Le commençement ( Morgan et Vincent)

[Vincent Lonenlill]

La vie est une belle salope...

Voilà ce que disait Vincent, une bouteille de whisky à moitié vide dans sa main droite, la main gauche tenant la rembarde d'un des nombreux ponts de New York. Les yeux rivés vers la surface de l'eau, l'homme avait mal. Ce n'était pas son corps qui souffrait mais tout son être. La vie n'était rien d'autre qu'une imposture dans laquelle il n'avait pas sa place. La nuit était éternelle et la lumière lui manquait. Au moins dans le passé quand on sortait de prison on retrouvait la lumière du soleil mais lui n'avait pas eu ce bonheur. Il avait vraiment la poisse.

Il ne regrettait pas le sang qui avait taché ses mains. C'était le passé. Mais impossible de se construire un présent. Sa femme lui avait envoyé les papiers du divorce quand il était en taule et il les avait signé sans hésitation, autant écoeuré que soulagé. A sa sortie, il n'y avait eu personne. Pas de lumière, pas de famille et le futur ressemblait à s'y méprendre à la surface miroirante de l'eau noire qui coulait sous lui.

Pourquoi continuer? Vincent n'en voyait pas l'utilité. Il n'avait jamais trouvé sa place dans le monde et ce n'était pas maintenant qu'il allait la trouver.

Son pieds dérapa mais il ne tomba pas. Il se mit à rire et levant un doigt d'honneur aux cieux, il se mit à hurler.

"Tu n'existes pas, connard! Il n'y a rien! Rien! Que du noir! Envoie moi un seul signe pour me démontrer ton existence ou je n'ai plus qu'à plonger et croupir en enfer, parce que lui, je suis sûr qu'il existe..."

Sa bouteille tomba dans les flots et le signe ne vint pas. Vincent eut un petit rire amer. Il était temps à présent.

L'eau lui tendait les bras...

L'enfer lui ouvrait ses portes...

Il n'avait plus rien à perdre...

[Morgan d'Albertas]

Morgan avait eut fort à faire ces derniers temps : quelques vampires de seconde classe avaient monté une petite rébellion contre lui et il avait fallu traquer leur chef et le décapiter pour leur faire comprendre qu'il ne tolérait pas e genre de comportement. Quels ingrats! Il avait assit le pouvoir des vampires sur cette ville et certains poussaient l'ingratitude jusqu'à essayer de le détrôner. Cela devenait fatigant. Sans compter les chefs des villes voisines qui auraient bien aimé agrandir leur territoire en s'emparant du sien.
Heureusement, Morgan était bien entouré et pour l'instant, personne n'avait encore osé l'affronter face à face.

Le vampire avait réussi à se libérer de ses devoirs et déambulait dans les rues de la ville sans but précis. Le calme régnait. Depuis la venue de la nuit éternelle, les humains s'aventuraient peu dehors, préférant se terrer comme des rats chez eux.
Morgan marchait depuis des heures tandis que peu à peu remontaient en lui des souvenirs qu'il aurait préféré enterrer à jamais dans un coin de son esprit. Où était son amant à cet instant? Riait il de lui? Faisait il l'amour? Conspirait il contre lui ou l'avait il simplement oublié? Morgan aurait aimé oublier...oublier le son de sa voix, ses lèvres, son sourire...l'oublier tout court.
Sa solitude n'avait jamais été aussi intense. Il était rarement seul dans on lit, il avait de nombreux proches, mais personne qui l'aimât vraiment. De toute façon, l'amour n'existait pas. Une fois il s'y était laissé prendre et il n'avait réussi qu'à se mutiler un peu plus.

Il leva un instant les yeux vers la lune. Ses ennemis n'arrivaient pas à le tuer mais la lassitude et l'ennui allaient le faire si il ne tentait rien. Il lui fallait un peu de piquant, de la nouveauté, un challenge.

Au moment où il formulait cette pensée, ses yeux se posèrent sur une silhouette juchée sur le parapet du pont sur lequel il avait posé les pieds. Un humain suicidaire... un de plus. Les flots regorgeaient de cadavres de désespérés ces derniers temps.
Le vampire s'approcha sans se presser, se demandant si l'humain aller avoir le courage de sauter puis une petite faim se faisant sentir, il décida que quitte à mourir, l'humain allait lui servir de repas au lieu d'aller engraisser les poissons du fleuve.
Rapide et silencieux, il s'approcha de l'homme et le saisit par son haut en le tirant en arrière. L'humain bascula à la renverse et tomba sur le sol. Vif comme l'éclair, Morgan le saisit à la nuque et et planta son regard acier dans le sien. Un petit sourire satisfait naquit sur ses lèvres : mais il était pas mal , cet humain...plus que pas mal même.

"C'est ton jour de chance, mon cœur" lui susurra t'il sur un ton ronronnant. " Mourir noyé doit être affreusement douloureux. Le froid, les poumons qui se remplissent d'eau...une mort absurde. Je te propose mieux : tu meurs et moi j'apaise ma faim. Tout le monde est satisfait."

Et dans un sourire carnassier, il planta ses crocs dans son cou. Le sang inonda son palet...délicieux, divin même. C'était presque dommage de tuer ce beau spécimen au goût si spécial. Il décida alors de prendre son temps, dégustant ce met de choix avec délectation

[Vincent Lonenlill]

Plus qu'un pas et cette vie stupide serait derrière lui. Vincent frissonna tandis que l'heure de son trépas sonnait. Est ce qu'il allait souffrir? Sûrement. Serait ce long? Non, l'eau était froide.
L'homme ferma les yeux et prit une grande inspiration. C'était maintenant ou jamais. Il avança un pied dans le vide et coupant sa respiration, il se pencha en avant.
Mais il fut soudain projeté en arrière et il tomba sur le sol dans un bruit mal. Sa tête heurta le goudron.

Il vit alors l'homme qui l'avait "sauvé". A peu près de la même taille que lui, des yeux extrêmement clairs, des cheveux bruns et un teint trop pâle pour un humain. L'inconnu sourit alors de manière amusée et Vincent aperçut deux petites canines pointues. L'adrénaline envahit ses veines : il venait de se faire attraper par un vampire. Il avait toujours réussi à plus ou moins les éviter mais là, il était dans de beaux draps.

Le vampire parla d'une voix caressante et lui annonça sans émotion qu'il allait s'occuper de son trépas en le vidant de son sang.
Vincent était d'accord pour se tuer mais pas pour être dévoré vivant. Il tenta de se redresser mais la prise du vampire sur lui était trop forte. Plaqué au sol, il ne put qu'émettre un gargouillis étouffé quand les crocs se refermèrent sur sa gorge.
Le vampire était trop fort et très rapidement, Vincent n'eut plus la force de bouger. Ses bras retombèrent mollement sur le sol et ses yeux devinrent vitreux. Seul son mental refusait de capituler et maintenant qu'il était au seuil de la mort, il refusait de s'éteindre. Non, il faisait trop froid, trop noir. La mort lui faisait soudain peur, l'inconnu qui l'attendait le terrifiait et Vincent recommença à se débattre faiblement.

"Pas...mourir...non...non..."

