Après la tempête

[Morgan d'Albertas]

Morgan avait ramené Orden au manoir aussi rapidement que possible, de ce fait les deux amants étaient à peine mouillés quand ils entrèrent dans le bâtiment. Le vampire qui avait porté étroitement contre lui le chasseur le reposa doucement au sol, lui volant un baiser au passage. Le moment au cimetière avait été doux et il serra un instant Orden contre lui avant de se détacher de lui. Des gens arrivaient et s'il ne devait pas trop ressembler à un amoureux transi, il devait mettre une petite distance physique entre lui et Orden.

Une femme brune aussi belle qu'immortelle s'approcha d'eux et après avoir jeté un regard sans grand intérêt vers Orden, chuchota quelques mots à Morgan qui acquiesça. La belle vampire disparut et il se tourna vers le prêtre.

"Vincent est introuvable. Il a mis un salon à sac avant de sortir. Il parait qu'il avait l'air fou d'inquiétude. depuis ils n'est pas rentré."

Le visage de Morgan s'était soudain empreint d'inquiétude, son esprit échafaudant plusieurs scénarios dans lesquels Vincent se retrouvait seul dans les rues, aux prises avec Isaac. Le jeune vampire était fort mais il ne ferait pas le poids face au seigneur de Kiev qui ne ferait de lui qu'une bouchée. Vincent devait être à leur recherche, fou d'inquiétude, et lui, comme d'habitude, n'avait pensé qu'à lui et avait préféré passer du bon temps avec Orden. Il se rendit soudain compte qu'il traitait vraiment mal son compagnon. Vincent lui donnait toujours tout et lui n'était même pas capable de mots tendres.

" Il peut être n'importe où...il nous recherche. Bon sang, j'étais hors de moi quand je l'ai quitté et je l'ai laissé en plan sans un seul mot d'explication."

Il passa une main nerveuse sur son visage, réfléchissant à ce qu'il fallait faire. Le plus sage serait de l'attendre ici. Le jeune vampire allait bien finir par revenir et ils parleraient de ce qui s'était passé...et tout rentrerait dans l'ordre.
Mais il y avait Isaac. S'il s'en prenait à Vincent? Morgan ne pouvait supporter cette idée.

"Je...je suis sûr qu'il va arriver d'un instant à l'autre" dit le vampire à son amant sur un ton un peu hésitant. "oui, il va arriver. Allons l'attendre au salon."

Il entraina Orden vers le petit salon qu'ils avaient laissé et qui n'était plus maintenant qu'un amas de ruine. Les fauteuils avaient été fracassé contre le mur et le reste du mobilier était bon à faire du petit bois pour la cheminée.

Morgan regarda le spectacle de désolation puis s'adossa contre le mur avant de se laisser glisser au sol, une expression inquiète sur le visage.

" Il doit m'en vouloir... depuis que tu es de retour, je n'ai passé aucun moment avec lui...décidément, je suis nul."

Il soupira et leva un regard un peu triste sur Orden.

" J'espère qu'il ne va rien faire de stupide. Il est tellement impulsif..."

Morgan se sentait un peu perdu face à l'inquiétude intense qu'il ressentait. Il voulait voir Vincent maintenant. Il voulait être sûr qu'il allait bien. Il détourna le regard, se rendant compte soudain qu'à étaler ainsi sa peur pour le jeune vampire, il risquait de froisser Orden. C'était si dur de se dédoubler... il aurait très bien pu ne plus s'encombrer de Vincent puisqu'Orden était revenu mais après avoir passé ces deux années avec son compagnon, il ne pouvait plus se passer de lui. Et en cet instant, il lui manquait affreusement. Il rêvait qu'il le prenne dans ses bras en lui murmurant qu'il l'aimait comme il le faisait d'habitude. Où était il à présent?

[Orden Rosenkreutz]

Orden était dans les bras de son amant. Ils rentraient enfin. Le prêtre était épuisé. Trop d'évènements se succdaient les uns aux autres dans une anarchie la plus totale, et il devait bien avouer que ça le déstabilisait. Entre Vincent Morgan et Isaac, les temps étaient plutôt durs. L'un le jalousait, l'autre le désirait mais aimait également le premier, quant au troisième il faisait de sa vie un enfer.

