jalousie et états d'âme

[Vincent Lonenlill]

Vincent avait préféré quitter le manoir et ce, malgré sa promesse faite à Morgan de ne pas rester seul hors de ses murs. Il avait l'impression d'étouffer et chaque instant qui passait renforçait ce sentiment d'oppression. Il était aux prises avec mille sentiments diverses et cela le rendait toujours plus maussade et irascible. Ses rapports avec Orden s'étaient améliorés et le jeune vampire ne savait plus quoi penser de sa jalousie et des sentiments d'amitié qu'il ressentait pour l'humain. Par moments, ils étaient presque complices et à d'autres il se surprenait à avoir envie de l'étrangler. Tout était tellement plus simple avant. Avant il n'y avait que Morgan et lui. Maintenant, Morgan ne voyait plus qu'Orden, le couvant de regards ardents dès qu'il le voyait et ne jurant plus que par lui. Le pire était qu'il ne comprenait pas la réaction de Vincent. Pour lui, fréquenter deux personnes à la fois n'était pas un drame.
Pourtant pour Vincent s'en était un. Avant qu'Orden ne revienne Morgan n'avait jamais été d'une grande fidélité mais il s'agissait seulement de sexe et rien de plus. Vincent savait qu'il était plus que ça. Mais avec le retour de l'humain, il n'en était plus sûre et même les mots de réconfort du jeune homme n'arrivaient pas à lui faire penser le contraire.
Depuis sa dernière dispute avec Morgan, Vincent était en colère contre lui et l'évitait malgré la douleur que ça lui occasionnait. Il pensait que son amant en souffrirait et viendrait le voir mais Morgan en avait pris ombrage et boudait de son côté. Peut être était il trop fier pour enfin lui dire les simples mots qu'il attendait depuis longtemps...ou peut être il s'en fichait complètement. Pire, Morgan, pour le faire réagir, s'était encore plus rapproché d'Orden, ne manquant pas un moment de l'enlacer en sa présence...le jeune vampire n'arrivait plus à le supporter. Il croyait son amour à jamais à sens unique et il ne savait plus quoi faire pour rétablir la situation. Il était trop fier pour aller ramper aux pieds de Morgan mais il mourait à petits feux de ne plus l'avoir à ses côtés.

Il était donc sorti du manoir pour se vider l'esprit et ses pas l'avaient mené au cimetière. Avant qu'il s'en soit rendu compte il se trouvait devant une tombe bien connue. Samuel.

Aussitôt, un flot de souvenirs qu'il croyait oubliés revint à sa mémoire. son frère.

Ses genoux se dérobèrent sous ses pieds tandis que ses yeux ne pouvaient se résoudre à quitter la pierre tombale. Son frère. Assassiné par lui. Pour elle. Tout avait commencé par ce meurtre.
Vincent se sentit soudain très fatigué et c'est d'une voix atone qu'il brisa le silence, parlant pour la première fois depuis le meurtre à son frère.

" Tu dois bien rire de là où tu es. Si tu voulais te venger, tu n'aurais rien pu inventer de mieux...Samuel...pourquoi coucher avec elle? Tu pouvais avoir toutes les femmes que tu voulais...et je t'ai tué. Me pardonneras tu un jour, mon frère?"

Puis se rendant compte qu'il parlait tout seul, il se laissa aller à un petit rire nerveux avant de se retourner et de s'assoir sur la pierre tombale.
Il se sentait vide et seul. Lui qui avait toujours cherché à être aimé, il se retrouvait comme toujours tout seul, son amour parti avec un autre. Etait il destiné à toujours être mis à l'écart? Pouvait il un jour devenir moins invisible qu'il ne l'était? Morgan lui manquait affreusement et sa solitude le glaçait. Il n'avait même plus envie de revenir au manoir.