[Morgan d'Albertas]

Morgan sentait le sang de sa proie s'écouler lentement hors de ses veines pour venir l'abreuver, le remplir de forces nouvelles. Une mort pour une vie, tel était l'échange entre les hommes et les vampires depuis la nuit des temps.
Le vampire sentait les forces de l'humain s'amenuiser à chaque seconde. Bientôt il recueillerait son dernier souffle. Il sentit le corps sous lui retomber sur le sol après s'être débattu quelques secondes. Pauvres humains! Ils croyaient toujours pouvoir lutter.

Puis un murmure franchit les lèvres de sa proie. Il ne voulait pas mourir... alors qu'il était sur le point de se suicider. Les hommes étaient de bien étranges créatures.
Morgan retira un instant ses crocs de la gorge offerte.

" Tu ne veux plus mourir? C'est un peu tard, tu ne crois pas?"

Un petit rire clair franchit ses lèvres tandis qu'il passait une main caressante sur le visage de sa proie qui, décidément, était très beau...trop beau pour le saigner vulgairement sur un pont sordide. De beaux yeux noisette, un visage alliant finesse et virilité, un corps qui semblait plus qu'intéressant à découvrir...non, c'était du gâchis.
Un sourire joueur illumina son visage.

"Soit. Tu ne vas pas mourir tout de suite."

Et se relevant, il se saisit de l'humain avec aisance et tous deux disparurent du pont.

[Vincent Lonenlill]

[Puisque je ne sais pas où on va, je décide que nous irons chez toi, na!]

Vincent se sentait partir. Les yeux tournés vers le ciel, il ne voyait que l'obscurité de la nuit qui peu à peu semblait remplir ses yeux. Il n'y avait pas de lumière, pas de voix céleste...juste le froid et la nuit...le néant...la fin. Et Vincent eut peur. Peur de cette mort qui avait le goût du vide. Son sang s'écoulait hors de ses veines et il luttait pour ne pas fermer les yeux. Non, il ne voulait plus mourir. Il avait fait une erreur.

Une caresse sur sa joue. Un regard trop clair pour être humain. Un rire d'enfant.

Puis plus rien. Vincent venait de s'évanouir tandis que le vampire le soulevait de terre aussi facilement que s'il n'avait pesé que quelques grammes.

Quand le jeune homme se réveilla, ce fut pour grimacer de douleur. Sa tête lui faisait horriblement mal. Il ouvrit les yeux avec difficulté et les referma après avoir constaté qu'il était dans une grande chambre. Il était allongé sur un lit moelleux et ses bras étaient menottés aux montants.
Soudain alarmé, il se réveilla tout à fait et tira sans grand effet sur les menottes. Piégé.
Il regarda autour de lui avec panique. Ou était-il? Etait-ce le vampire qui l'avait amené ici?

Son cou lui faisait mal et il eut un vertige quand il essaya de s'assoir. Il retomba sur le matelas, sans force, tandis que la peur se frayait un passage dans son corps et son esprit.
Il n'y avait personne dans la pièce et il regardait la porte avec frayeur, craignait de voir entrer celui qui l'avait enlevé.

[Morgan d'Albertas]

[des initiatives? J'aime ça ]

Le voyage ne dura guère longtemps et quelques minutes après leur départ du pont, les deux hommes étaient arrivés à destination : la chambre de Morgan. En route, le vampire avait pensé à de multiples scénarios dans lesquels le bel inconnu dans ses bras lui offrait son corps puis son sang jusqu'à la dernière goutte. Les heures qui llaient suivre risquaient d'être stimulantes au possible.

Morgan entra dans sa chambre et posa son fardeau sur le lit. Sans se presser, il alla à la fenêtre et l'ouvrit, laissant entrer l'air frais du dehors.
Il se retourna vers sa proie, toujours inanimée et revint près d'elle, s'asseyant sur le lit à ses côtés. Son regard glissa sur le visage magnifique, le cou à la peau parfumée qu'il avait goutée quelques instants auparavant, le haut qui laissait miroiter une musculature entretenue...Morgan s'en lécha les babines. Ça aurait été un réel gâchis de ne pas en profiter un peu.

Du bout des doigts il vint caresser la joue du bel endormi puis descendit le long du cou avant d'effleurer la poitrine par dessus le tissu qui était de trop. Ce qu'il sentit sous ses doigts finit de l'exciter et dans un mouvement rapide, il vint se jucher à califourchon sur l'humain. Son nez près de son visage il vint renifler son odeur chaude et un peu piquante...une odeur terriblement masculine qui lui embrasa le creux des reins. Oui, il allait se régaler avec cet humain.

Il se redressa et alla chercher de sous son coussin des petits objets qu'il prisait beaucoup : des menottes.
Quelques secondes plus tard, le jeune homme était menotté au lit, à sa merci. Morgan émit un petit rire de contentement et quitta le lit, puis la chambre. Il voulait que son nouveau jouet se réveille seul et tremble en l'attendant. Peur, douleur et plaisir étaient souvent de pair dans le lit du vampire.

Une demie heure plus tard il poussa la porte de la chambre et constata avec joie que l'humain était réveillé et à en croire les battements effrénés de son cœur, terrorisé.
Il referma la porte derrière lui et s'approcha de sa proie sans la lâcher du regard...les yeux de l'humain étaient fascinants et Morgan avait du mal à ne pas s'y noyer.

Arrivé près du lit, il s'arrêta, un demi sourire au coin des lèvres.

" La chambre te plait? J'espère que tu apprécies le fait que j'ai accédé à ta requête et que je ne t'ai pas tué...pas encore..."

Il s'assit sur le lit avec nonchalance.
" Tu sais que tu aurais pu tomber sur un vampire de seconde zone? Mais tu as de la chance et c'est le maitre de cette ville qui t'accueille chez lui."

Il désigna du menton les menottes
"Pardonne moi mes petites excentricités. J'ai toujours adoré voir mes amants enchainés à mon lit."

Un instant, ses yeux se voilèrent de nostalgie. Il n'y avait qu'Orden qu'il n'avait pas menotté...Où était il à présent?
Mais rapidement, ses pupilles reprirent l'éclat du jeu et il s'approcha dangereusement de l'humain jusqu'à ce que leurs visages soient si proches qu'il pouvait sentir le souffle du bel inconnu sur ses lèvres.

"Comment t'appelles tu?

[Vincent Lonenlill]

La porte s'ouvrit lentement laissant place au vampire qui l'avait attaqué sur le pont. Vincent retint son souffle, essayant de ne pas céder à la panique. Il était attaché et allait sans doute servir de casse croûte au canaïte qui venait d'entrer. Pourtant une question restait en suspens : pourquoi ne l'avait il pas saigné tout à l'heure et pourquoi l'avoir ramené ici? Vincent ne pouvait même pas imaginer que le vampire avait d'autres appétits que celui du sang.

Effrayé, il le regarda s'avancer vers lui et s'assoir à ses côtés sur le lit. Le vampire semblait ravi de l'avoir pour hôte et il n'avait pas l'air agressif pour l'instant.
Mais les paroles de la créature ne le rassurèrent pas, ni son sourire dévoilant de petites canines fines mais acérées, ni non plus ce regard qui aurait pu être beau s'il n'avait pas cette lueur prédatrice.
Vincent accusa le choc quand il apprit que le vampire qui était devant lui était Morgan d'Albertas, celui qui s'était auto proclamé prince de New York et qui faisait régner la terreur sur les humains depuis des années. Mais cette nouvelle ne fit qu'accentuer sa frayeur car le sir avait une réputation aussi sulfureuse que dangereuse.