Ses pieds retrouvèrent bientôt le sol. Le prêtre sourit alors que son amant lui vola un baiser, cependant une femme admirablement belle et immortelle arriva du bout du couloir. Morgan s'éloigna de lui et tenta de cacher sa tristesse. En étant humain dans ce monde de vampires il serait difficile qu'on l'accepte et il ne savait dire pourquoi celà lui faisait autant de peine que son amant veuille à ce point sauver les apparences. Bien sûr il comprenait sa position, mais les choses étaient compliquées, vraiment trop compliquées. Il revint soudain à la réalité alors que le vampire prit la parole. Son coeur se sérra. Vincent était introuvable et le salon était sans dessus dessous. Pas étonnant vu la manière dont tous deux l'avaient quitté. Il se doutait qu'avec la jalousire excessive du jeune homme il en prendrait pour son grade. De toute façon il était trop fatigué pour répliquer.

Il n'eut pas besoin de le regarder pour voir l'inquiétude grandir. Malgré ce que disait Vincent Morgan tenait véritablement à lui. Il se surprit à penser qu'il n'avait pas du être bien traité tous les jours. Son amant était quelqu'un de dur parfois, et surtout de très maladroit en matière de sentiments. Il ne pouvait que lui pardonner la souffrance qu'il ressentait à l'instant. Orden était las. Juste aujourd'hui, il s'autoriserait à craquer lorsqu'il serait seul.

Morgan reprit la parole et le prêtre hocha la tête en signe d'assentiment. Il le suivit gardant une certaine distance pour ne pas montrer l'amour qu'ils se vouaient. Ils pénétrèrent tous deux dans le salon et Orden écarquilla les yeux devant le désordre qui s'étirait devant lui. Il lisait toute la tristesse et la colère du brun à travers les débris. Et d'un coup il ne se sentit pas la force d'affronter un nouvel orage. Lorsque le jeune vampire serait de retour la discussion serait probablement mouvementée. Son amant prit de nouveau la parole et l'ancien chasseur soupira. Il lui jeta un doux regard alors que celui-ci se laissait glisser au sol. Le prêtre vint s'accroupir devant son amant et releva amoureusement son visage. Il chercha autant qu'il pu à masquer sa tristesse, et lui offrit un sourire.


" Morgan.....arrête de te torturer. Passe quelques temps avec lui. Moi je vais me reposer et me refaire une santé. Ne pense qu'à lui. Donne lui ce qu'il désir. Vincent souffre beaucoup du fait que je sois revenu. Je crois que tu devrais lui accorder ton exclusive attention."

Orden s'étonnait lui-même de ce qu'il venait de dire. Bien entendu il ressentait une pointe de tristesse, mais il ne voulait pas que Vincent soit éloigné. C'était sa faute à lui si Morgan était déchiré à ce point là. Embrassant son front il s'éloigna pour venir s'asseoir contre le mur opposé. Au moins si le brun entrait il ne les trouverait pas dans les bras l'un de l'autre. Autant ne pas attiser sa colère. Renversant la tête il ferma les yeux. Ses doigts vinrent éffleurer les marques douloureuses de son cou.

" Je crois que tu devrais vraiment essayer de lui donner un peu d'amour Morgan. C'est peut-être idiot comme demande, mais, je crois sincèrement que c'est quelqu'un qui mérite bien plus que moi ce que tu me donne. Il t'es dévoué corps et âme. Et lui au moins ne t'a jamais fait souffrir comme je l'ai fait. C'est bête. J'ai vraiment l'impression d'être le véritable intrus parfois. "

Orden avait parlé d'une voix fatigué. Il ne se rendait pas vraiment compte de ce qu'il disait. Fixant son amant, il baissa la tête conscient qu'il l'avait probablement blessé, encore une fois.

" Pardon. Je n'aurais pas dû te dire ça......excuse moi Morgan, c'était maladroit. "

Le prêtre soupira. Il se sentait mal. Les évènements s'enchainaient, il ne contrôlait plus rien. A cet instant il voulait seulement s'allonger et ne penser à rien. Être là jusqu'à ce que le sommeil l'emporte.