[Jeni Liimatainen]

Cypress Hill Cemetery Mais quel endroit tout à fait charmant pour une promenade nocturne !
Même pour un vampire aussi peu enclin au romantisme ( mais était ce vraiment vrai...) que lui, l'endroit avait un charme tout à fait prenant.
En entrant dans ce lieu de repos et de plénitude –du moins pour ceux qui se trouvaient six pieds sous terre- le vampire sentit la présence de sa proie. En effet, son mental n’était pas au beau fixe, loin de là.
C’était souvent comme cela avec les jeunes promus.
Passer du stade d’humain à celui de vampire avait de quoi déstabiliser les plus braves, alors une lopette comme celui-là…
Avec un mauvais sourire de départ dont il se départit bien vite, Jeni s’avança dans l’allée du cimetière, se forgea un visage d’une douce innocence, se pulvérisa un peu de larmes dans les yeux avant de venir se planter devant la première vicxtime qu’Isaac lui avait désignée.
Son maître avait raison. C’était un jeune vampire qui gardait encore largement les traces de son humanité. Bien trop d’ailleurs. Il n’irait pas loin à ce train là, du moins…Si son protecteur ne lui prêtait pas main forte.

En effet, Isaac avait raison. Lonenlill parlait même aux morts…
Eh bien après tout, si ça lui plaisait…Pour le coup il avait peu de chance de se faire envoyer sur les roses, guère plus d’ailleurs qu’il n’avait de chance d’avoir une réponse…
Mais là n’était pas le propos.
Un coup d’œil rapide à l’épitaphe lui donna une idée. Une idée belle et machiavélique comme Jeni se targuait d’en avoir de temps à autre.
C’était raté pour ce soir mais…

"On dit que le temps passe qui vient fermer les blessures mais je n’y crois pas trop…"dit il d’une voix douce et grave, jetant à sa proie un regard d’une pure innocence et plein de sollicitude qui semblait si vraie qu’il était littéralement impossible d’en douter.

"Le temps n’a jamais fermé les miennes."

Il sourit intérieurement.
Pour cela il aurait fallu qu’il ai des blessures au cœur et donc…Qu’il ai un cœur capable d’en avoir ce qui n’était historiquement pas le cas. Allez si, une fois, ce mendiant à qui il avait donné plus qu’il ne l’avait jamais fait avec personne. Erzebeth. Oui, peut-être. On pouvait même dire qu’il avait conçu du chagrin de la mort d’Erzebeth qui lui avait refusé de devenir un vampire. Le sot !

"C’est une belle soirée pour venir rendre visite à ceux que nous avons perdu n’est ce pas ?"

Il n’avait perdu personne à qui il tint une tant soit peut depuis fort longtemps.
Et puis ce n’était pas non plus comme s’il était capable de s’appitoyer sur le malheur de quelqu’un. Déjà pas même sur le sien, c’était dire.

De nouveau, il décocha à Lonenlill un sourire plein de commisération, de charme et de douceur tout en continuant à étudier sa victime. Qu’il lui semblait fragile, facile à berner, probablement trop tendre et trop peu enclin à se laisser aller à la méchanceté.
Un bon samaritain quoi. Le genre qui devait céder sa place aux vieilles dames dans les transports en commun si toutefois il les empruntait, qui devait gazouiller avec les gamins des autres comme un grand niais et qui par voie de conséquence devait se montrer incapable de se nourrir sans en éprouver des remords.
Pouah !

Et toujours sur le visage calme, ce merveilleux sourire angélique qui s’alliait si bien à la beauté tout aussi céleste de Jeni alors que tout au fond de ce qui lui restait d'âme, se tramaient déjà de noirs desseins.