Vincent tenta de s'assoir pour mieux reculer quand le mot "amant" franchit les lèvres du vampire. Il commençait à comprendre pourquoi le vampire l'avait épargné et la perspective d'avoir à coucher avec lui était effroyable. Jamais un homme ne l'avait touché. Il aimait les femmes et surtout il ne voulait pas que cette chose le touche de ses doigts froids. Jamais!!!!!!

Quand le visage du vampire ne fut plus qu'à quelques centimètres de lui, Vincent se recula vivement, se cognant la tête contre les montants du lit. L'horreur se lisait ouvertement dans ses yeux.

" Je m'appelle Vincent Lonenlill. Je ne peux pas être votre amant. Je n'aime pas les hommes, vous comprenez?" dit il à toute vitesse, le cœur frisant l'infarctus. Il souhaitait ardemment que le vampire comprenne mais il avait en tête que ça ne se passerait pas ainsi.

" Je suis sûr que vous trouverez d'autres hommes qui seront prêts à coucher avec vous...Je...libérez moi..."

La promiscuité de Morgan le terrifiait et il tirait vainement sur ses chaines, cherchant à mettre de l'espace entre eux.

[Morgan d'Albertas]

Morgan pouvait sentir la panique de l'humain s'accroitre au fur et à mesure que l'espace entre eux s'amenuisait. Son coeur caracolait dans sa poitrine dans un rythme infernal, doux à l'oreille du vampire qui se délectait du spectacle. Il allait bien s'amuser et surtout, il allait cesser de penser durant quelques temps.
Morgan avait approché son visage de celui de son prisonnier mais celui ci s'était reculé violemment.

Les paroles du jeune homme lui tirèrent un petit rire cristallin. Vincent...c'était joli. Et l'expression angoissée sur son beau minois l'était tout autant. Un hétéro! Et bien, il allait s'empresser de le convertir. Dans quelques heures le novice n'aurait plus un centimètre carré de peau vierge et il en redemanderait...ou du moins, Morgan l'espérait. Quoi qu'il en dise, le viol n'était pas déplaisant mais une victime mi consentante, mi suppliante l'était encore plus.
La dernière remarque le fit rire à nouveau et d'une main il vint cueillir le menton de Vincent, plongeant son regard acier dans le sien.

"Je pourrais en effet me trouver rapidement un amant mais, tu vois, c'est toi que je veux."

Et le tenant fermement par le menton, il se fraya un chemin jusqu'à son cou pour y passer une langue taquine. Celle ci effleura à peine la peau jusqu'à remonter au lobe de l'oreille qu'elle taquina un instant avant de la relâcher.

"Ca fait longtemps que je n'avais rien gouté d'aussi délicieux."

Sa langue s'attaqua au menton puis repartit dans le cou. Les dents vinrent gentiment mordiller la peau puis Morgan se recula, lâchant Vincent.

"Pourquoi voulais tu mourir tout à l'heure?"

Il était en effet curieux de savoir pourquoi son bel humain voulait passer de vie à trépas. Quand on est beau comme ça, on ne se suicide pas.

[Vincent Lonenlill]

Comme il l'avait redouté, Morgan ne l'écouta pas et pire, il se rapprocha plus encore. Il se retrouva coincé contre le montant du lit et le vampire lui saisit le menton entre ses longs doigts. Quelle force! Vincent était incapable de s'y soustraire.
Il serra les dents et les paupières quand une langue gourmande vint gouter la peau de son cou avant de s'attarder sur son oreille. Ça aurait pu être plaisant si ca avait été fait par une femme. Mais là c'était un homme qui le tripotait. Et un vampire de surcroit.

Les mains crispées autour de ses chaines, il souffla presque de soulagement quand la langue disparut mais il eut un sursaut quand les dents du vampire vinrent le mordiller. Le jeune homme frissonnait de peur. Il allait se faire violer et vider de son sang par Morgan et il ne saurait pas s'y soustraire. C'était comme s'il était déjà mort.

Puis Morgan le relâcha enfin.

Les joues cramoisies par la honte, le coeur affolé, il ne pouvait plus croiser son regard. Non, il ne pouvait pas coucher avec lui, c'était impossible. Il préférait qu'il le tue immédiatement.

Il se retint de lui envoyer un regard incrédule quand Morgan lui demanda pourquoi il avait voulu se suicider. Ca l'intéressait ou c'était un moyen de faire durer la torture?
Il préféra répondre. AU moins, ça reculerait l'échéance.

" Pourquoi je voulais en finir? A votre avis!" Son ton était plus agressif qu'il ne le voulait. " Ma femme est partie avec un autre, j'ai passé des années en prison et à ma sortie, ma vie ne ressemblait plus en rien à celle que j'avais vécue. La nuit est éternelle, nous vivons comme des souris et je suis seul. Les vampires, l'obscurité, la peur, on peut tout surmonter si on est entouré. Mais moi je suis seul. Vous voyez, vous allez me tuer et personne ne s'en rendra compte. Tout à l'heure j'ai eu peur de mourir parce que j'ai vu qu'il n'y avait rien après. De ténèbres en ténèbres...rien que du noir et de la solitude..."

Un petit rire nerveux s'échappa de ses lèvres.
" Vous voulez vous amuser avec moi? Alors, amusez vous...de toute façon, je suis déjà mort."

Il redressa la tête pour faire face au vampire. Il n'y avait soudain plus de peur dans ses yeux. Il savait qu'il allait mourir à présent et que là bas, ça ne serait pas pire que dans cette vie. La seule appréhension qui lui restait était les quelques instants qu'il lui restait à vivre.

[Morgan d'Albertas]

La solitude. Voilà ce qui pouvait pousser un homme au suicide. Elle l'avait poussé lui même au désespoir. A cause d'elle, il avait été poussé aux pires extrémités. La solitude pouvait envoyer un homme à la mort et pour un vampire elle pouvait le conduire à la folie. Ses pensées revinrent à Orden. Mais pourquoi n'arrivait il pas à ôter ce traitre de sa tête? Il allait finir par en mourir de désespoir. La solitude...il était bien placé pour comprendre son captif et il ressentit pour lui un soudain élan de sympathie.

"Tu croyais vraiment que Dieu existait?" lui répondit il, un demi sourire au coin des lèvres. "Si il existait, il aurait donc laissé ses pauvres brebis à ma merci? J'ai longtemps attendu ses foudres divines mais tu vois, au bout de tous ces siècles, je suis encore là. Tu as raison, Vincent. Il n'y a rien après la mort. Le corps pourrit, rien de plus."

Ses doigts revinrent caresser l'angle de la mâchoire de Vincent, comme aimantés par la peau douce qu'ils touchaient.

"Tu as fait de la prison...on est un vilain garçon? Tant mieux, j'adore ça." lui chuchota t'il avant de gouter brièvement le gout de ses lèvres du bout des siennes.
Il lui lança un sourire énigmatique puis se releva. Vincent était enchainé, rien ne pressait. Il aimait bien discuter avec cet humain. Il était différent des autres humains qui passaient dans son lit. Il n'était ni tremblant de terreur, ni suppliant. C'était comme s'il était résigné à la mort et que rien ne pouvait plus l'atteindre.

" Pourquoi as tu fait de la prison? Tu as tué quelqu'un?" lui demanda t'il, une lueur curieuse dans le regard. "Tu n'as pas l'air d'un assassin."
Il revint vers son captif, avide d'en savoir plus.

