ne semblait pas lui faire changer d’avis pour le moins du monde.

Un maigre sourire compatissant éclaira le visage de Milos en entendant Nathanel parler du fait qu’il ne voulait pas lui être redevable et que c’était cher. Milos le savait pertinemment que ce n’était certainement pas donné, mais si il l’avait proposé, c’est qu’il avait l’argent nécessaire. Ce n’est pas comme si il n’avait aucun travail, le sien étant d’ailleurs bien payant.

"Ça va être un cadeau sans aucune attente de retour. Et les cadeaux ça ne se refuse pas."

Il s’affola légèrement en voyant Nathanel se laisser tomber sur le lit pour ensuite se recroqueviller sur lui-même. Il posa le tube sur la table de chevet qui se trouvait à côté de son lit. Puis, il se risqua à se pencher un peu au-dessus du corps de son vis-à-vis.

Lorsqu’il voulu le toucher d’une main rassurante, il s’arrêta dans son geste et la retira, le jeune homme enlevant le chandail que le gigolo lui avait prêté après que plusieurs larmes eurent perlé ses yeux couleur saphir. Avec un regard affligé, il vit son corps maintenant nu trembler, laissant voir ses nombreuses brûlures qui perturbaient l’ancienne perfection d’albâtre qu’était la peau du jeune homme si son corps n’avait pas été ainsi marqué.

Il voulut se risquer de nouveau à tendre la main vers Nathanel, mais fut coupé dans son élan quand ce dernier vint lui attraper la taille pour ensuite venir se coller contre lui. Le gigolo passa délicatement, sans vouloir lui faire mal, ses bras autour des épaules du garçon avant de le garder contre lui dans une étreinte réconfortante.

"Hum... Je me souviens pas d'avoir vu quelqu'un comme ça. Enfin, pas dans mes clients."

Le gigolo se doutait que ce devait être cette personne qui était responsable du traumatisme du jeune homme ou du moins devait être concerné dans toute cette affaire vu comment celui-ci réagissait, mais il ne put deviner quel lien Nathanel et l’homme en question pouvaient bien avoir. Il ne put cependant pas se pencher plus sur la question, car sa priorité était maintenant de veiller sur Nathanel.

Lentement, il fit glisser le bout de ses doigts dans un effleurement contre le dos du jeune homme, le caressant doucement pour le calmer. Son autre main, elle se réfugia dans les cheveux bruns du jeune homme, lui massant la nuque pour le détendre.

"T'inquiète pas, tu es en sécurité ici."

Il emprisonna entre ses doigts le menton de son cadet pour l’empêcher de baisser de nouveau la tête. Puis, il posa délicatement ses lèvres contre son front dans un baiser chaste doux comme une caresse. Il se redressa ensuite, lui offrant toujours le même sourire qui lui assurait qu’il ne lui voulait aucun mal et, bien qu’il était indéniable que le jeune homme avait du charme, il ne voulait pas profiter de son corps. Il était déjà assez meurtri.

"Je vais te mettre un peu de crème pour calmer ta douleur et après tu vas dormir, ok? Tu as besoin de sommeil."

Avec douceur, il fit se coucher sur le ventre Nathanel, puis reprit le tube de pommade qui se trouvait sur la petite table. Il s’en mit un peu dans ses mains avant de les frotter ensemble et, après s’être assis sur le bord du lit, il passa ses mains sur le dos de Nahanel, étendant tranquillement la crème sur son dos couvert de brûlures. Il prit d’ailleurs la peine de lui demander de le lui signaler si jamais il lui faisait mal, si c'était désagréable ou si il appuyait trop fort.

[Nathanel Löm]

Un cadeau ?

Nathanel ignorait jusqu’au sens même de ce genre de geste. Le seul cadeau auquel il avait eu droit avait été de naître. La tendresse, la confiance, l’amour. Il n’avait rien connu de tout cela. Pour lui aimer signifiait être violer, les caresses devenaient les coups, les mots d’amour les injures. Il ne savait comment réagir devant Milos. Il ne savait que lui répondre. Le médecin, oui, mais il ne pouvait accepter. Et puis après tout, il avait toujours vécu avec ces brûlures. Elles faisaient presque partie de lui, alors il n’y avait aucun mal à les garder. Non, il se refusait de lui être redevable. Même un cadeau, il ne le pouvait pas. C’était au dessus de ses forces, car rien ne lui garantissait qu’il ne disparaîtrait pas du jour au lendemain, sans laisser le moindre indice à ce jeune homme.

L’adolescent avait peur de se fixer à un endroit. Peur de s’attacher à quelqu’un, car si son père l’apprenait cet « ami » subirait les pires tortures. Et ça c’était tout ce qu’il ne voulait pas pour Milos. Jamais il ne se le pardonnerait si il lui arrivait quelque chose. Et rien que l’imaginer lui donnait envie de s’échapper aussi rapidement qu’il le pouvait. Laisser Milos à sa vie et lui à son errance. Mais retourner à la rue l’attristait, il n’avait nulle part où aller, personne à qui se confier, non personne à qui montrer ses larmes. L’albinos était désemparé, ruiné. Si il s’en allait c’était la mort ou l’esclavage assuré. Cependant, il se refusait à être un poids pour le jeune homme.