[Vincent Lonenlill]

Vincent eut un sursaut de conscience quand il se rendit soudain compte qu'il parlait à une pierre tombale et que contrairement à lui qui avait gardé sa jeunesse dans la mort, son frère achevait de pourrir sous ses pieds, incapable de l'entendre ni de lui répondre. Il se trouva plutôt pitoyable à monologuer ainsi, lui qui ne croyait ni en ces conneries d'âme ni en Dieu...encore moins en la rédemption. Il n'y avait pas besoin d'expier ses fautes. Quand elles étaient commises, on ne pouvait plus revenir en arrière, rien de plus.

Accroupi face à cette tombe vide, Vincent sentit soudain une présence s'approcher de lui. Un vampire, à en croire par l'absence du son d'un cœur battant dans ne cage thoracique et par ses pas silencieux. Il ne se retourna pas cependant, peu enclin à débuter une conversation. Avec un peu de chance l'importun allait poursuivre sa route.

Ce qu'il ne fit pas. Une voix douce s'éleva derrière lui. Des mots étranges dans la bouche d'un vampire. Les créatures de la nuit ne regardaient pas souvent vers le passé. Peut être était ce un jeune vampire, tout comme lui, qui n'avait pas encore perdu toutes ses habitudes et ses souvenirs d'homme.

L'inconnu avait l'air de vouloir être aimable mais Vincent n'avait pas très envie de s'épancher sur ses problèmes comme semblait vouloir l'inciter le vampire.

Il se releva, épousseta légèrement ses genoux couverts de poussière et se retourna vers l'inconnu, ayant retrouvé un visage neutre. S'il en croyait ses paroles, l'autre avait souffert en perdant un être cher et le visage angélique qu'il lui tendait ne le poussait pas au soupçon. Pourtant, Vincent érigea une barrière mentale dans son esprit comme Morgan le lui avait appris, empêchant une éventuelle intrusion.

" Je ne sais pas en fait ce que je fais ici. " lui répondit il sans répondre à son sourire. fidèle à lui même, Vincent ne feignait ou ne simulait jamais un sentiment ou une pensée, il n'allait pas se forcer à sourire alors qu'il n'en avait aucune envie.
" L'odeur de la viande pourrie remonte jusqu'ici."

Son frère n'était plus, il n'y avait pas moyen de racheter ses crimes.

"Et vous? Un être cher est aussi en train de se décomposer sous nos pieds?" lâcha t'il avec cynisme. Certes, il se montrait sûrement odieux avec l'inconnu qui allait à tous les coups disparaitre, mais il ne sentait pas la force d'être aimable, même si le visage doux et gracieux du vampire inspirait la sympathie.

[Jeni Liimatainen]

Ca ne serait peut-être pas aussi facile que le pensait Isaac. Pourtant, il avait raison sur un point : Lonenlil était un rookie. Il voulait donner le change mais on entendait dans les intonations de sa voix que ce n’était pas dans ses habitudes.
Il voulait se monter un mauvais garçon mais il était un agneau. L’aura de son maître était omniprésente, ce qui n’était pas anormal étant donné les circonstances. Il était passé par ce stade de dépendance, physique et morale, lui aussi, il y avait des années de cela.

"Connaissez vous la souffrance de voir vieillir à vos côtés quelqu’un que vous aimez alors que vous, vous restez aussi jeune que lorsque vous vous êtes rencontrés ? Avez-vous déjà ressenti les affres dans laquelle sa mort peut vous plonger ?"

Il s’appuya contre le mur de la petite chapelle qui servait de centre à cette partie du cimetière et se laissa lentement descendre les fesses sur ses talons. Certes il ne répondait à la question qui venait de lui être posée que par une autre question mais c’était comme cela que le jeu était le plus amusant.

"Je vois bien que non. Cela fait peu de temps que l’on vous a fait ce triste cadeau qu’est l’immortalité n’est ce pas ?"