[Vincent Lonenlill]

Tout s'était enchainé à une telle vitesse que Vincent n'avait pu réagir à un seul instant. Un instant Morgan était lové dans ses bras, parlant de chasse et se frottant à lui comme un chaton, et l'instant d'après il était livide et le quittait sans un regard, à la poursuite d'Orden.

Vincent était resté quelques instants immobile dans le grand fauteuil, trop stupéfait pour bouger. Puis la stupéfaction s'était muée en consternation et il n'avait même pas freiné les larmes qui lui étaient montées aux yeux. Une fois de plus, Morgan lui préférait ouvertement Orden. Il était parti derrière sans un mot, sans même une seule explication.
Quand la porte avait claqué derrière le brun Vincent s'était soudain senti très seul. Plus seul qu'il ne l'avait jamais été. Dans sa vie d'avant, il avait toujours été seul mais depuis que Morgan était rentré dans sa vie il avait retrouvé gout à son existence. Jusqu'à Orden. Orden qui revenait presque miraculeusement et qui le rendait invisible aux yeux de son compagnon. Depuis le retour de l'humain, ils n'avaient rien partagé ni même eu une véritable conversation. Tout tournait autour d'Orden. Orden, Orden, toujours Orden. Vincent n'en pouvait plus. C'était une véritable torture.

Ses larmes laissèrent vite place à une rage impossible à calmer. Le fauteuil s'écrasa contre le mur dans un fracas assourdissant. Un serviteur passa la tête parla porte mais le regard noir comme l'enfer que lui adressa Vincent le fit battre en retraite avec précipitation.

Quelques minutes plus tard, le salon n'était plus qu'un champ de ruine mais Vincent n'en était pas pour autant calmé. Il imaginait très bien la petite scène qui devait se dérouler à l'extérieur. Morgan et Orden se disputant, puis tombant dans les bras l'un de l'autre avant de s'envoyer en l'air encore et encore. Ca le rendait malade. Morgan allait de nouveau s'épuiser, s'affaiblir un peu plus et lui irait le sauver une fois de plus, lui pardonnant tout. Il se trouvait plutôt pathétique d'être ainsi amoureux alors qu'il était clair qu'il aurai toujours la seconde place. Mais que pouvait il faire d'autre? Partir? Oui, ce serait sans doute mieux. Morgan l'oublierait bien vite et il pourrait cajoler son humain autant qu'il le voudrait sans l'avoir dans les pattes.

Le jeune vampire se dirigea vers la fenêtre, toujours en proie à une tristesse sans fond. Il ne pouvait pas partir. Morgan était son Dieu, il lui avait donné son cœur, son corps et même son âme. Il pouvait bien lui arracher le cœur de son thorax, il le laisserait faire. Comment en était il arrivé à être aussi dépendant du vampire? Il lui manquait tellement qu'il avait envie de hurler. Et puis il y avait Isaac. Ce vampire de Kiev semblait prêt à tout pour anéantir Morgan et il avait besoin de lui.
Soudain la nuit lui sembla plus sombre et une horrible appréhension l'étreignit. Le mystérieux lien télépathique qui le reliait à Morgan lui disait qu'il était en danger.
Il ferma les yeux, se concentrant pour développer ce don qu'il ne possédait qu'à l'état embryonnaire. Au bout de plusieurs minutes, il vit des croix : le cimetière. Vincent se précipita, espérant qu'il n'arriverait pas trop tard.

Quand il arriva au cimetière, il n'y avait déjà plus personne mais le sentiment de danger imminent s'était évanoui, comme Morgan et Orden.
Le jeune vampire revint sur ses pas tout en espérant qu'ils seraient rentrés au château.

De retour, on l'informa que Morgan était rentré et qu'il était au petit salon et c'est d'une humeur noire qu'il entra dans la pièce. Morgan et Orden étaient là, tous les deux assis contre un mur, plutôt maussades l'un et l'autre.
Vincent chassa le sentiment de soulagement qu'il avait ressenti en constatant que tout allait bien et ignora ostensiblement Morgan avant de se diriger vers la fenêtre et de la fermer. Il ne savait pas pourquoi mais il avait froid.
Il regarda la pièce dévastée. Bah, ce serait l'occasion de renouveler le mobilier.