[Vincent Lonenlill]

Vincent était désorienté. La seconde d'avant le vampire semblait prêt à le violer sans perdre une minute et l'instant d'après il se lançait dans une discussion aussi étrange qu'inattendue. Les vampires étaient sensés être des créatures violentes et sanguinaires et non des compagnons de discussion. Mais pourquoi ne l'achevait il pas directement? Etait-ce un jeu ou le vampire voulait il vraiment discuter? Vincent savait que de ses réponses dépendait son sort et il écouta attentivement les propos de son ravisseur.
Le vampire ne semblait pas craindre Dieu. En effet, le vieux barbu n'avait jusque là pas daigné lever le petit doigt pour sauver ses ouailles qui pourtant avaient longtemps prié. Soit il considérait que c'était leur problème, soit il n'existait réellement pas...et Vincent optait plutôt pour la deuxième alternative.

Un léger baiser sur les lèvres.

Vincent ne l'avait même pas vu venir. Comment le vampire faisait il pour se mouvoir si rapidement? sous son corps, le lit ne grinçait pas, ses mouvements étaient silencieux. Vincent était presque fasciné malgré lui malgré que le baiser n'ait pas été de son gout.

Le vampire se releva avant de lui demander pourquoi il avait fait de la prison. Vincent haussa les épaules avant de détourner le regard. Remue toute cette boue lui rappelait de trop mauvais souvenirs.

"J'ai tué mon frère...ma femme voulait des enfants et j'étais dans l'incapacité de le faire. Elle a donc essayé avec mon frère. Je les ai surpris. Je suis devenu fou. Je l'ai tué...pour une femme. Nous avons divorcé quand j'étais en prison. Elle a des enfants aujourd'hui, je pense...ou elle est morte. Quelle importance."

Son regard se brouilla. Il avait tué son propre frère. Il méritait d'être maudit.

[Morgan d'Albertas]

Il avait tué son frère...à cause d'une femme. C'était tragique. Le visage de Morgan se plissa en une petite moue gracieuse. Vincent n'était donc pas un assassin, juste un homme qui avait souffert et qui n'avait vu que le meurtre comme échappatoire. Le vampire était bien placé pour savoir que le meurtre permettait sur le moment d'évacuer la colère et la haine mais qu'il hantait le plus profond de l'être pendant très longtemps.

Il revint vers le lit, observant d'un regard étrange l'humain. Pourquoi ne le déshabillait il pas tout de suite pour se délecter de son corps puis de son sang? Il devait être absolument délicieux mais il n'arrivait pas à s'y résoudre. Il avait l'impression que l'être devant lui méritait mieux que ça. Trop beau, trop touchant, trop fragile dans sa souffrance...un diamant brut qui ne demandait qu'à être taillé.

Le vampire revint s'assoir et ses doigts retrouvèrent instantanément le chemin vers le visage de son captif.

" Tu es beau...ta femme n'était qu'une imbécile et tu aurais du la supprimer avec lui. Si tu veux, je peux la tuer pour toi."

Les mots étaient sortis tout seuls et Morgan s'en étonna le premier. Oui...cette femme ne méritait pas de vivre. C'était une chienne tout juste bonne à servir de repas.
Un rire clair s'échappa de ses lèvres.

" Tu dois me trouver étrange, non? Moi même je n'arrive pas à me comprendre parfois. "

Il entortilla une mèche de cheveux châtains entre ses doigts fins.

" Alors? Je la tue?"

La situation était amusante et Morgan souriait avec entrain, comme un enfant qui attendait l'approbation d'un de ses parents pour jouer à un jeu excitant.

[Vincent Lonenlill]

Il avait bel et bien tué son frère...il n'avait pas réfléchi sur le coups. Il avait été comme pris de folie en voyant les deux personnes qu'il estimait le plus s'envoyer en l'air devant ses yeux. Quand son frère l'avait enfin remarqué, figé dans l'embrasure de la porte, il s'était violemment détaché du corps de sa partenaire en bredouillant quelques mots dont Vincent n'avait aucun souvenir. Il ne se souvenait même pas avoir pris une paire de ciseaux. Tout ce dont il se rappelait c'étaient les hurlements de sa femme et le sang qui maculait ses mains. Ensuite la police était arrivée et il n'avait opposé aucune résistance.
Ses pensées furent troublées par la main du vampire qui revint se poser sur son visage. Si froide. Il frissonna et se recula à nouveau. Fouiller dans son passé le fragilisait et il n'aimait pas que la créature le voit ainsi. Les vampires devaient mépriser les humains si faibles, si fragiles dans leurs émotions et leur corps vulnérable. A côté de ces créatures immortelles et dotées de pouvoirs extraordinaires, ce n'était pas étonnant que les hommes aient du courber l'échine.

Il releva vivement la tête en entendant les mots que prononça le vampire. Il lui proposait tout simplement de tuer sa femme pour le venger. Incrédule, Vincent le regarda avec de grands yeux ronds. Pourquoi le vampire ferait il ça? Jouait il à le tester ou la demande était elle réelle?
Le vampire sembla comprendre son cheminement de pensée parce qu'il éclata de rire. Mais il lui redemanda à nouveau.

Tuer celle qui l'avait fait souffrir. Lui faire connaitre la peur une dernière fois avant la mort...non. C'était du passé. Il fallait oublier.

" Non. Laissez la. Ce n'est pas à vous de venge une offense qui m'a été faite et puis, qu'y gagnerais-je? Mon âme est bien assez noire comme ça."

Puis son regard devint dur.

"A quoi jouez vous? Cessez de me tourmenter... Videz moi de mon sang et qu'on en finisse."

Il tira sur ses menottes en signe d'impatience. Il en avait maintenant assez de ce jeu de questions-réponses.

[Morgan d'Albertas]

Morgan se serait fait un plaisir de châtier la femelle insolente qui avait osé envoyer un homme aussi beau en prison mais Vincent l'en dissuada. Morgan fit une petite moue désappointée.

"Dommage... mais tu as raison, c'est ton histoire, à toi de la résoudre de la manière dont tu le souhaites bien que je trouve que sauter du haut d'un pont me parait être une fin bâclée."

Il rendit au jeune homme un regard intéressé quand il lui demanda de l'achever et d'en finir. Oui ,ça serait une bonne solution : il allait le déshabiller, le prendre puis le vider de son sang avant de jeter son cadavre. C'était ce qu'il faisait d'habitude...mais il n'arrivait pas à savoir pourquoi, c'était différent aujourd'hui. Pendant un instant cet humain lui avait fait oublier ses tourments et il ne se sentait pas de le tuer comme un vulgaire chien. Il méritait un sort meilleur.

Il lui saisit fermement la nuque et lui captura les lèvres avant de forcer la barrière de ses dents. C'était chaud et récalcitrant. Il se recula et sourit au jeune homme d'un sourire gourmand.

"J'en avais trop envie, tu ne m'en voudras pas?"

Puis les menottes se détachèrent soudain, désentravant leur prisonnier. Morgan soupira avant de se mordre la lèvre inférieure.

" Tu vois, il arrive que les vampires se souviennent parfois de leur part d'humanité...j'aurais aimé partager plus de temps avec toi mais te forcer ne m'amuse pas vraiment. Tu peux partir."