Jeni passa en revue tout ce qu’Isaac lui avait dit sur ses ennemis. Il se demandait à présent quel serait le meilleur moyen pour frapper Morgan d’Albertas au cœur. Il lui semblait un peu étrange qu’un vampire de cet âge s’encombre de sentiments humains, déstabilisants et navrants. Qu’il collectionne les amants et qu’il n’en n’eut jamais assez, bon, cela se comprenait aisément mais qu’il se tienne prêt à risquer autant que son maître le prétendait pour les savoir sains et saufs, cela tenait à ses yeux du pitoyable inexcusable.
Enfin cette bassesse aurait pu durer encore des éons parce que après tout, chacun vivait la vie qui lui convenait.
Sauf que son maître avait ses raisons pour que d’Albertas en crève.

Et lui il était là uniquement pour plaire à son maître. Par tous les moyens.

"Mais vous apprendrez…à vos dépends que ce cadeau que l’on nous a fait est un peu comme la pomme rouge, juteuse et tentante d’un certain conte pour les petits enfants. Empoisonné…"

Il le regarda assis sur la tombe de son frère. Pauvre idiot. Le plus heureux des frères Lonenlill n’était pas à coup sur celui qui à cette heure était assis là où se trouvait la poitrine de l’autre…

"Je vous ennuie ?" demanda t-il d'une voix très douce non dénuée de séduction.

Oui, il devait probablement l’ennuyer mais d’un autre côté…

Il hésitait sur ce qui serait le mieux. Pousser Lonenlill à se suicider, en l’y aidant bien évidement, le séduire pour qu’il oublie à tout jamais celui qui avait défiguré son maître voilà des siècles…Ou bien le tuer, purement et simplement. L’empoisonner par exemple. Un jeune vampire n’était pas aussi résistant qu’un vampire aguerri…
Laquelle de ces solutions donnerait le plus satisfaction à Isaac ?

"Sinon, vous faites quoi dans la vie quand vous n’êtes pas assis sur un être cher en putréfaction ? "dit il avec un sourire moqueur mais tout à fait adorable en faisant semblant de fouiller les poches de son manteau pour en tirer une petite flasque d’argent, remarquablement ciselée, un véritable travail d’orfèvre.

"Parfois nous faisons des choses que nous ne comprenons pas et que nous regrettons."

Il bu. Une longue gorgée. Cela dit il pouvait, il avait toujours très bien tenu l’alcool. Même l’alcool agrémenté d’une dose suffisante d’un puissant hallucinogène comme celui-là.
"Seulement, il est souvent trop tard et les êtres chers meurent sans que nous ayons eu le loisir de leur dire à quel point nous tenions à eux. Parce que au fond, quand toute rancœur a été lavée par les années, il n’y a plus de place…"

Jeni s’interrompit.

'Mais je m’enivre seul…C’est tout moi ça ! Allez, je vous envoie la flasque et quand elle sera vide nous trouverons un endroit pour la remplir avant de la vider de nouveau.'

Son ton était légèrement enjoué, parfait pour la circonstance même si :
* Allez…prends, bois ! Et que la fête commence, avec une fin dont tu me diras des nouvelles pauvre pitoyable créature…Tu ne mérites pas d’être un vampire…Pas plus que ton maître d’ailleurs …*
Il lança le flacon d'argent à l'autre vampire après l'avoir refermé soigneusement.

[Vincent Lonenlill]