S'asseyant dans le seul fauteuil en état, il tourna le regard vers la vitre, s'efforçant de ne pas parler à son compagnon. Il en avait assez d'être traité comme un substitut et il devait ne pas revenir trop facilement. Morgan l'utilisait comme bon lui semblait et cela faisait trop souffrir Vincent.

" Il n'y avait plus personne au cimetière" dit t'il sur un ton las. "Avec ce vampire de l'Est qui traine dans le coin, j'aimerais bien que vous évitiez les petites scènes comme celle de tout à l'heure. C'était parfaitement inutile. J'en ai assez de vous courir après et de jouer les sauveteurs. De toute façon, il semblerait que je ne sois bon qu'à ça..."

Il se leva, épousseta une poussière imaginaire sur sa poitrine et tourna la tête vers Orden, ignorant toujours Morgan. Le regard qu'il posa sur lui était désabusé.
" Tu m'as dit il y a quelques jours que l'amour de Morgan ne pouvait pas être joué comme au poker. Je pensais que si mais tu avais raison. Il n'y a jamais eu de jeu parce que je n'ai jamais eu aucune chance de gagner. Même quand tu n'étais pas là il était à toi. Pour être franc, je t'ai détesté au moment où j'ai posé les yeux sur toi mais maintenant ça va mieux. J'ai compris."

Il se dirigea vers la porte, sans un regard pour son amant. Il ne voulait pas les entendre lui répondre. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Il n'y avait rien à ajouter.

" Je suis fatigué. Je vais me reposer dans ma chambre. Passe un peu plus tard si tu le souhaites, Orden. J'aimerais bien en savoir plus sur cet Isaac."

La porte se ferma derrière lui et c'est d'un pas las qu'il rejoignit sa chambre avant de s'écrouler sur son lit, luttant pour ne pas chialer comme un gosse. Il venait de prendre une décision et il savait qu'elle serait dure à appliquer : il allait veiller à ce qu'Orden survive jusqu'à la mort d'Isaac puis il lui laisserait la place. Morgan ne l'aimait pas, c'était un fait mais avec Orden il serait heureux. Puis Vincent partirait. Il voyagerait loin de New York et de Morgan , le plus loin possible. Cette existence le faisait trop souffrir pour que ça perdure. Une fois qu'il serait sûr que Morgan aura réussi son œuvre, il n'aurait plus besoin de son aide et il le laisserait avec Orden. Il espérait que son amant le regretterait un peu. Lui il ne l'oublierait jamais.

[Morgan d'Albertas]

Morgan était inquiet de la tournure des évènements. Contrairement à Vincent, il n'avait pas de don de télépathie et il n'avait aucun moyen de savoir où se trouvait son compagnon. Le fait de savoir qu'Isaac était en ville ne présageait rien de bon et il devait bien s'avouer qu'il avait peur pour le jeune vampire, pas assez expérimenté pour affronter les sévices mentales du prince de Kiev.

Il suivit d'un regard triste Orden qui alla s'assoir contre le mur en face de lui. Ses paroles lui firent enfin se rendre compte qu'il avait complètement négligé Vincent depuis le retour de son amant. Il avaient à peine échangé un baiser et quelques mots et Morgan prit conscience qu'il n'avait parlé que d'une chose à son compagnon : Orden.
Le vampire maudit sa maladresse et son manque total de réflexion. Comme toujours, il n'avait pensé qu'à lui, ne prêtant aucune attention à la souffrance qu'il causait à tous les êtres qui l'entouraient. Son égocentrisme ne lui avait jamais paru si écœurant.
Il lança un regard de reproche aux derniers mots du prêtre mais ne releva pas ses propos, pensant plutôt à ceux qui avaient précédé : donner de l'amour à Vincent. Il savait que le jeune vampire l'aimait comme un forcené mais les rapports de Morgan avec l'amour étaient tellement compliqués qu'il n'avait jamais considéré ses sentiments pour Vincent comme de l'amour. Certes il appréciait sa compagnie, il adorait sa fougue dans un lit, ses paroles parfois irréfléchies mais tellement attendrissantes, ses yeux qu'il pouvait contempler des heures sans se lasser...mais était ce de l'amour? Non. Il était sûr d'aimer Orden et ce qu'il ressentait pour Vincent était différent. Comme Morgan n'avait jamais aimé quelqu'un d'autre qu'Orden, il ne pouvait se référencer qu'à ce sentiment. Il avait peur de dire à Vincent qu'il l'aimait pour un jour se rendre compte qu'il s'était trompé...tout ceci était trop compliqué.

