retrouvailles

[Morgan d'Albertas]

La voiture de Hans filait à toute vitesse dans les rues de la ville. Il fallait bien admettre que le vampire était un excellent conducteur et Morgan, un sourire plaqué sur les lèvres, profitait de la ballade, aussi insouciant du danger que son voisin.
Il tourna le regard vers Hans, qui, les lèvres pincés et le regard fixe, se concentrait sur sa conduite. Le sourire de Morgan s'agrandit tandis qu'il détaillait à loisir la merveille assise à côté de lui. Des souvenirs lui revinrent à l'esprit. Il se souvenait de la peau douce du Blond, du goût de sa peau, de son sang. Il se souvenait des cris qui s'étaient transformé en gémissements et du corps alangui sous lui quand il avait enfin réussi à le soumettre au désir. Avoir Hans avait été une expérience fabuleuse mais quelque peu frustrante. Le beau vampire avait disparu sans lui laisser l'opportunité de recommencer et Morgan en avait boudé quelque temps. Mais aujourd'hui, il était temps de continuer ce qu'il avait commencé.

La ballade s'acheva trop rapidement. Hans s'était arrêté sur Broadway et lui demandait de descendre. Morgan le regarda avec désapprobation. Il n'avait pas envie de sortir de cette voiture et laisser Hans retourner d'où il venait.

" Et si je n'ai pas envie?" lui répondit il dans un sourire avant de se déplacer souplement et de venir humer le parfum de son visage.

" Tu as aimé...tu disais non mais ton corps a fini par obéir docilement au mien. Je t'ai fait hurler mon nom alors maintenant tu te persuades que tout ça n'était qu'un simple viol. Mais tu as aimé, Hans. N'oublie jamais ça. Alors, arrête de me dire que je te fais horreur. Tu me détestes,soit. Je t'ai assez fait souffrir durant tous ces siècles pour que tu m'en veuilles. Mais du temps est passé. Je ne te ferai plus souffrir mais quand je t'ai vu, tout à l'heure, j'ai voulu te parler. Donne moi un peu de ton temps, si tu ne veux qu'il ne se passe rien entre nous il ne se passera rien mais donne moi juste un peu de ton temps. Tu as toute l'éternité pour toi, un moment avec moi ne va pas te tuer, non?"

Morgan ne s'était jamais fait au départ d'Orden et Hans lui rappelait son passé, il était comme une sorte de leitmotiv qui l'avait guidé durant tous ces siècles. Il n'avait même pas conscient de la tristesse renfermée dans ses propos.
Hans sentait bon et Morgan brûlait de poser ses lèvres sur sa gorge d'albâtre mais il n'en fit rien. Il avait toujours utilisé la mauvaise méthode avec Hans, il s'en rendait compte maintenant.

[Hans Kieffer]

Hans, les mains agrippées au volant et les yeux obstinément fixés devant lui, se refusait à regarder Morgan. L’avoir accepté dans sa voiture n’avait vraiment pas été une bonne idée et il s’en voulait terriblement pour cette erreur. Trop de mauvais souvenirs remontaient à sa mémoire. Du plus loin qu’il s’en souvienne, Morgan avait toujours été là. Il y avait bien sûr eu quelques années de répit. Il n’était qu’un tout jeune vampire quand il l’avait croisé pour la première fois. Cette nuit, il participait à une fête organisée par l’un de ses congénères. Il était venu accompagné de son Sire qui, à l’époque, veillait jalousement sur lui. Hans avait toujours attiré la convoitise mais d’une nature fidèle il avait toujours repoussé les avances qui lui avaient été faites. Pourtant ce soir il s’était montré charmant avec le bel inconnu qui lui témoignait un vif intérêt. Tant est si bien que son Sire en avait été jaloux et tous deux avaient quitté la fête. Hans avait alors promis de ne plus parler au beau Morgan. Celui-ci avait donc commencé une cour assidue auprès du jeune vampire qui, fidèle à ses principes, n’y répondit jamais. Un soir, Morgan en eut assez d’attendre et le Sire de Hans succomba à une attaque du vampire. Hans aimait son amant et si Morgan crut qu’en se débarrassant de lui il pourrait coucher Hans dans son lit, il s’était trompé. A partir de ce moment, Hans l’avait fui comme la peste, le repoussant avec violence, mais Morgan, durant les siècles qui avaient suivi, avait continué à le harceler. Hans en avait développé une profonde paranoïa. Morgan était devenu totalement obsédé par lui et son harcèlement de plus en plus violent.
Un jour Hans partit, changea de nom et crut être tranquille. Mais Morgan finit par le retrouver et profitant du manque de préparation de Hans, lui fit enfin ce qu’il rêvait de lui faire depuis des siècles. Hans avait lutté de toutes ses forces mais son adversaire était devenu terriblement fort et il n’avait rien pu faire. Mais la pire honte de son existence était qu’à la fin, il avait aimé ce qui s’était passé. Au début, Morgan lui avait fait mal. Il l’avait affaibli physiquement et mentalement mais il s’était montré par la suite un amant des plus doués et le corps meurtri et en manque d’affection depuis si longtemps de Hans avait réagi et le plaisir l’avait emporté.
Quand il s’était dissipé, Morgan l’avait laissé, nu et meurtri, lui promettant de revenir et Hans avait de nouveau fui. Depuis, personne ne l’avait touché. Chaque main qui le frôlait était celle de Morgan, son visage se superposait sur celui des autres. Morgan avait réussi à être au centre du monde de Hans.