Vincent pensait décourager l'inconnu en se montrant désagréable mais le vampire avait bel et bien l'intention de rester. Vincent n'étant pas du genre à rompre le cou du premier qui l'ennuyait, il se détourna de lui et posa un regard fugitif sur la tombe de son frère avant d'embrasser des yeux le cimetière désert devant lui. Il allait rebrousser chemin sans prendre congé quand la voix douce du vampire le retint. Un sourire désabusé naquit sur les lèvres de Vincent. Lui, il aimait un être qui, comme lui ne vieillissait pas et qui, lentement se détournait de lui. C'était pire encore car il avait toute l'éternité pour y assister.
Il se retourna vers l'autre vampire qui s'était accroupi contre le mur d'une des chapelles du cimetière. Le blond avait deviné qu'il était fraichement transformé et semblait comprendre le cruel dilemme que cette situation comportait. En effet, Morgan ne lui avait pas parlé du lot de souffrance qui accompagnait l'immortalité. Vincent croyait y trouver l'oubli mais rien n'avait été effacé. S'il avait su tout ça il n'était pas sûr que son choix aurait été le même.
Une bouffée d'exaspération gonfla dans sa poitrine. Pour qui il se prenait ce petit vampire avec ses airs de tout connaitre et ses allures d'angelot à trois francs? Vincent n'aimait pas les beaux parleurs et malgré sa belle petite gueule, il ne lui faisait absolument pas confiance. Un vampire n'est jamais fiable.
Il faillit répondre oui quand le vampire lui demanda s'il l'ennuyait mais il ne porta sur lui qu'un regard neutre. Il se sentait vide et froid, il avait même du mal à se montrer intéressé par l'inconnu...ou par qu'est ce que ce soit d'autre d'ailleurs.

Il le regarda sortir une petite flasque et boire une gorgée de son contenu avant de recommencer à parler des chers disparus. Vincent n'avait pas envie de continuer à parler de son frère et cette discussion commençait à le mettre mal à l'aise. Il attrapa la flasque que lui tendit le vampire et la regarda un instant. Il n'avait pas envie de répondre à sa question et pour cela, il déboucha la bouteille et en porta le goulot à ses narines.

" Ca fait longtemps que je n'ai pas bu...il parait qu'il faut que je me désaccoutumes de mes petites habitudes humaines" railla t'il sur un ton aigre. En effet, Morgan ne voulait pas qu'il boive ou fume comme il en avait l'habitude avant...mais Morgan n'était pas là et Vincent était en rogne contre lui.

" Au diable tes petites règles idiotes, Morgan" murmura t'il avant d'en avaler une gorgée. C'était acre et la chaleur de l'alcool sembla redonner un peu de vie à son corps froid. Deux autres gorgées suivirent la première mais Vincent referma la flasque avant de la renvoyer à son propriétaire.

"Il semblerait que j'aime moins ça qu'avant" lui dit il.

Il jeta à nouveau un regard sur le cimetère.

" C'est lugubre ici....tout comme votre conversation.

Une colère sourde grondait à présent à l'intérieur de lui. Il était dans cet endroit sordide au dessus de la tombe de son frère tandis que Morgan courait les prêtres débauchés sans se soucier de ses souffrances. Vivant il était seul et mort il l'était tout autant. Il n'y avait aucun changement. Un pauvre cocu pathétique, voilà tout ce qu'il était.
En colère contre lui même, il marmonna un "j'me casse" au blond avant de tourner les talons. Puis une idée soudaine lui vint et il se retourna.

" Bon, on va le boire ce coup? Tout compte fait, j'ai envie de dire merde à tout."

Il ne connaissait pas ce vampire et de toute façon il s'en fichait, mais il avait ainsi l'occasion de se changer l'esprit. Morgan faisait sa vie sans lui? Et bien il ferait de même de son côté. La fugace pensée que ça pourrait ennuyer son Sire de le voir fréquenter d'autres gens lui effleura l'esprit mais il la chassa aussitôt, se refusant à jouer plus longtemps à ce petit jeu pitoyable.