" C'est moi qui suis maladroit, mon Orden" répondit il avec douceur. " Je fais toujours tout de travers mais tu as raison. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'étais odieux avec Vincent...je lui en ai fait baver, le pauvre... et il est pourtant resté. Ça doit être horrible de voir que l'homme qu'on aime en aime un autre...et je n'ai pensé qu'à toi depuis ton retour. Je l'ai laissé seul...il faut que je lui fasse des excuses" soupira t'il, pensant déjà à la difficulté de l'épreuve.

Mais il ne put réfléchir bien longtemps. La porte s'ouvrit soudain, laissant entrer Vincent dans la pièce. Morgan ressentit un immense soulagement et s'apprêta à se lever pour se jeter dans les bras du jeune vampire quand il se retint, pensant à tout ce qu'il venait de dire et surtout, en constatant que Vincent fuyait son regard.
Il le regarda traverser la pièce, refermer la fenêtre et s'assoir dans un fauteuil miraculé. Le jeune vampire semblait si triste... il était au delà de la colère. Morgan se mordit la lèvre inférieure, conscient qu'il avait déçu son compagnon. Et cette idée lui semblait intolérable. Il aimait que Vincent l'approuve, il aimait voir de l'admiration dans son regard... pas cette tristesse et cette lassitude morne.
Pourquoi ne lui hurlait il pas dessus? Il aurait préféré la colère plutôt que ce silence glacé. Il avait profondément blessé le vampire cette fois ci, il en était conscient.

La voix de Vincent brisa le silence et ses mots, plein de désillusion, frappèrent le vampire de plein fouet. Il avait en effet traité Vincent comme un moins que rien. Du moment où Orden était revenu, il n'avait plus pensé qu'à lui. Et maintenant, Vincent lui manquait atrocement alors qu'il lui avait fait beaucoup de mal. Il était décidément irrécupérable.
Morgan voulait se lever, lui dire qu'il se trompait, lui raconter pour Isaac, mais il était comme tétanisé par la culpabilité. Il avait besoin de Vincent, de sa spontanéité, de ses bras entre lesquels il aimait s'endormir, de son amour... quand la porte se referma, lui aussi eut froid. Il n'était qu'un imbécile.

" Orden, tu as l'autorisation de me frapper jusqu'à ce que mon cerveau malade fonctionne enfin correctement" dit il avec une ironie tranchante. " Il fait tout pour moi et je le blesse chaque jour un peu plus."

Vincent était déçu, c'était flagrant et Morgan trouvait cette situation désagréable au possible. L'idée que Vincent le déteste lui était intolérable. Il se sentait soudain perdu et comme le petit garçon qu'immature qu'il était parfois, il vint se jeter dans les bras d'Orden.

"Tu crois qu'il me déteste? Moi à sa place je me détesterai..." lui demanda t'il avec appréhension. "Orden...qu'est ce que je dois faire? J'ai peur de faire encore tout de travers. Je ne veux pas le perdre..."

Il avait terriblement conscience qu'il était en train de demander des conseils à son amant pour reconquérir son autre amant mais il ne savait pas quoi faire. Morgan était un être à la dérive et malgré son apparente maitrise, il était complètement tributaire de l'affection que lui portaient les autres. C'était le manque d'amour qui l'avait fait devenir un monstre et c'était l'amour qui l'avait fait sortir du gouffre. Il ne pouvait plus vivre sans et la perspective de perdre l'amour de Vincent le rendait fou. C'était encore un acte égoïste, il en était conscient, mais il ne pouvait rien y changer. Orden et Vincent lui étaient indispensables et les attaques d'Isaac additionnées à la déception qu'il avait lu dans les yeux du jeune vampire le rendaient fébriles.