Alors dans cette voiture, à la merci du vampire, Hans se maudissait d’avoir été aussi inconscient de le laisser entrer. Cela ne se voyait pas mais il avait terriblement peur de Morgan, de son désir pour lui, de sa violence, mais il avait aussi peur des propres réactions de son corps car il ne survivrait pas à une nouvelle nuit de plaisir avec son ennemi.

Quand le vampire se rapprocha soudain de lui, si près qu’ils pouvaient se toucher rien qu’en remuant légèrement, Hans paniqua. Ses mains se crispèrent sur le volant et c’est avec angoisse qu’il écouta ce que disait Morgan. Mais pourquoi disait-il toutes ces choses ? Morgan était un beau parleur, il savait manipuler les corps comme les âmes et Hans avait peur de l’écouter. Selon Morgan, il voulait juste passer un peu de temps avec lui mais Hans savait que c’était un mensonge. Morgan voulait le prendre, rien de plus. Mais son ton était si sincère qu’il arrivait à l’en faire douter. Il ferma les yeux, ses mains tremblant légèrement sur le volant et il tenta de garder une voix ferme.

« Comment peux tu venir ici et me dire tout ça après tout ce qui s’est passé ? Tu as tué celui que j’aimais pour m’avoir puis tu m’as harcelé pendant des siècles. Ensuite tu m’as pris de force et tu m’envoies au visage qu’en fait j’ai aimé ça ? Je vais te dire un secret, Morgan. J’aimais celui qui m’avait crée et depuis sa mort, je n’avais laissé personne me faire ce qu’il me faisait si bien. Puis tu as décidé que tu avais le droit de prendre ce qui t’était refusé. Mon corps n’avait pas été touché depuis très longtemps et il m’a lâchement trahi. J’en ai honte mais c’est comme ça. Après cette nuit, je t’ai détesté encore plus et le contact de mains sur mon corps n’en a été que plus odieux. «

Il tourna vers le vampire un regard plein de rage et de désespoir mêlés.[/i]« J’espère que tu es content de toi. Je suis voué à la solitude grâce à toi. C’est toujours toi qui me touche à travers mes amants alors je n’en prends plus. Regarde ton œuvre et va t’en d’ici. Ou alors, prend moi, puisque de toute façon c’est la seule chose que tu veux, puis sors une bonne fois pour toute de mon existence. »

[i]Quand une larme coula hors de ses yeux, il détourna la tête et l’essuya d’un geste tremblant. Il se montrait faible et il détestait ça mais il devait le dire. Dans un sens il se sentait un peu libéré d’un gros poids.

[Morgan d'Albertas]

Morgan ne s'était pas attendu à ce genre de réaction. D'habitude, Hans lui crachait sa haine au visage et Morgan se délectait de l'expression furieuse et passionnée du Blond à cet instant. Hans était magnifique quand il était en colère. Ses yeux bleus lançaient des éclairs et le contraste entre ses lèvres renversantes et les mots qui s'en echappaient avaient le don de l'exciter au plus haut point. Pendant tous ces siècles, jamais Morgan ne s'était soucié de ce que pensait Hans. Il avait envie de lui, donc il se devait de l'avoir, le reste était sans importance.
Mais la réaction du vampire le prit au dépourvu. Jamais Hans ne lui avait parlé ainsi et il déouvrait l'existence qu'il menait, solitaire, triste, désespérée. Par sa faute, bien entendue.
Le sourire disparut du visage de Morgan. En revoyant Hans il était un peu redevenu celui qu'il était avant...froid, cruel, égoîste jusqu'à l'écoeurement. Orden lui avait donné un coeur et la vision de ce qu'il avait fait subir à Hans lu idonnait la nausée. Il avait détruit tans de vies juste pour satifaire ses besoins et sa solitude. Hans n'avait pas été le seul à subir son désir mais avec le blond, Morgan avait été la cruauté incarnée. Maintenant qu'il avait retrouvé un semblant d'âme, tout cela lui apparaissait comme monstrueux.