Soudain des bras vinrent le tirer de sa réflexion. Des bras chauds, qui entouraient son corps meurtri. Un doux soupir contre son épaule. L’adolescent but ses paroles autant qu’il le pu. Il n’avait vu personne correspondant à cette description dans ses clients, or Nathanel n’excluait pas la possibilité que son paternel vienne quand même assouvir ses besoins ici. Ce qui lui arracha bien entendu le plus horrible des frissons. Et puis des doigts vinrent effleurer son dos, une douce caresse se loger dans ses cheveux bruns, pour ensuite venir masser sa nuque. Nathanel poussa un doux soupir tout en fermant les yeux. C’était…si agréable. Jamais il n’avait bénéficié de tant d’attention et de douceur. Si il avait été un chat, il en aurait presque ronronné.

En sécurité ? Malheureusement il craignait que non. Mais l’adolescent ne fit pas part de ces craintes à Milos. Il avait suffisamment à faire ici, sans en plus se préoccuper de l’éventuelle venue de son bourreau. C’est alors que les doigts du jeune homme emprisonnèrent son menton pour le relever. Son regard croisa celui de son hôte, et Nathanel voulu s’en dérober. Il en voulait rien révéler de ses craintes. On pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert et l’albinos ne souhaitait pas que Milos vive la troublante expérience de lire cette histoire dans ses prunelles bleues. Et puis ses lèvres aussi douces que le pétale d’une rose se posèrent sur son front, ce qui obligea l’albinos à fermer les yeux. C’était étrange. Il avait parfois envie d’avoir davantage de ce genre d’attention. De simples effleurements, une caresse légère comme la brise. Et un sentiment d’amour qu’il n’avait jamais connu.

Le jeune homme reprit la parole et Nathanel acquiesça sans grande conviction. Il n’avait pas vraiment sommeil mais il obéirait. Se laissant allonger sur le dos, l’adolescent enfouit son visage dans un coussin en attendant que Milos le soigne. Une première grimace, une première plainte. Les muscles de l’albinos se contractèrent alors que la crème était doucement appliquée sur son dos. Cependant pas un mot ne franchit ses lèvres pour arrêter cette véritable torture. Son hôte n’était pas responsable de sa douleur. Mordant vivement la chair de sa lèvre il attendit, encore et encore, que cet instant prenne fin.

Après de nombreuses minutes, les mains se retirèrent et Nathanel resta un long moment, prostré dans cette position qui lui rappelait tant de souvenirs humiliants. Puis enfin, il consentit à se redresser. Le regard vague, il fixait les coussins. Il songeait qu’il était peut-être temps pour lui de montrer à Milos la raison de telles blessures. Un peu tremblant il porta la main à ses yeux et retira les lentilles bleues qui de toute façon n’étaient plus bonnes depuis longtemps et commençaient à se désagréger. Hésitant, il finit par relever la tête et plonger pour la première fois de lui-même son regard carmin dans celui du jeune homme. Les larmes ne tardèrent pas à couler de ses joues. Nathanel détestait ce qu’il était. Il haïssait le fait d’être albinos et de n’avoir pas été traité comme il aurait dû l’être.

Un peu nerveux, il se détourna. Penser à autre chose, n’importe quoi mais à autre chose. Et puis ses lèvres bougèrent toutes seules.

« Mi…Milos……ton….ton métier….Qu’..qu’est ce que tu y trouve……d’attirant…. ? »

Ben oui, l’adolescent se demandait comment on pouvait se prostituer même pour de l’argent. C’est pourquoi il en avait déduit que Milos devait en retirer un quelconque plaisir. Mais soudain il réalisa que le jeune homme ne lui avait jamais parlé de son métier. Nathanel l’avait déduit tout seul. Il ne se voilait guère la face le monde était loin d’être rose. Bredouillant quelques vaines excuses, il finit par se résoudre dans un soupire. Tournant le dos à Milos, il laissa ses jambes se balancer contre le lit, ruminant de très sombres pensées.

« Je…..je ne connais….que…que les choses du sexe…..je….j’ignore….ce…ce que amour veut dire……les gestes tendres…..se….se sont….résumés à des….coups…..je….je n’ai….pas envie…..que tu vive….cette histoire….je…ne peux…a…accepter ton cadeau………de….demain….je…je m’en irais sûrement…….je….re…refuse que…..tu souffre…..à …à cause de moi….. »

Voilà, les choses étaient dites à présent. Nathanel préférait s’éloigner et retourner dans son monde de noirceur, sans que Milos n’ai à souffrir en découvrant cet univers. Il ignorait comment allait réagir son hôte. Mais ses épaules se mirent à trembler très légèrement. Il n’avait pas envie de repartir, pas comme ça alors qu’il venait seulement de trouver quelqu’un qui manifestait envers lui un peu de douceur. L’adolescent sentait sa volonté vacillante. Il lui suffirait d’une seule étreinte pour refuser et son esprit bataillait entre l’envie de rester et celle de partir. Finalement il laissait le choix au jeune homme. L’albinos était incapable car trop perdu.