Il laissa sa main poser une fugitive caresse sur la joue du jeune homme.

" Si tu savais l'effet que tu me fais...Allez, va t'en avant que je ne te viole vraiment."

Il se leva et se dirigea vers la porte qu'il ouvrit.

" Si un jour tu te sens trop seul, viens noyer ta solitude avec la mienne. Tu sais où me trouver... et évite les ponts. Le suicide n'est qu'une fuite de plus, fais face à tes démons. Si tu leur tourne constamment le dos, il te rongeront à petit feu et finiront par te dévorer."

[Vincent Lonenlill]

Le vampire le détaillait du regard, comme s'il cherchait à quelle sauce il allait le manger. C'était plutôt angoissant et Vincent recula instinctivement sur le lit, ses yeux ayant du mal à soutenir le regard acier.
Le baiser qui suivit le laissa complètement incrédule tant il ne s'y était pas attendu. Rapide comme l'éclair, le vampire s'était jeté sur ses lèvres et il n 'avait pu que le laisser faire ce qu'il avait envie de faire, trop choqué pour répliquer quoi que ce soit.
Il lui lança un regard effrayé quand ils se séparèrent. Les lèvres du vampire étaient froides et... bon sang! C'était un homme qui venait de l'embrasser. Et il n'était pas en train de vomir. Ça n'avait même pas été horrible. Un baiser comme un autre, plus ou moins volé mais pas vraiment traumatisant.

Puis soudain, les menottes se décrochèrent dans un petit cliquetis et tombèrent sur le lit. Vincent, hébété, massa ses poignets endoloris tout en regardant le vampire avec inquiétude. Etait-ce un nouveau jeu?

Il pouvait partir. Les mots du vampire avaient du mal à atteindre son esprit. Il était libre? Il n'allait pas être tué? Mais pourquoi?
La part d'humanité des vampires. Il en restait donc peut être un peu dans ces créatures immortelles... Avait il réussi à toucher le vampire par son histoire? Ça lui semblait impossible mais pourtant, les faits étaient là : il pouvait s'en aller librement.
Toujours incrédule, il regarda le vampire lui caresser la joue et rougit bien malgré lui quand il lui avoua qu'il lui faisait de l'effet. Il n'osait même pas imaginer quel genre d'effet il pouvait bien faire à un être de sexe masculin.

Quand la porte s'ouvrit, Vincent se leva, titubant un peu sur ses jambes et se dirigea vers elle, le regard perplexe tourné vers le vampire. Les paroles de celui ci étaient étranges, comme s'il savait très bien de quoi il parlait. Et puis il y avait cette sorte de tristesse dans son regard... Vincent ne savait trop quoi penser sauf qu'au lieu de le mettre à mort, le vampire lui avait simplement sauvé la vie.

"Je ne fuirai plus." lui répondit il simplement en franchissant la porte, lui jetant un dernier regard quelque peu troublé.

Vincent sortit du manoir et respira longuement l'air froid de la nuit. Celle ci lui paraissait moins noire tout à coup.

[Morgan d'Albertas]

[ Suite du topic. Ça se passe deux semaines plus tard cette première rencontre]

Morgan avait un nouveau joujou. Il l'enfourchait le plus souvent possible, sillonnant les rues de la ville sans se soucier du danger, la vitesse lui procurant un agréable sentiment de paix. Il avait trouvé cette moto rutilante dans un magasin spécialisé. Le patron la lui avait gracieusement offerte, sans doute un peu poussé par la peur d'être saigné à mort en cas de refus et depuis, Morgan passait le plus clair de son temps libre sur l'engin. L'administration de la ville lui prenait beaucoup de temps et il aimait ces petites pauses récréatives qui le faisaient rentrer au manoir les cheveux ébouriffés et le regard un peu plus brillant qu'à l'ordinaire.
Dans ces moments, il oubliait de penser à ces vieux démons qui aimaient l'aiguillonner de leurs pointes acérées. Il se sentait un peu plus léger aussi.

Par moments, il arrivait au vampire de penser au mystérieux jeune homme qu'il avait sauvé de la noyade quelques jours auparavant. Il aurait pu faire tout ce qu'il voulait de lui et pourtant il ne l'avait pas touché, lui volant seulement un baiser qui s'était avéré aussi tentateur que prometteur. Il aurait bien aimé profiter un peu plus de sa présence et bizarrement, depuis leur rencontre, il n'avait plus touché personne. Il le voulait, lui, et pas un autre. Cet être qui n'avait pas succombé à son charme commençait à l'obséder et il voulait à tout pris remettre la main sur lui. Pour l'instant, il ne l'avait pas recroisé et le vampire craignait que le jeune homme ait recommencé à penser à la mort. Ce serait un tel gâchis qu'il en avait des maux d'estomac.

Arpentant les rues de la ville, il espérait à chaque coin de rue tomber sur sa carrure athlétique et ses yeux noisette mais jusqu'à présent, il ne l'avait pas revu. Avait il été seulement un mirage? Il aurait bien aimé pouvoir l'étreindre avant qu'il ne disparaisse...

[Vincent Lonenlill]

La vie réservait décidément son lot de surprises. Lui qui s'imaginait vieillir entouré d'une femme et d'enfants... rien ne se déroulait jamais selon ses souhaits. Il avait appris qu'il était stérile, puis sa femme l'avait trompé. Il était devenu un meurtrier et maintenant, il vivait seul dans un studio exigu dans le centre de New York. Il s'était fait kidnapper par un vampire qui lui avait fait des avances avant de le laisser s'en aller sans même le toucher.

A présent, Vincent ne s'étonnait plus de rien. La nuit éternelle avait changé la donne et maintenant c'était au peuple de la nuit de prendre leur revanche sur des millénaires de souveraineté solaire. Au fond de lui, Vincent ne pouvait pas leur en vouloir. Les vampires étaient restés cachés pendant tout ce temps et maintenant qu'ils avaient la chance de pouvoir sortir de leurs planques, ils en profitaient. D'ailleurs, sa rencontre avec le grand manitou de la ville lui avait ouvert les yeux sur certains points. Les vampires n'étaient pas que des êtres sanguinaires et lobotomisés. Avant il croyait qu'ils étaient des sortes de zombis assoiffés de sang, rien de plus. Mais aujourd'hui, il savait qu'il n'en était rien. Les vampires étaient des êtres supérieurs qui, naturellement avaient leur place dans les hautes sphères. Bien sûr, il restait le problème du sang. Les canaïtes appréciaient le sang humain et comme tout chasseurs ils aimaient la traque. Mais Vincent était persuadé que peu à peu les choses se mettraient en place et que vampires et humains sauraient cohabiter.

Vincent n'avait pas recommencer à vouloir mourir. Quand les dents de Morgan l'avaient mené aux portes de l'enfer, il n'y avait rien vu et cette obscurité, pire que celle dans laquelle ils évoluaient à présent, lui avait fait peur. Le vampire avait raison. Quand on meurt, il n'y a plus rien. Le noir. Le néant. Les vampires échappaient à cette destinée mais les hommes y avaient tous droit.