[Jeni Liimatainen]

Il n’avait pas vraiment de plan cette fois, du moins rien de structuré et d’inflexible mais la manière dont tournaient les choses commençait à l’agaçer un peu. Ce n’était pourtant pas que Jeni aime la facilité.
Mais agir pour le compte d’Isaac avait ses revers, souvent imprévus et rarement enchanteurs…
Si ce Lonenlill lui échappait, lui n’échapperait pas à la punition qu’il lui infligerait. Et le vampire à la peau de lys avait beau aimer les sensations fortes, en abuser ne lui disait rien en ce moment.
Pourtant, quand on mettait tout à plat, l’affaire semblait facile. Il avait « vaincu » des volontés bien plus fortes chez des vampires bien plus aboutis. Mais justement, la difficulté venait peut-être du fait que chez celui-ci, l’humanité contrebalançait encore la nature vampirique.
Il rattrapa au vol la flasque qui lui était retournée.
Et ce n’était pas avec le peu que le rookie avait bu que la drogue mélangée à l’alcool allait pouvoir faire un quelconque effet ! Quelle poisse !
Mais la chance était une femelle capricieuse qui se jouait des certitudes comme des doutes et qui d’un claquement de doigts changeait les uns en les autres. Alors qu’il semblait impératif qu’il passe à une manière de faire un peu moins charmeuse et un peu plus violente, Lonenlill, qui pourtant semblait décidé à s’en aller, lui proposa tout de go d’aller boire un verre.

Jeni ne se le fit pas dire deux fois, sauta sur ses pieds avec grâce et souplesse pour rejoindre sa proie, non sans s’interroger tout de même sur ce brusque revirement même si, ma foi, il tombait à pic…
"Sage décision" dit il gentiment "Il y a mieux à faire que de se morfondre par une belle nuit comme celle-là !"

Certes…Le vampire assassin eu un sourire prédateur à la nuit comme il passait devant, se hâtant de sortir du cimetière. Du lugubre oui, mais à petite dose. Il comptait bien profiter de ce qui restait de nuit pour s’amuser un peu tout en satisfaisant les exigences d’Isaac.

"Par ici, j’ai fait le plein, nous avons de quoi faire au moins cent soixante miles!"

Il rit de bon cœur en montrant la Ford Mustang noire, vestige impeccable d’années où l’astre blond brillait encore pour éclairer le monde, garée le long du trottoir, attendant sagement qu’on fasse ronronner son puissant moteur.

"Je manque à tous mes devoirs…Hmmm…Je m’appelle Jeni mais mes amis" (ah …parce qu’il en avait ?...) "m’appellent Hot Rod. Et vous ?"

Il ouvrit la porte passager avant de venir ouvrir la porte conducteur et de s’asseoir dans le confortable siège de cuir noir, d’origine, de l’impétueux véhicule.

[Vincent Lonenlill]

Vincent n'était pas plus que ça enthousiasmé par le fait d'aller boire un coup avec un parfait inconnu mais c'était mieux que de continuer son petit mélodrame personnel et solitaire au milieu de ce cimetière pourri. Il fallait qu'il se change les idées et si cela impliquait aller au bar avec le vampire, il était prêt à essayer.
Il suivit sans se hâter le blond qui se dirigeait d'un pas alerte vers l'entrée du cimetière. Lui, il avait tout le temps du monde.
Le blond s'arrête devant une Ford Mustang noire qui semblait bien entretenue. Entretenir une voiture était un moyen comme un autre de tuer le temps, non? Le vampire ouvrit les portes et s'installa au volant. Vincent s'engouffra à son tour dans le véhicule qui sentait bon le vieux cuir. Vincent aimait bien ce genre de voiture, assez spacieuse pour y caler ses grandes jambes et assez confortable pour avaler les kilomètres.

L'inconnu se présenta. Jeni, Hot Rod...drôle de surnom pour un drôle de bonhomme. Vincent n'arrivait pas à s'ôter de la tête qu'il était trop aimable pour être foncièrement honnête. Il lui répondit cependant, ne voulant pas paraitre plus impoli qu'il ne l'était déjà.

" Vincent...et tout le monde m'appelle Vincent" lâcha t'il, un brin moqueur. "Hot Rod...c'est plutôt bizarre comme surnom, ça vient d'où?" demanda t'il, curieux.

Il laissa son regard dériver sur le tableau de bord.

" Où est ce qu'on va?"

[hj : je te laisse le choix de la destination]

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