[Milos Markios]

Milos posa un regard inquiet sur le jeune home en le sentant frissonner entre ses bras qui l’emprisonnaient dans une étreinte chaude. Frisson qu’il devinait ne pas être vraiment un frisson de froid. Il ne pouvait cependant pas lui mentir : il était vrai qu’il n’avait eut aucun client qui aurait pu ressembler à la description qu’il avait fait, mais il y avait toujours la possibilité qu’il soit allé voir un autre gigolo. Ce n’était pas comme si il était le seul gigolo de cette maison close. Loin de là. il ne restait donc qu’à espérer que ce ne soit pas le cas.

Afin de le rassurer plus que ses paroles, il s’affaira à lui caresser le dos puis les cheveux avant que sa caresse ne se mue en un certain massage. Un petit sourire naquit d’ailleurs sur ses lèvres en entendant le jeune homme soupirer contre lui, l’incitant à continuer.

Il le força ensuite à lever son regard vers lui. Nathanel se butant à toujours se dérober à son regard, il se voyait obligé de ne pas lui laisser autre choix que de lever ses yeux bleus vers lui, ne lui laissant pas d’autre alternative. Il ne fit tout de même pas durer ce croisement de regard bien longtemps, voyant le malaise du jeune homme, et vint poser un baiser rassurant contre son front.

S’ensuit ensuite de l’application de la crème contre les brûlures du jeune homme. C’est avec la plus grande douceur dont il pouvait faire preuve qu’il mit de la crème contre les nombreuses brûlures qui se trouvaient sur son dos. Il ne manqua pas de sentir le jeune homme se tendre sous ses mains, mais continua tout de même sa sale tâche dont il s’acquittait. Après tout, c’était pour que sa douleur s’amenuise quelque peu par après.

Cependant, il fit tout de même le plus vite qu’il le pouvait pour faire s’arrêter la souffrance du jeune homme qu’il ne pouvait ignorer. C’est après quelques minutes qu’il retira finalement ses mains du dos pâle du jeune homme. Tandis qu’il refermait le contenant de crème et le reposait contre la petite table de chevet qui se trouvait à côté du lit, il garda tout de même un œil sur le jeune homme qui ne bougea pas de cette position avant un bon moment, avant de se redresser.

Milos se retourna alors vers le jeune homme qui fixait encore et toujours les coussins du lit. Il préféra ne pas reprendre la parole et laisser un peu plus de temps au jeune homme pour ne pas le brusquer. Il le regarda tranquillement porter sa main à ses yeux. Le gigolo ne put s’empêcher d’hausser les sourcils en découvrant la véritable couleur des yeux du jeune homme quand ce dernier se tourna vers lui. Il finit néanmoins par lui adresser un sourire.

"Ils sont très beaux."

Avec son pouce, il enleva les larmes qui perlaient les yeux du jeune homme et coulaient contre ses joues avant que celui-ci ne détourne la tête et reprenne la parole en posant une question qui le surpris autant parce qu’il ne s’attendait pas à une telle question que parce qu’il ne s’attendait pas plus que le jeune albinos sache qu’il était un gigolo, quoique ce n’était pas très subtil vu l’endroit où ils étaient.

"Attirant? répéta-t-il avec une petite grimace intérieure. Comment je pourrais dire ça?... Ça fait plusieurs années que j’ai été habitué à voir plusieurs, hum, partenaires et j’ai vite appris à aimer ça. Alors il semblerait que si les incubes existaient, j'en serais un."

Il fit une nouvelle grimace en lui après avoir répondu à la question du jeune homme. Pour lui, malgré ce que le jeune albinos avait pu vivre avec son père pendant toutes ces années, il le trouvait si innocent que lui raconter qu’il était presque la luxure incarnée sonnait un peu trop déplacé à son goût pour Nathanel.

Il le vit se tourner une nouvelle fois pour ne plus lui faire face. Il ne le força pas à se retourner une nouvelle fois vers lui et le laissa balancer tranquillement ses jambes dans le vide, contre le lit.

"Je ne te laisse pas la possibilité de refuser mon cadeau. Quand quelqu'un nous donne un cadeau, il faut l'accepter et dire merci. Et tu ne partiras pas non plus. J'ai dit que je te protègerais et je tiendrai ma promesse. Et puis, de te savoir sans maison et sans rien me ferait probablement plus souffrir que si tu restes auprès de moi."

Le gigolo passa son bras autour de la taille du jeune homme et se pressa légèrement contre lui afin de le rassurer de sa présence. De son autre main, il vint appuyer quelque peu sur sa joue pour lui faire tourner légèrement la tête vers lui. Il l’embrassa alors sur la tempe, sur la joue, puis finalement sur la commissure de ses lèvres avant de lui souffler à l’oreille :

"Si tu le veux bien, je t'apprendrai à aimer."

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