[Orden Rosenkreutz]

Orden était las. Les minutes s'égrainaient et le silence durait. Celà ne le gênait pas vraiment mais il sentait un certain malaise malgré tout. Il voyait bien sur le visage de Morgan que celui-ci était complètement perdu, comme il l'avait toujours été finalement. Et le vampire prit la parole. Le prêtre l'écouta et acquieça. Oui il avait été odieux avec Vincent. Le pauvre espérait jour après jour que l'amour naisse enfin dans le coeur de son amant. Il ne connaissait pas ce sentiment, mais ce qu'il devait éprouver était véritablement insupportable. Un sourire faiblement ironique arqua ses lèvres pales. Il doutait que de simple excuses suffisent cette fois. Cependant il garda cette reflexion pour lui, afin de ne pas blesser le vampire.

C'est alors que Vincent se montra enfin. Le prêtre fixa son attention sur lui et nota l'aura de lassitude qui émanait de sa personne. Il le contempla lascivement aller fermer la fenêtre puis venir un des rares fauteuils encore en état. Il évitait le regard de Morgan c'était évident. L'incident était bien plus grave qu'il n'y paraissait et bien qu'il ne montait pratiquement rien, il sentait que le brun était profondément blessé. Et ses paroles le confortèrent dans cette idée. Orden l'écouta, son coeur se sérra. Cette impression qui l'envahissait était horrible. Non il n'y avait jamais eu de jeu. Morgan ne lui avait pas laissé sa chance, et lui non plus. Dans un sens il avait contribué au malheur du jeune vampire et il ne pu se résoudre à ne rien faire pour lui. Il voulait l'aider. Au delà de son propre orgueil il ne voulait pas abandonner Vincent.

Alors il le laissa partir sans rien dire, et le silence s'installa de nouveau. Pauvre Vincent. Voilà ce qu'il pensait. Il éprouvait une profonde tristesse pour lui, et il ne voulait pas le laisser ainsi. C'était ce même sentiment qu'il avait éprouvé autrefois avec Morgan, sauf que là ce n'était pas dû à l'amour. Orden détestait voir les gens de son entourage souffrir. Aider avait toujours été sa vocation première. Aujourd'hui les choses restaient inchangées. Il ne laisserait pas Vincent s'enfuir ainsi. Il savait ce qu'il allait faire, car lui-même avait pensé ainsi dans l'intérêt de Morgan. Non le prêtre ne lui permettrait pas de partir. Le brun ne méritait pas une telle punition. Après tout ce qu'il avait fait.

Morgan le rejoignit pour se jeter dans ses bras. Orden l'entoura d'une douce étreinte et caressa ses cheveux d'ébène. Il soupira cependant à ses paroles. Embrassant son front il lui dit d'un ton doux.

" Morgan arrête. Je t'ai déjà dis que je trouvais agaçant de te voir t'apitoyer sur ton sort. Vincent ne te déteste pas. Il t'aime très sincèrement. Seulement je crois qu'il est las d'attendre, car il a l'impression qu'il n'a pas de place entre nous deux. Je crois qu'il pense que tu l'utilise comme un jouet pour compenser. Il doit certainement ignorer que tu tiens très sincèrement à lui. Je sais aussi que tu es perdu face à cette situation. Ce sentiment que tu éprouve pour Vincent, tu es incapable de savoir si il s'agit d'amour ou d'autre chose, parce que je crois que tu le compare à notre histoire. Mais chaque histoire est différente Morgan. On ne peut aimer quelqu'un d'une manière identique, mais ça n'enlève pas la force des sentiments. Je sais que tu as peur de le blesser, mais c'est en agissant comme tu le fais que tu le blesse davantage. "

Le prêtre marqua une pause, embrassa le front du vampire puis reprit.

" Si tu me le permets j'aimerais aller discuter avec Vincent. Toi je pense que tu devrais aller te reposer. Une possession ce n'est jamais très positif pour la forme physique. Mais une chose. Ne crois pas que ce que je fais me blesse, ni même cette situation. Je sais notre amour assez fort pour surmonter n'importe quoi. Et je suis tout a fait prêt à accepter Vincent dans notre histoire. C'est quelqu'un d'interessant et d'intelligent. Je serais vraiment attristé que les choses se terminent ainsi entre toi et lui."