Le jeune homme sortait d'un bar, une jolie brune pendue à son bras. La jeune fille gloussa quand il lui murmura quelques mots à l'oreille. Elle était serveuse et il l'avait attendue jusqu'à la fin de son service pour la raccompagner chez elle. Aux vues de la manière dont elle le mangeait des yeux et surtout à la pression de sa main fine sur son postérieur, il savait qu'il ne rentrerait chez lui qu'au petit matin.
Profitant d'un petit coin sombre, il la plaqua contre le mur de la rue et l'embrassa sans retenue. La fille gémit et passa ses bras autour de son cou.
Il commençait déjà à passer une main sous son chandail quand une voix irritée retentit derrière eux.

"dégages tes pattes de ma copine!"

Vincent lança un regard noir à la fille.
"Tu ne m'avais pas dit que t'avais un mec."

"Ben, tu me l'avais pas demandé" rétorqua la Brune, regardant avec anxiété son petit ami, pas vraiment ravi de la voir avec un autre.

Vincent se retourna vers le gars en question qui -Merde!!!!- était accompagné de deux copains à l'allure louche.
"Ecoute, je croyais qu'elle était libre, ok?" lui dit il, essayant de calmer le jeu.

" Rien à battre."

Quelques secondes plus tard, Vincent était aux prises avec les trois types. Il était plutôt costaud mais contre trois, la lutte était inégale. Il en envoya un au tapis et roula avec le deuxième a sol. Un coup de poing das le menton le sonna un peu puis il riposta d'un crochet du droit qui fit mouche.
A présent, l'un de ses assaillants était KO mais une lame brillante étincela.

Le bras entaillé, Vincent recula. La douleur sembla décupler ses forces. Il se jeta sur son adversaire et, le renversant au sol, lui fit heurter sa tête sur le pavé.

Il ne restait plus qu'un homme qui préféra laisser tomber et s'enfuit dans la ruelle. LA fille avait elle aussi disparu.

Essoufflé, Vincent s'appuya contre le mur, soufflant doucement pour tenter de reprendre sa respiration. Il jeta un œil à sa blessure. C'était profond, il allait avoir besoin de points.

[Morgan d'Albertas]

Le hasard avait mené Morgan dans une de ces ruelles autrefois très animées mais qui maintenant l'était beaucoup moins. Quelques bars résistaient encore mais les clients se faisaient plutôt rares. Un coupe passa près de lui, pressant le pas quand ils le reconnurent. Morgan les regarda tourner à l'angle de la rue. La femme avait de beaux cheveux blonds...comme Orden.
Le vampire grimaça. Il venait une fois de plus de penser à Orden. Comme à chaque fois, une drôle de sensation lui comprimait l'estomac, mélange de rancœur, de colère et d'amour blessé. Sa promenade était gâchée...

...mais le bruit caractéristique d'une bagarre attira son attention. Il laissa sa moto et se dirigea vers l'origine des cris sans trop savoir pourquoi. La curiosité sans doute...

...puis un sourire ravi s'étira sur ses lèvres quand ses yeux se posèrent sur l'homme au centre de la scène. Le beau Vincent était aux prises avec trois autres humains qui, visiblement, en voulaient à sa peau.
Morgan s'accouda au mur et décida de jouer les spectateurs. Vincent se débrouillait bien. Il avait déjà mis KO l'un de ses assaillants et il était aux prises avec le deuxième. Devait il aller l'aider? Non, il semblait se débrouiller très bien tout seul.
Les yeux du vampire dérivèrent sur le corps du jeune homme, délicieusement bien bâti. D'habitude, il appréciait les hommes graciles mais la virilité affirmée de Vincent l'attirait étrangement. Il se mordit la lèvre inférieure quand le sang jaillit du bras du jeune homme. Si en plus il se mettait à étaler devant lui son sang, il n'allait pas se retenir d'entrer en scène.

Son agresseur fut rapidement mis KO et le troisième préféra s'éclipser. Morgan applaudit, un sourire satisfait sur les lèvres.

"Bravo. Ils n'ont rien compris, les pauvres." dit il en s'approchant. Il retourna du bout du pieds l'homme au couteau.
" Ne crois pas que je te suis, je passais par hasard et j'ai été intrigué par le bruit de lutte. j'ai été surpris de te voir...et ravi également." lui dit il en se retournant vers lui et en lui lançant un regard provocant.

" Je suis content de voir que tu as oublié l'idée du pont...mais te faire larder de coups de couteau n'est pas aussi une très bonne idée."

Il lança un regard appuyé au bras du jeune homme qui saignait. De petites gouttes carmin tombaient une à une sur le sol. C'était fascinant.

[Vincent Lonenlill]

Vincent, respirant bruyamment, s'appuya d'une main contre le mur de la ruelle pour reprendre son souffle. Il s'en était plutôt bien sorti. Deux gars KO au sol et un troisième en déroute. Pas mal. Il pesta intérieurement contre la fille à cause de qui il s'était battu. Il l'avait dragué au br et elle n'avait jamais parlé d'un quelconque petit ami quand il lui avait proposé de la ramener chez elle. Décidément, les filles étaient toutes des salopes.

Il se redressa vivement au bruit de discrets applaudissements et il tendit un regard surpris vers la personne qui se tenait à quelques mètres de lui. Il ne pensait pas le recroiser. Et surtout si tôt.
Il le regarda s'approcher pour bouger du pieds l'un des agresseurs au sol. Le vampire l'avait il suivi?

Morgan semblait avoir lu dans ses pensées car il lui précisa que leur rencontre n'était du qu'au hasard. Vincent ne croyait pas au hasard. pour lui, si les choses arrivaient, c'était qu'il y avait une raison. Le vampire avait il un rôle à jouer dans son existence?
Morgan lui tendit un regard dont l'intensité lui fit détourner les yeux. Il se sentait mal à l'aise face à ce regard. C'était comme s'il le mettait à nu, qu'il arrivait à lire en lui. Bizarrement, il n'avait pas peur. Il avait la certitude que le vampire ne chercherait pas à le tuer.

Il perçut le regard du vampire sur son bras ensanglanté. Gêné par l'envie qu'il lisait dans les yeux de Morgan, il pressa son bras contre son ventre, épongeant le sang sur son tee shirt.

" Je ne peux même pas en vouloir à ce crétin" dit il en désignant du menton l'un des hommes à terre. " Il croyait que je voulais lui voler sa copine..." dit il sur un ton détaché. "Il faut que je trouve un médecin pour mon bras. J'ai besoin de quelques points de suture alors excusez moi..." dit il au vampire, espérant ne pas avoir l'air trop impoli.

[Morgan d'Albertas]

Morgan vit, à regret, la délicieuse blessure ensanglantée disparaitre contre le haut de Vincent.

A en croire les mots du jeune homme, la bagarre avait éclate parce que l'un des hommes assommés au sol avait cru que Vincent lui avait volé sa copine. Tout ce remue ménage pour une femme? Il avait très envie de dire à Vincent d'essayer les hommes parce qu'avec les femmes il n'avait pas de chance mais il s'abstint, préférant ne pas choquer le bel humain qui se montrait plutôt réticent en ce qui concernait une éventuelle homosexualité.

Puis Vincent voulut prendre congé en prétextant d'aller chez le médecin pour faire examiner son bras. Il n'en était pas question. Maintenant qu'il avait posé de nouveau les yeux sur lui il se refusait à le laisse filer. C'était un bien trop beau morceau pour le laisser s'évanouir dans la nature, à la merci d'un autre prédateur que lui.
Morgan était bien décidé cette fois à arriver à ses fins avec l'humain. Son indocilité lui plaisait et son excitante insolente contrastait avec tous ceux qui lui léchaient les bottes dans son entourage.