Des larmes coulèrent sur les joues de Hans et Morgan détourna les yeux, gêné. Une fois de plus, il rouvrait des blessures alors qu'il avait juré de changer. Malgré cette volonté, il avait du mal à enterrer ses vieux démons, qui au premier moment de faiblesse, surgissaient à nouveau.

"Je sais que que tu ne me crois pas mais j'ai changé. Je ne te violerai pas et je suis même désolé de tout ce qui est arrivé. Il y a une époque, je croyais que tout m'étais du. J'étais aveugle mais aujourd'hui j'ai des responsabilités et j'ai rencontré des personnes qui m'ont fait évoluer. Je ne te dis pas que je suis un saint bien entendu" lui dit il sur un ton amusé, cachant sa nervosité.

"Quand je t'ai vu, j'ai été victime d'anciens reflexes alors que je voulais juste être aimable et profiter de ta présence. Je ne peux pas nier que j'ai toujours envie de toi. Tu es magnifique et si tu me proposais de coucher avec toi, je ne refuserai évidemment pas...mais ce qui s'est passé autrefois e se repassera plus, je te le promet. "

Il se tourna à nouveau vers lui et détailla son profil aquilin.

" Je suis content de t'avoir revu. Ces derniers temps, je n'ai plus aucun repère. Le monde est complètement chamboulé et te revoir me fait du bien...tu vois, je suis toujours aussi égoiste..."

Il lui lança un sourire.

[Hans Kieffer]

Hans n'en revenait toujours pas de s'être ainsi ouvert à Morgan. Il se sentait si faible en sa présence, si mortel. Morgan était son enfer personnel. Il le tourmentait sans jamais s'en lasser et il ne se sentait pas capable d'en supporter plus. Ses mains en tremblaient de nervosité. Il fixait la rue droit devant lui car il ne pouvait pas regarder le brun. Il s'écroulerait s'il le le faisait.

Il attendait à présent les railleries qui n'allaient sûrement pas tarder à venir. Morgan savait toujours très bien exploiter ses faiblesses et les utiliser contre lui, il n'allait sûrement pas lui faire de cadeaux aujourd'hui.

Et pourtant, Morgan parla d'une manière qui firent s'étrangler d'étonnement Hans. Morgan ne se moquait pas de lui. Il s'excusait!!!!!! Hans se retourna vivement vers lui, cherchant la raillerie du regard gris mais la sincérité qu'il y lut le désarçonna et le força à détourner les yeux une seconde fois. Hans n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait. Morgan ne pouvait pas dire la vérité. Il était le mal absolu, il lui était impossible de devenir un autre.

" On ne peut pas changer, Morgan. Tu es mauvais, tu le resteras. Comment un être aussi noir que toi pourrait changer? Tu peux donc tourner le dos à tous ces gens que tu as tué? A ceux que tu as torturé juste pour te faire passer le temps? Tes mains sont tellement rouges que tout ce que tu touches se tâche de sang. Ne me fais pas croire que tu es devenu quelqu'un de fréquentable...et quand bien même, que veux tu que je te répondes? Que je te pardonne? Que je veux bien écarter les cuisses puisque tu es un homme neuf?"

Sa voix n'était plus qu'un murmure. Hans avait peur de ce nouveau Morgan. Le monstre était à présent tapi derrière un masque trop séduisant pour être honnête. Quand il avait rencontré Morgan pour la première fois, il l'avait trouvé attirant, inconscient du monstre blotti derrière le visage angélique et aujourd'hui, ce monstre était revenu se cacher derrière une apparente sincérité qui ne pouvait cacher que de la duplicité.

" Tu te souviens sans doute de notre première rencontre...tu étais beau et j'étais complètement sous le charme. Mon Sire m'en avait fait une telle crise de jalousie que je lui avais promis de ne plus jamais t'adresser la parole. Tu avais pris mon refus pour du snobisme mais j'avais juste promis à mon compagnon pour ne pas lui causer de peine. Je ne voulais plus te revoir parce que j'avais peur de succomber...mais quand tu as tué mon Sire, cette attirance s'est envolée... Aujourd'hui, tu es toujours aussi beau et si je ne te connaissais pas je t'aurais déjà invité dans ma chambre mais je sais que ta beauté n'est qu'une tromperie. Je suis désolé moi aussi Morgan, mais je ne peu pas te pardonner et discuter avec toi comme de bons vieux amis. C'est au dessus de mes forces... sors s'il te plait..."

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