Orden ressera son étreinte autour des épaules du vampire. Il lova son visage contre son épaule et caressa amoureusement ses cheveux. Il était bien décidé à arranger les choses entre les deux vampires. Vincent ne méritait pas ça et Morgan non plus. Quitte à être s'éffacer durant quelques temps. Ils devaient se réconcilier. Le brun était un allié de choix dans ce monde de requin, et Morgan avait une confiance aveugle en lui. Vincent était le seul à pouvoir le protéger, et il voulait que son amour envers le vampire lui soit enfin rendu.

Relevant le visage de son amant, il embrassa ses lèvres, amoureusement.

[Morgan d'Albertas]

Orden avait refermé les bras autour de lui mais Morgan avait toujours froid. Chez lui, ses prises de conscience souvent tardives lui faisaient l'effet d'une douche froide tant elles étaient brutales. Comme d'habitude, il avait fallu en arriver à des extrémités pour qu'il se rende compte de ses erreurs, à savoir ici qu'il traitait mal son compagnon, le rendant totalement dépendant de lui pour mieux le laisser tomber à la première occasion. Il s'était conduit une fois de plus comme une véritable ordure.

Il écouta les paroles d'Orden , des paroles sages qui avaient le pouvoir de lui faire voir les choses plus clairement. En effet, il s'apitoyait de nouveau sur lui même et en devenait pathétique. Il avait mal traité Vincent mais il allait se racheter. Il se rendait compte qu'il avait laissé Vincent dans l'idée qu'il n'était que la troisième roue du carrosse, ce qui était faux. Vincent ne ressemblait en rien à Orden, il ne l'avait pas remplacé. Il l'avait choisi parce qu'il aimait sa personnalité, son physique et tout ce qui était lui. Ca, il ne lui avait jamais dit.
Orden avait aussi raison sur le point qu'il comparait toujours sa relation avec Vincent avec celle qu'il entretenait avec Orden. C'était trop différent pour être comparable, il en avait à présent conscience.

Le vampire se laissa embrasser docilement avant d'attraper la main du prêtre et la porter à ses lèvres.

" Mon amour, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Tu as raison pour tout. J'ai fait du mal à Vincent...peut être un peu trop même. Par tous les diables! J'ai même été odieux parfois."

Il soupira, pensant aux nombreuses fois où il restait prostré dans son monde, sourd aux appels de son amant qui tentait de savoir ce qui n'allait pas, ou à la manière dont il l'avait fait tomber amoureux de lui sans jamais lui montrer que ce sentiment était réciproque. Jamais un mot d'amour. Jamais de promesse. Vincent avait été trop patient avec lui. Aujourd'hui avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

" J'étais tellement mal sans toi...j'avais peur de retomber amoureux et quand tu es revenu j'étais tellement heureux que j'en ai occulté tout le reste. Il faut que je lui dise tout ça mais je ne crois pas qu'il soit en mesure de m'écouter pour l'instant. Il ne m'a même pas regardé tout à l'heure..." finit il sur une note chagrine.

"Je crois qu'il a envie de parler avec toi. Il t'a demandé d'aller le voir pour parler d'Isaac mais je crois surtout qu'il se sent horriblement seul. Je vais aller me reposer un peu. Je dois recouvrir toute mes forces pour quand Isaac refera parler de lui. "

Il se leva et attrapa la main d'Orden pour l'aider à se lever à son tour. Il saisit le visage du prêtre entre ses mains et déposa un petit baiser sur ses lèvres.
" Je dois rapidement finir de lire un rapport important sur le remaniement du ministère de la justice qu'on m'a remit il y a quelques heures puis j'irai dans ma chambre. Occupe toi bien de mon petit Vincent. "

Il l'embrassa une dernière fois; lui tendit un regard dans lequel le souci se lisait clairement et il disparut.

[Orden Rosenkreutz]

[=Chambre de Vincent]

[Pas de soucis Momo on en a pas pour très longtemps ]

[Contenu sponsorisé]