Plus rapide que le jeune homme, il l'attrapa par son bras blessé, contempla la blessure d'où s'écoulait un sang d'un merveilleux rouge vermeil, puis il lança un sourire gourmand à Vincent.

"Un médecin? Il va te charcuter et tu garderas une vilaine cicatrice. Avec ma méthode, il ne restera rien."

Approchant le bras blessé de ses lèvres, il parcourut la peau entaillée avec sa langue. C'était divin. Vincent avait le goût du fruit défendu et Morgan eut du mal, pendant quelques secondes, à ne pas céder à ses pulsions.
En quelques secondes, la blessure avait disparu. Morgan parcourut l'avant bras une dernière fois de ses lèvres, finissant par un doigt maculé de sang qu'il suçota avec sensualité.

Il relâcha le jeune homme, se passant la langue sur la lèvre supérieure.

" Tu vois? C'était indolore et nous avons tous les deux trouvé notre compte."

Il reporta son attention sur l'un des hommes à terre qui commençait à se réveiller.

" Allons nous en. Ma moto est garée juste derrière. Viens faire tour avec moi."

Il lui lança un sourire lumineux, avide de faire un peu plus connaissance avec le jeune homme. Il l'intriguait, il le fascinait. Pourquoi lu faisait il cet effet là? Certes il était magnifiquement beau mais il y avait autre chose. Il n'avait pas peur de lui et dans sa vie ratée, il lui ressemblait un peu. Et puis, en sa compagnie, il oubliait Orden et sa traitrise. Rien que pour ça, il devenait précieux à ses yeux.

[Vincent Lonenlill]

Vincent se préparait à contourner le vampire quand celui ci lui attrapa le bras pour le retenir. Le souffle arrêté, Vincent lui tendit un regard plein de questions. Que voulait il à présent? Finir ce qu'il avait commencé la dernière fois?

Ce que dit Morgan ne le rassura pas vraiment. Le soigner? Sa méthode? Ça ne lui disait rien qui vaille. Il laissa échapper un petit hoquet de surprise quand la langue du vampire commença à passer sur sa blessure. Hébété, il regarda la plie commencer à cicatriser pour se réduire à néant en moins d'une minute. Quand le vampire le relâcha, il regarda son bras avec un étonnement clairement visible peint sur le visage.

"Comment? Comment avez vous fait ça? Il n'y a plus rien..."

Il rougit violemment en constatant que Morgan le mangeait des yeux. Il avait encore plus l'impression d'être une friandise prêt à être croqué et il ne savait pas s'il ne devait pas partir en courant. Le vampire ne semblait pas avoir oublié l'idée de le séduire.

L'un des hommes au sol commençait à se réveiller et Morgan lui proposa de l'emmener faire un tour. Vincent hésita, plutôt perplexe. Une curiosité dévorante le poussait à dire oui mais sa conscience lui soufflait en même temps qu' à trop jouer avec le feu il risquait de se brûler.

Pourtant, quand le deuxième homme commença à battre des paupières, il prit sa décision.

" Ok" répondit il au vampire, avant de s'éloigner à s suite dans la ruelle.

[Morgan d'Albertas]

Les deux hommes que Vincent avait mis Ko commençaient à se réveiller et Morgan voyait le moment où il allait devoir leur redonner le sommeil...éternel cette fois çi. Il préférait donc s'éloigner et emmener Vincent : le voir saigner ces deux imbéciles ne ferait que l'effaroucher un peu plus et Morgan était bien décidé à user de tous les moyens possibles pour l'attirer dans son lit de manière consentante. Voilà un défi qui était à sa hauteur.

Quand Vincent lui emboita le pas, il ne put retenir un petit sourire de victoire. Vincent qui était dans son dos ne s'aperçut de rien.

Ils marchèrent quelques secondes puis Morgan enfourcha sa moto avant de tapoter du plat de la main l'arrière du siège pour inciter Vincent à s'assoir. Une fois que çe fut fait, l'engin démarra en vrombissant.

Ils roulèrent de longues minutes en silence. Morgan filait à toute vitesse dans les rues, inconscient de toute forme de danger mais terriblement conscient du corps chaud pressé derrière lui. Il ne savait pas pourquoi mais Vincent l'attirait comme un aimant. Jamais depuis Orden il n'avait ressenti cela. Pourtant, ils ne se ressemblaient absolument pas. Orden était fin, ses traits doux et il était plus petit que lui. Vincent était tout le contraire : plus grand, totalement masculin, un corps d'athlète. D'habitude, Morgan ne prenait pas de tels hommes comme amants. Il aimait sentir qu'il dominait dans son rapport avec l'autre mais pourtant Vincent lui plaisait infiniment plus que tous les garçons avec qui il avait couché.

La moto s'arrêta soudain dans un nuage de poussière. Ils se trouvaient aux pieds d'un immense building tellement haut que la cime se perdait dans la brume qui recouvrait la ville.

" J'ai quelque chose à te montrer." dit il à l'humain en descendant de l'engin. Pourquoi avait il envie de lui montrer son endroit préféré? Il se doutait que Vincent ne devait pas être du genre à lui tomber dans les bras au moindre joli panorama mais il avait l'étrange envie de lui faire partager cet endroit.

Ils pénétrèrent dans l'immeuble. Un portier s'empressa de leur ouvrir, baissant la tête pour ne pas croiser le regard gris de Morgan. Celui ci pouvait sentir son cœur tambouriner de peur dans sa poitrine.
Le vampire lui lança un regard un peu méprisant avant de se diriger vers les ascenseurs. Parfois les humains étaient de véritables moutons.

Les portes de l'ascenseur se refermèrent sur eux et se rouvrirent quelques instants plus tard au dernier étage. Morgan traversa le long couloir. Ses pas étaient étouffés par l'épaisse moquette de laine rouge au sol.
Il ouvrit une grande fenêtre et l'enjamba.
Ses pieds atterrirent sur une petite corniche. A droite de la fenêtre, une échelle de fer montait jusque sur le toit.

Morgan se retourna vers Vincent et lui lança un regard de défi.

" Suis moi si tu l'oses"

Et il grimpa à l'échelle.

Il était sûr que Vincent le suivrait. Sa fierté l'empêcherait de rebrousser chemin.

[Vincent Lonenlill]

Vincent hésita quelques secondes avant de monter derrière le vampire mais il s'exécuta quand il vit l'un de ses assaillants commencer à se lever. Il ne put que s'accrocher à la taille de Morgan quand la moto démarra brutalement.
Il roulèrent en silence. Vincent, pas vraiment rassuré, se cramponnait comme il pouvait au chauffeur, ne pouvant s'empêcher de penser que celui ci faisait exprès de rouler comme un taré pour qu'il se cramponne à lui.
Morgan conduisait vraiment de manière inconsciente. Ses virages étaient trop serrés, il doublait les voitures n'importe comment et il ne respectait aucun panneau signalétique...un vrai danger ambulant.

Pourtant ils arrivèrent en un seul morceau sur leur lieu de destination et Vincent posa un pieds un peu tremblant sur le sol, plutôt content de descendre de cet engin du diable.
Il leva les yeux vers le building qui était devant eux, sa cime se perdant dans les nuages. Morgan s'engouffra à l'intérieur et il lui emboita le pas, saluant le portier qui le regarda de manière étrange, comme si le voir vivant aux côtés de Morgan suffisait à faire de lui un survivant.

Morgan avait quelque chose à lui montrer...Vincent n'était pas rassuré mais il n'en laissa rien paraitre et suivit le vampire dans l'ascenseur.
Le regard gourmand que posait constamment Morgan sur lui le mettait d'autant plus mal à l'aise qu'ils étaient dans une minuscule cabine, très proches l'un de l'autre.
Il ressentit un infini soulagement quand les portes s'ouvrirent et que Morgan, l'air un peu déçu, sortit.

Il le suivit jusqu'à la fenêtre et le vit disparaitre par l'échelle après l'avoir défié de le suivre.

Vincent passa la tête par la fenêtre et aussitôt le vide vertigineux sous lui le figea sur place. Tétanisé, il ne bougea pas d'un centimètre pendant plusieurs secondes puis se ressaisit et enjamba la barrière. Si un vampire pouvait le faire, lui aussi.

Il s'agrippa à l'échelle avec désespoir et commença à monter. L'air froid le cinglait et sa poitrine était opprimée dans sa cage thoracique sous l'effet de la peur.
Au bout de quelques instants, le froid et le vertige l'immobilisèrent. Paniqué, il se cramponna à l'échelle, incapable de monter comme de descendre.

"Maudit vampire!" Jura t'il d'une voix forte. "C'est facile pour vous mais je n'ai pas les mêmes capacités. Vous avez toujours des idées aussi lumineuses? dit il avec humeur. La peur le rendait virulent.

[Morgan d'Albertas]

Morgan venait d'arriver sur le toit et il embrassa du regard le panorama qui s'offrait à sa vue. Sous lui, la ville s'étendait à perte de vue, comme une pieuvre déroulant ses tentacules. Seules des millions de petites lumières scintillantes émanant des immeubles et des rues empêchaient la ville de sombrer dans l'obscurité la plus totale. Au dessus de lui, le ciel était d'un noir profond comme le néant.

Le vampire, les yeux levés au ciel, laissa le vent froid heurter son corps, fouettant son visage avec délice. Il esquissa un sourire en entendant Vincent qui avait peine à arriver jusque là. Il avait presque oublié qu'il n'était qu'un humain et que souvent les humains souffraient de vertige.

Il s'approcha du bord et regarda vers l'échelle. Il aperçut Vincent, pâle comme la mort, cramponné à un barreau et le vampire émit un petit rire clair en se penchant.

Il se saisit du bras de l'humain et comme s'il n'avait pesé que quelques grammes, il le hissa jusqu'à lui. Un instant leurs corps furent si près qu'il n'aurait fallu que d'un mouvement vers l'avant pour qu'il puisse poser ses lèvres sur celles, tentatrices, de Vincent.
Une seconde, Morgan le dévora des yeux avec désir puis lui relâcha brusquement le bras comme s'il s'était brûlé. Vincent lui faisait bien trop d'effet pour son bien et s'il gardait un contact physique plus longtemps avec lui il ne répondait plus de rien.
Il se demanda une nouvelle fois pourquoi il ne prenait pas maintenant ce dont il avait envie et une fois de plus il ne parvint pas à trouver de réponse cohérente. Vincent lui plaisait atrocement. Il le voulait consentant et redemandant, pas contraint. Il voulait savourer ce corps si différent de ceux qu'il aimait étreindre d'habitude.

Il détourna les yeux, conscient du désir qui devait se lire dans ses prunelles et vint s'assoir en tailleur près du vide.

" Je viens souvent ici. Entre la terre et le ciel. J'ai l'impression qu'ils se fondent l'un dans l'autre et que l'univers prend tout son sens. Il ne manque que la lune..."

En effet, comme le soleil, l'astre nocturne était à présent invisible, caché sous l'épais nuage de cendre que les hommes avaient fait jaillir il y a un siècle.

" Tu dois te demander pourquoi je t'ai emmené ici...je ne le sais pas vraiment non plus. Je n'ai pas réfléchi. Tu aimes?"

Il avait dit ces derniers mots tel un enfant offrant un cadeau à ses parents.[b]

[Vincent Lonenlill]

Vincent ne pouvait plus faire un geste. Cramponné à l'échelle, il était bêtement tétanisé par le vide. Pourquoi avait il suivi Morgan? Il fallait franchement être stupide pour suivre sur le toit d'un building immense un vampire qui vous regardait comme on regarde un gâteau au chocolat. Oui, il était d'une stupidité étonnante!

Tout occupé à s'insulter, il ne vit pas Morgan se pencher vers lui et quand il le saisit brusquement par le bras, il poussa un petit cri étonné.
Le vampire le hissa sur le toit avec une facilité déconcertante. Durant une seconde, leurs visages furent si proches l'un de l'autre que Vincent crut que le vampire allait l'embrasser. Mais Morgan se recula, ses prunelles brillant de désir contenu.
Vincent ne put s'empêcher de rougir et de détourner la tête, trop gêné pour soutenir le regard du vampire. Il n'aurait pas du venir. Morgan avait clairement envie de faire plus avec lui qu'une simple promenade. Il en était parfaitement conscient et pourtant il était venu. C'était absolument illogique.

Morgan s'assit au bord du vie et fit un signe de la main vers Vincent pour qu'il le rejoigne.

Un peu hésitant, le jeune homme vint s'assoir à ses côtés, essayant de ne pas regarder le vide. Il jeta un regard à la dérobée au vampire. Il semblait tellement à l'aise... rien ne lui faisait donc peur? Vincent ne pouvait s'empêcher d'être fasciné par cette créature aux aptitudes exceptionnelles. Face à des êtres tels que Morgan, que pouvait donc les humains?

Il se tourna vers l'horizon, suivant le regard du vampire. C'était vrai. D'ici, le ciel semblait devenir terre et la terre se perdait dans le ciel d'un même noir profond. C'était assez perturbant mais hypnotisant.

La question du vampire le fit sourire. Il ressemblait à un petit garçon à cet instant, ses grands yeux clairs perdus dans l'obscurité infinie. Vincent le trouva beau.

" L'idée de monter en haut d'un building pour admirer le paysage ne m'est jamais venu à l'esprit. D'ailleurs, j'ai le vertige. Vous avez du vous en rendre compte" lui répondit il dans un demi sourire.

Vincent regardait à présent le vampire avec curiosité.

" C'est étrange. Vous avez conquis cette ville par la force, le sang a coulé et vous avez la réputation de quelqu'un de cruel et..." il s'interrompit, conscient que ses paroles pouvaient irriter le vampire. Et le sol était loin. S'y écraser ne devait pas être très plaisant.

"Enfin, ce que je veux dire, c'est que je ne vous imaginez pas ainsi. Moins jeune peut être..."

Non, c'était plus compliqué que ça. C'était ce regard qu'avait le vampire. Ce n'était pas celui d'un monstre. Il y avait cette sorte de lassitude ou de tristesse, il ne savait pas trop comment la décrire. Morgan ne lui faisait pas peur. Il l'intriguait, il voulait en savoir en plus sur lui, sur son passé, sur ce qu'il ressentait face à son existence immortelle... Etre si près d'une de ces créatures était incroyable.
Vincent savait qu'à trop s'impliquer dans cette relation risquait de prendre une tournure qu'il ne désirait pas mais sa curiosité et sa fascination primaient sur le reste.

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